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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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désiré, sa joie n’était pas complète, car, malgré les cris de ses amis, il n’était encore qu’héritier présomptif. Roi, il ne le serait que six semaines plus tard – si toutefois, pendant cette période, la reine Mary n’annonçait pas qu’elle était enceinte…
    Et François connaissait suffisamment la jeune reine pour savoir qu’elle était fort capable, pendant qu’on pleurait son époux, de se faire faire un dauphin dans une chambre voisine par quelque garde obligeant.
     
    Le lendemain matin, à l’aube, Mary fut conduite à l’hôtel de Cluny, enfermée et surveillée. C’était là, selon la coutume, qu’elle devait passer ses quarante premiers jours de deuil ; car il était admis que toute grossesse déclarée pendant les six premières semaines qui suivaient la mort du roi pouvait être attribuée au défunt.
    Louise de Savoie et François, méfiants, firent garder la reine Mary jour et nuit par M me  d’Aumont et M me  de Nevers. Fenêtres et volets de l’hôtel de Cluny furent fermés, et la malheureuse prisonnière, dont on craignait le tempérament chaleureux, vécut retranchée du monde dans une chambre éclairée de chandelles.
    Elle crut devenir folle.
    Pendant ce temps, François, qui ne pouvait se faire sacrer avant qu’on ne fût sûr de l’absence d’espérance de la reine, attendait – et, avec lui, toute la France et toutes les Cours d’Europe… La naissance d’un dauphin pouvait tant de choses, bouleverser tant de plans qu’à cette idée Ludovic Sforza, Henry VIII d’Angleterre, Maximilien d’Autriche ne tenaient plus en place et faisaient dire des messes, tandis que Louise de Savoie, enfermée vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans sa chapelle, bourdonnait d’oraisons. Bref, de tous côtés des prières montaient vers le ciel, qui ne devait pas savoir où donner de la grâce.
    Et voilà qu’un matin la pauvre duchesse d’Angoulême crut bien, une fois de plus, défaillir : on annonça que la reine Mary était enceinte.
    Qui donc avait bien pu la mettre dans cet état ? Suffolk ? François ? Un des nombreux jeunes gens qui l’entouraient ? Un valet ?
    En réalité, personne.
    On allait apprendre, en effet, assez rapidement que la jeune veuve, désespérée à l’idée de n’être plus reine de France, avait imaginé toute une mise en scène avec l’espoir de devenir régente. Écoutons Brantôme nous conter cette extravagante histoire : « La reine, écrit-il, faisoit courir le bruit, après la mort du roi, tous les jours, qu’elle étoit grosse ; si bien que, ne l’étant point dans le corps, on dit qu’elle s’enfloit par le dehors avec des linges peu à peu , et que, venant le terme, elle avoit un enfant supposé que devoit avoir une autre femme grosse et le produire dans le temps de l’accouchement. Mais M me  de Savoie, qui étoit une fine Savoisienne qui savoit que c’est de faire des enfants et qui voyoit qu’il y alloit trop de bon pour elle et pour son fils, la fit si bien éclairer et visiter par médecins et sages-femmes et par la vue et découverte de ses linges et drapeaux, qu’elle fut découverte et faillie dans son dessein, et point reine-mère. »
    Alors François, malgré le règlement, se présenta à l’hôtel de Cluny et demanda à Mary s’il pouvait se faire sacrer roi.
    La partie était cette fois bien perdue pour la jeune femme : elle baissa la tête.
    — Sire, je ne connais point d’autre roi que vous !
    Quelques jours plus tard, le 25 janvier, François était à Reims…
    Lorsque, au mois de février, il fit son entrée solennelle dans Paris, la quarantaine de Mary était terminée. Après les cérémonies habituelles, il se rendit auprès de la jeune veuve, qu’il continuait à désirer, et lui fit une offre extraordinaire :
    — Cette couronne, madame, que vous venez de perdre, je vous propose de la ceindre de nouveau.
    Ainsi, ce que Louis XII redoutait tant, la veille de sa mort, s’accomplissait. François était prêt à répudier Claude (qui était pourtant enceinte) pour épouser celle que l’Histoire devait étiqueter sous le nom de Reine Galante.
    Mais Mary aimait Suffolk. Quand elle s’entourait la taille de linges, c’était avec l’espoir d’être régente, certes, mais en compagnie de son amant. Et, quand elle essayait d’attirer François dans son lit, c’était uniquement pour lui demander de calmer momentanément des ardeurs auxquelles le valétudinaire

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