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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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perles et d’un surcot fourré d’hermine et enrichi de pierreries. Sur sa tête était une couronne garnie de rubis et de diamant. »
    À ses côtés se tenaient, à cheval, le dauphin et le duc d’Orléans. Ensuite venait, dans une litière, Louise de Savoie, mère du roi, suivie par des princes et des princesses, des seigneurs et des pages, les hommes à cheval et les dames sur des haquenées richement harnachées.
    Toutes les rues parcourues par le cortège étaient tendues de tapisseries et de draps piqués de fleurs. À tous les carrefours, des jeunes filles chantaient des hymnes composés pour la circonstance, en essayant – avec plus ou moins de bonheur – d’imiter les chœurs célestes.
    L’extraordinaire défilé, parti de Saint-Lazare, parvint quatre heures plus tard à Notre-Dame, où la reine fut reçue par le doyen et les chanoines, avec toutes sortes de démonstrations de joie et de respect.
    Le spectacle était magnifique. Pourtant, ce n’est point cette cavalcade fastueuse qui frappa le plus l’imagination des Parisiens. Devant Notre-Dame, au premier étage d’une maison, on pouvait voir, en effet, dans l’embrasure d’une fenêtre, le roi et Anne de Pisseleu serrés l’un contre l’autre amoureusement et sans pudeur. La favorite avait obtenu que François I er montrât ainsi publiquement l’attachement qu’il avait pour elle.
    Il y avait longtemps qu’un roi de France ne s’était pas tenu aussi mal au couronnement de son épouse, et le peuple restait bouche bée de stupéfaction sous la fenêtre où les amants se faisaient des agaceries…
    Il en oubliait de regarder les bateleurs et les montreurs de bêtes savantes qui donnaient un spectacle sur le côté de la cathédrale.
    Quant à l’ambassadeur d’Angleterre, pourtant habitué aux mœurs scandaleuses de la Cour de Henry VIII, il se déclara vivement choqué par cette attitude qui révélait, nous dit un historien, « une assez grande intimité entre les deux personnes ».
    Le soir, la reine pleura ; sa lune de miel était terminée.
    S’il faut en croire certains auteurs du temps, sa vie conjugale l’était aussi…
    Anne de Pisseleu triomphait. Elle n’avait pas complètement évincé M me  de Châteaubriant, puisque le roi écrivait à celle-ci régulièrement ; mais elle était devenue favorite officielle, fonction qu’elle allait conserver pendant seize ans, pour le plus grand malheur de la France.
     
    Les fêtes de l’Entrée se terminèrent, selon l’usage, par un tournoi donné non loin de l’hôtel Saint-Pol, dans la rue Saint-Antoine. Le roi, le dauphin et le petit Henri y prirent part, devant une assemblée brillante où l’on remarquait, outre la reine et Anne de Pisseleu en bonnes places, Louise de Savoie et la grande sénéchale, Diane de Poitiers.
    Les jeunes princes, qui faisaient, ce jour-là, leurs premières armes, avaient revêtu des cuirasses qui étincelaient sous le soleil de printemps. Empanachés, précédés de pages qui portaient leurs bannières, ils allèrent s’incliner, avant le combat, devant les dames pour l’amour desquelles ils s’apprêtaient à entrer en lice.
    Henri, à l’étonnement général, abaissa son étendard devant Diane de Poitiers. La grande sénéchale ignorait, bien entendu, la passion qu’elle avait suscitée chez l’adolescent ; elle sourit, stupéfaite et flattée.
    Elle allait avoir une autre raison d’être satisfaite…
    À l’issue du tournoi, un concours fut organisé dans le but de désigner la plus jolie femme de l’assemblée et, par conséquent, de la Cour. Après que les seigneurs eurent voté secrètement, on annonça que les résultats allaient être proclamés. Un silence religieux se fit dans les tribunes, et tous les regards se tournèrent vers Anne de Pisseleu, que l’on tenait pour seule gagnante possible de ce concours.
    Mais, tandis que le héraut parlait, on vit une lueur de malice s’allumer dans bien des yeux. Car, si la moitié des seigneurs avait désigné la favorite, l’autre moitié s’était déclarée en faveur de Diane de Poitiers.
    Bouche pincée, Anne de Pisseleu se leva et quitta sa tribune. Qu’on ait osé lui opposer une femme de onze ans son aînée la mortifiait cruellement, et l’étonnait bien davantage.
    — Ces gens sont fols, dit-elle en riant nerveusement. Peut-on me comparer à cette vieille femme de trente-deux ans ?
    Et, sur cette perfidie, elle regagna, furieuse, l’hôtel que lui avait

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