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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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François, fort dépité, il essaya de trouver un dérivatif du côté de Jeanne Le Coq. Hélas ! quand il se présenta chez elle, il la trouva couchée avec Suffolk…
     
    Les dernières semaines de décembre 1514 furent épouvantables. À longueur de journée et de nuit, l’Île-de-France tout entière était balayée par des tornades de neige qui déracinaient les arbres, arrachaient les toits et abattaient les clochers, tandis que les loups, poussés par la faim, se risquaient jusqu’aux portes de Paris.
    Aux Tournelles, où des forêts entières brûlaient dans les cheminées sans parvenir à réchauffer les immenses salles, des ombres frileuses se tenaient à genoux devant un crucifix. Quand la bise voulait se taire une minute, on entendait des bribes de prières murmurées sur un ton lugubre :
    — Mon Dieu, ayez pitié de moi… Daignez sauver la vie du roi… Gardez-nous notre gentil sire…
    Car, dans une chambre où les tentures se soulevaient, poussées par le vent qui se glissait en sifflant sous les portes, Louis le Douzième se mourait…
    Pour la Noël, il fit venir à son chevet François d’Angoulême, héritier de la couronne. Le jeune homme, qui était impatient de monter sur le trône, ne put réprimer un sourire de satisfaction à la vue du roi moribond.
    Louis XII l’observait, les yeux mi-clos. En voyant ce sourire, il se posa une question qui troubla ses derniers jours.
    Était-ce pour le trône que François souriait ou pour Mary ? Car Louis savait que le jeune comte d’Angoulême était amoureux de la reine, et il se demandait, avec des remords qui grandissaient à mesure que s’approchait la fin, si son lamentable exemple ne serait pas suivi par son successeur.
    — Claude, ma petite Claude ! murmurait-il parfois.
    Le destin de sa fille l’inquiétait. Un jour, il avait dit, en parlant de François : « Ce gros garçon va tout gâcher. » Maintenant il pensait : « Pourvu qu’il ne lui gâche pas la vie. Pourvu qu’il ne la répudie point pour épouser la reine Mary… » Et il songeait à la pauvre Jeanne de France qu’il avait autrefois rejetée, lui, pour épouser la pétulante et savoureuse Anne de Bretagne…
     
    Tandis que le roi déclinait, les Parisiens, calfeutrés dans leurs maisons, commentaient l’événement.
    — Notre gentil sire meurt d’avoir trop embrassé la reine, disaient certains.
    — Il s’abusait… Il a voulu faire le gentil compagnon, avec sa femme. Ce n’était point homme pour ce faire.
    — Songez, ma commère, qu’à son âge il menait la folle vie d’un jeune homme. Cette reine trop exubérante le faisait dîner à midi au lieu de neuf heures, souper à onze heures et coucher à plus de minuit alors qu’il était habituellement au lit à six… Elle l’aura mené au tombeau [61] .
    C’était vrai. Louis XII mourait d’épuisement après avoir passé trois mois avec sa trop jeune et trop ardente épouse.
    Alors ceux qui l’aimaient vinrent s’installer à son chevet ; c’est ainsi que, le 31 décembre, il y avait aux Tournelles non seulement la reine, mais Longueville, La Trémoille, Guillaume Parvy, son confesseur, et la duchesse de Bourbon qui rêvait peut-être du temps où ce squelettique vieillard était le beau Louis d’Orléans dont elle avait été amoureuse…
    Louis XII, grelottant dans son grand lit, délirait. Aux remords que lui inspirait sa « mauvaiseté » à l’égard de Jeanne, s’ajoutaient d’autres tourments, presque superstitieux.
    — Je dois bientôt mourir, disait-il. Il le faut. Devant le tombeau de ma chère Anne, j’ai promis qu’avant la fin de l’année je serais avec elle et lui tiendrais compagnie.
    Enfin, le soir du 1 er  janvier, à dix heures exactement, alors que les rafales de vent et de neige faisaient claquer les volets, le roi expira.
    Aussitôt, malgré la tempête, deux cavaliers quittèrent les Tournelles. L’un s’enfonça dans la nuit en direction de Romorantin pour apprendre à Louise de Savoie que son fils était roi, et l’autre se dirigea vers l’hôtel de Valois où François était en train de festoyer avec des amis.
    À peine entré, le messager s’inclina :
    — Le roi est mort ! Vive le roi !
    Alors tous les jeunes gens présents poussèrent des cris de joie :
    — Vive le roi ! Vive le roi François I er  !
    Le nouveau roi sauta sur son cheval et se précipita aux Tournelles. Il était pâle. Bien qu’il touchât enfin au but tant

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