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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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sans être certain qu’Anne Boleyn avait bien toutes les qualités qu’il aimait trouver chez une femme. Et, renouvelant son attaque, il avait essayé de la séduire par des moyens éprouvés :
    — Vous êtes unique au monde ! lui avait-il assuré sur le ton hypocrite qui lui permettait de réussir habituellement.
    Anne, en souriant, s’était récriée :
    — Oh ! non, sire ! J’ai une sœur qui a, paraît-il, toutes mes qualités et tous mes défauts.
    Alors, Henry VIII ayant fait venir la sœur, Marie Boleyn, qui était une jeune personne à la cuisse légère, s’était livré sur elle à un petit essai qui lui avait paru fort satisfaisant. Et, aussitôt, il s’était adressé au pape pour lui présenter deux singulières pétitions : il demandait, d’une part, la permission d’avoir plusieurs femmes en même temps, en considération de ses mérites exceptionnels dans la lutte contre le protestantisme, et, d’autre part, une dispense de « l’empêchement d’affinité au premier degré » qu’il avait contracté à l’égard d’Anne Boleyn par suite de ses relations avec sa sœur.
    Naturellement, Clément VII adressa une fin de non-recevoir au roi d’Angleterre.
    Alors Wolsey, ministre de Henry VIII, qui connaissait la passion de son souverain pour Anne Boleyn, comprit que tout cela allait très mal tourner et dit au légat du pape :
    — Attention, si le divorce n’est pas concédé, c’en est fait de l’autorité du siège apostolique dans ce royaume.
    Affolé, le légat alla trouver la reine Catherine et tenta de la persuader d’entrer dans un couvent, lui montrant le mérite qu’elle aurait devant Dieu et les maux qu’elle épargnerait à tous. Mais la reine ne voulut rien entendre, protestant qu’elle « voulait vivre dans la vocation du mariage, dût-on la couper en morceaux ».
    Tout le monde resta ainsi sur ses positions, pendant des mois. Puis la situation empira brusquement. Henry VIII et Clément VII, qui se chicanaient par l’intermédiaire d’ecclésiastiques roublards et ambitieux dont le but était de brouiller saintement les cartes, se considérèrent bientôt comme des ennemis. Il y eut même un échange de propos entre le pape et le roi qui eût gagné à être fait en latin…
    C’est alors que François I er , qui était toujours indulgent lorsqu’il s’agissait d’une affaire galante, et qui voyait avec joie le roi d’Angleterre se séparer de Catherine (laquelle était la propre sœur de Charles Quint), prit ouvertement le parti de Henry VIII.
    Il envoya au Souverain Pontife la lettre suivante : Votre Sainteté fera à mon frère Henry et à moi très singulière grâce et plaisir, remontrant bien à icelle que l’amitié entre nous est telle que j’estime les affaires de mon dit frère avec les miennes n’être qu’une même chose et que le tort et injure que l’on voudroit faire en cet endroit, je l’estimerai être fait à moi-même.
    Finalement, Henry VIII, poussé par l’évêque anglais Cranmer, excité par son ministre Thomas Cromwell, et encouragé par le roi de France, épousa secrètement Anne Boleyn (qui était enceinte) et se sépara du Vatican.
    Un schisme naissait à cause d’une femme [98] …
     
    Le roi d’Angleterre, sachant qu’il pouvait avoir besoin de l’appui de son « bon frère » François, ne protesta donc point, finalement, contre le mariage que celui-ci projetait avec Éléonore.
    Il n’y avait plus qu’à préparer l’église, le festin et un bon lit.
    À la fin de juin 1530, la sœur de Charles Quint quitta Madrid avec les petits princes français et se dirigea vers la France.
    En apprenant que sa fiancée était en route, François I er lui envoya un mot fort galant qui la fit se pâmer de bonheur : À cette heure que nous partons pour sûrement nous approcher, me semble ne vous devoir céler ne m’être moins d’aise l’espérance de tôt vous voir, que la liberté de mes enfants.
    Le 1 er  juillet, deux barques se détachaient de la rive espagnole de la Bidassoa. Dans l’une se trouvait Éléonore, et dans l’autre « Messieurs les enfants de France ». Au même instant, de la rive française, un bateau contenant la rançon et les pièces du traité qui donnait à Charles Quint la Flandre, l’Artois et les possessions italiennes (il avait dû finalement renoncer à la Bourgogne) partait en direction de l’Espagne.
    Au milieu du fleuve, un ponton avait été construit pour

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