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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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l’observaient toutes sortes de pensées dont les plus avouables eussent fait rougir un lansquenet.
    De telles qualités ne pouvaient pas demeurer indéfiniment cachées en Bretagne. Un jour, quelqu’un parla de M me  de Châteaubriant à François I er , qui dressa l’oreille et demanda à voir incontinent cette merveille.
    À ce moment, le roi-chevalier, qui venait de remporter la victoire de Marignan [62] , ne songeait qu’au plaisir.
    — Une Cour sans femmes, disait-il, est une année sans printemps, un printemps sans rose.
    Phrase poétique qui justifiait la présence au palais d’une espèce de harem composé de très jolies filles que François I er appelait « sa petite bande » [63] .
    Ces gracieuses personnes eurent d’ailleurs, sur le comportement des hommes politiques de leur temps, une influence extrêmement regrettable. Jouant de la prunelle, de la croupe et du « tétinet », comme dit Guillaume de Melun, elles se frayèrent un chemin vers le lit des plus austères conseillers du roi et, la tête sur l’oreiller, leur dictèrent des actes parfois extravagants. « Au commencement, dit Mézeray, cela eut de fort bons effets, cet aimable sexe ayant amené à la Cour la politesse et la courtoisie, et donnant de vives pointes de générosité aux âmes bien faites. Mais les mœurs se corrompirent bientôt ; les charges, les bienfaits se distribuèrent à la fantaisie des femmes, et elles furent cause qu’il s’introduisit de très méchantes maximes dans le gouvernement… »
    Naturellement, la plupart des demoiselles, qui composaient la « petite bande » se faisaient « bricoler » par le roi, selon le joli mot d’un chroniqueur. Deux ou trois, parfois davantage, étaient appelées chaque soir dans la chambre royale, où un page les déshabillait [64] . Elles devaient s’attendre à passer une rude nuit blanche, car François I er n’aimait pas rester inactif. Et il n’était pas rare que chacune des jouvencelles eût droit à plusieurs hommages, tant le roi était vif à renaître de ses cendres. « Ce pourquoi, nous dit un historien du temps, ce n’est pas la salamandre qu’il eût dû choisir comme emblème, mais le phénix. » Il est vrai que, semblable à l’animal qu’il portait sur ses armes, le roi de France paraissait tout à fait à son aise dans le feu que ces dames avaient – comme on dit communément – quelque part…
    Si à son aise que le grand écuyer disait de lui : « Le maître, plus il va avant, plus se prend aux femmes, et aura perdu toute honte. » Aucune dame ne lui résistait. Il n’avait qu’à paraître, l’œil brillant, la narine écarquillée et le torse avantageux, pour que les plus pudiques se pâmassent.
    Il aurait essuyé pourtant un échec dans sa vie, à en croire certains chroniqueurs. Mais l’histoire qu’on nous raconte paraît tellement invraisemblable que bien des historiens refusent d’y ajouter foi. La voici : en 1516, lorsque François I er entra dans Manosque, il fut accueilli par la fille du consul, une jolie brunette qui, toute rougissante, vint lui présenter les clés de la ville sur un coussin brodé d’or.
    Le souverain la déshabilla d’un coup d’œil et brusquement ses prunelles se mirent à lancer de tels éclairs que la pudeur de la jeune fille se trouva alarmée.
    Après le repas, François I er déclara au consul qu’il aimerait bien deviser quelques instants avec sa fille. La petite était derrière la porte. Prise de panique, car toutes les femmes d’Europe connaissaient le tempérament ardent du roi de France, elle courut dans sa chambre, résolue, nous assure-t-on, à s’enlaidir pour « rebuter un tel galant »…
    Elle aurait alors exposé son joli visage à des vapeurs de soufre et se serait défigurée à jamais…
    On a peine à croire à une histoire pareille. Existe-t-il une jolie fille au monde capable d’un tel acte ?
    Non. Et je préfère penser que cette histoire a été inventée pour l’édification des jeunes Manosquaises…
    Mais, si le roi de France ne connaissait pas de défaite en amour, il lui arrivait de rencontrer, à la Cour même, des maris jaloux. Il savait alors justifier ce surnom de roi chevalier que l’Histoire lui a conservé. Voici ce que nous conte, en effet, Brantôme : « J’ai ouy parler que le roy François, une fois, voulut aller coucher avec une dame de sa Cour qu’il aimoit. Il trouva son mary l’espée au poing pour l’aller tuer [65]

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