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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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offert le roi.
    La favorite venait de concevoir à l’égard de la grande sénéchale une haine farouche dont la France devait, un jour, supporter les funestes conséquences…

17
    Un mari berné aide François I er à réunir la Bretagne et la France
    … Enfin, il y a le cocu toujours prêt à rendre service.
     
    Charles Fourier (Hiérarchie du cocuage)
     
    Dans la nuit du 6 au 7 juin 1531, les Parisiens furent réveillés par une grande lueur qui illuminait le ciel.
    Affolés, ils se précipitèrent vers leurs fenêtres.
    Le spectacle qu’ils virent alors les fit tomber à genoux.
    — Sire Dieu, criaient-ils, c’est la fin du monde !
    « Un dragon, ou serpent, flamboyant en feu qui estoit moult grand et long, ayant grande queue à merveille », nous dit un témoin [101] , semblait flotter au-dessus de la ville.
    À demi vêtus, hommes, femmes, enfants se précipitèrent dehors ; et les rues furent bientôt remplies d’une foule mal réveillée qui considérait le prodige en tremblant de peur.
    — C’est l’ange du ciel ! disait-on en faisant des signes de croix.
    Exaltées, quelques personnes douées pour les choses de l’au-delà prêtaient l’oreille, croyant entendre déjà les trompettes du Jugement Dernier, quand un bruit courut toute la ville.
    — Ce n’est pas un dragon, c’est une comète.
    Loin de rassurer les Parisiens, cette information les accabla. Les comètes, en effet, étaient alors considérées par le peuple comme un signe certain de catastrophe. On racontait qu’elles apparaissaient chaque fois que le royaume était sur le point de perdre son roi, et l’on citait des exemples frappants.
    Or des cas de peste étaient signalés, depuis plusieurs jours, aux environs de Paris. Le signe était donc des plus clairs…
    Et, au petit matin, toute la ville se répétait, en donnant des détails, que la comète était venue annoncer la mort prochaine de messire François, premier du nom…
    Le peuple, dans sa hâte, commettait une erreur sur la personne. Le roi n’était pas en danger. C’était Louise de Savoie, la régente, celle qui avait alors en main les rênes du royaume, et dont l’Europe entière redoutait les décisions, qui se mourait en cette fin d’été 1531.
    Si le peuple se trompait, la comète, elle, ne se trompait pas. En la personne de Louise de Savoie, c’était bien un « roi » qui s’apprêtait à rendre l’âme…
    Terrassée par la maladie, Madame Mère haletait dans son lit, à Fontainebleau. Comme on la savait superstitieuse, on lui avait, bien entendu, caché l’apparition de la comète. Pendant plusieurs nuits, on tint soigneusement clos ses volets, et l’on tira de lourds rideaux devant ses fenêtres pour qu’elle ne s’aperçût de rien [102] . Mais, un soir, la négligence d’une servante, qui avait omis de fermer le contrevent, compromit toutes ces précautions. Écoutons Brantôme nous conter la chose : « Elle vit, la nuit, sa chambre toute en clarté, qui estoit transpercée par la vitre. Elle se courrouça à ses femmes de chambre qui la veilloyent, pourquoy elles faisoyent un feu si ardent et esclairant. Elles luy respondirent qu’il n’y avoit qu’un peu de feu, et que c’estoit la lune qui, ainsi, esclairoit et donnoit telle lueur.
    « – Comment ! dit-elle, nous en sommes au bas ; elle n’a garde d’esclairer à cette heure.
    « Et, soudain, faisant ouvrir son rideau, elle vit une comète qui esclairoit ainsi droit sur son lit.
    « – Ha ! dit-elle, voilà un signe qui ne paroist pas pour personnes de basse qualité. Dieu le fait paroistre pour nous autres, grands et grandes. Refermez la fenestre : c’est une comète qui m’annonce la mort ; il faut donc se préparer.
    « Et, le lendemain, au matin, ayant envoyé quérir son confesseur, fit tout le devoir de bonne chrestienne, encore que les médecins l’assurassent qu’elle n’estoit pas là.
    « – Si je n’avois vu, dit-elle, le signe de ma mort, je ne le croirois, car je ne me sens point si bas.
    « Et elle leur conta à tous l’apparition de sa comète. Et puis, au bout de trois jours, quittant les songes du monde, trespassa [103] . »
    Ainsi disparaissait, à cinquante-quatre ans, après avoir réparé tant bien que mal la plupart des torts que son extravagant amour pour Charles de Bourbon avait causés à la France, celle que l’on appelait « Madame sans queue [104]  », c’est-à-dire « Madame » tout court.
     
    François I

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