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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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 ; mais le roy luy porta la sienne à la gorge et luy commanda sur sa vie de ne luy faire nul mal, et que s’il luy faisoit la moindre chose du monde, qu’il le tueroit ou qu’il luy feroit trancher la teste ; et pour cette nuict, l’envoya dehors et prit sa place.
    « Cette dame estoit bien heureuse d’avoir trouvé un si bon champion et protecteur de son c…, car oncques depuis le mary ne luy osa sonner mot, mais lui laissa tout faire à sa guise ! »
    Et Brantôme ajoute, avec sa verdeur habituelle : « J’ai ouy dire que non seulement cette dame, mais plusieurs autres, obtinrent pareille sauvegarde du roy. Comme plusieurs font en guerre pour sauver leurs terres et mettent les armoiries du roy sur leurs portes, ainsi font ces femmes, de celles de ces grands roys, au bord et au-dedans de leur c… si bien que leurs marys ne leur osoyent dire mot qui, sans cela, les eussent passées au fil de l’espée… »
     
    Jean de Laval fut sans doute un peu étonné lorsqu’il reçut du roi une lettre l’invitant à venir à la Cour avec sa femme. Méfiant et jaloux, il se demanda ce que pouvait bien cacher cette invitation inopinée et, pour gagner du temps, il répondit que Françoise était si farouche qu’il ne pouvait la décider à se rendre à la Cour.
    Une seconde lettre arriva, plus pressante, qui jeta le trouble dans l’esprit du pauvre mari, lequel, connaissant la réputation du souverain, eut probablement le pressentiment de ce qui devait lui arriver.
    Voulant lutter jusqu’au bout et retarder le plus possible la rencontre de Françoise et de François, il décida de partir seul pour Blois.
    Son arrivée fut fêtée noblement ; mais le roi, que toute cette attente avait mis en appétit, se déclara fort déçu de ne point voir M me  de Châteaubriant ; Jean lui répondit alors que Françoise n’aimait que la solitude et qu’elle fuyait le monde.
    — Il y a dix ans, sire, qu’elle vit avec moi dans notre vieux château et elle a perdu l’habitude de la Cour.
    — C’est votre faute, répondit le roi en riant, on ne doit pas enfermer son épouse, surtout quand elle est ravissante. Pour vous racheter, il faut la décider à venir ici, où elle s’amusera et où sa beauté vous fera honneur.
    Alors Jean de Laval fit semblant d’accepter.
    — Je vais lui écrire.
    Or, nous dit Antoine Varillas, Jean avait inventé « un expédient capable d’éviter les importunités du roi sans s’oster la liberté de mander sa femme quand il lui plairoit [66] . Voici en quoi consistait cet « expédient » : avant de quitter Châteaubriant, Jean avait fait faire deux bagues exactement semblables et en avait remis une à Françoise en lui disant :
    — Si je vous demande de venir à Blois sans mettre dans ma lettre la bague que j’emporte, répondez poliment que vous êtes souffrante, même si mes paroles sont pressantes…
    La belle avait promis.
    Jean écrivit donc une longue lettre qu’il fit lire au roi et l’envoya sans mettre la bague – bien entendu. Déjà, François I er se frottait les mains.
    Mais, quelques jours plus tard, Françoise, docile, répondit qu’elle ne pouvait quitter son domaine.
    Trois fois, le manège se renouvela pour la plus grande irritation du roi qui trouvait cette jolie femme un peu trop timide… Jean de Laval, au contraire, commençait à respirer et pensait qu’il pourrait retourner bientôt vers sa chère épouse avec son honneur sauf. Mais sa joie l’aveugla et il commit une étonnante imprudence. Voulant sans doute faire apprécier son habile machination, il confia son secret à un valet de chambre. Cet orgueil le perdit. Le valet, qui connaissait – comme toute la Cour – les intentions du roi, alla, en effet, proposer à François I er le moyen de faire venir sûrement M me  de Châteaubriant à Blois.
    — Si tu me donnes ce moyen, dit le roi, cette bourse est à toi.
    Le valet lui révéla le stratagème inventé par Jean de Laval.
    — Voilà la bourse, dit François I er . Tu auras la même si tu m’apportes la bague que M. de Châteaubriant cache dans son coffre personnel.
    Le lendemain, le valet apportait la bague au roi, qui la fit copier rapidement par son orfèvre, le soir même, cette copie était dans le coffre de Jean de Laval.
    Au dîner, François fut plus gai que de coutume, il plaisanta, chanta une chanson de sa composition et organisa un concours d’histoires galantes. À minuit passé, toute la Cour riait

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