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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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que l’échange pût s’effectuer sans incident.
    Deux heures plus tard, Éléonore et les jeunes princes entraient à Saint-Jean-de-Luz, où le peuple les recevait triomphalement. Aussitôt averti, le roi, accompagné de sa Cour, quitta Bordeaux et la rencontre des fiancés eut lieu à Mont-de-Marsan. François I er n’avait pas cru devoir écarter sa maîtresse de cette petite fête de famille, et Anne de Pisseleu put constater en voyant la douce Éléonore que la nouvelle reine ne serait jamais pour elle une rivale bien dangereuse…
    François et Henri embrassèrent leur père et leur grand-mère avec la joie que l’on devine. Puis toute la Cour vint les caresser. Or, parmi les belles dames qui se pressaient autour d’eux, il y avait M me  la grande sénéchale de Normandie, épouse de Louis de Brézé, comte de Maulévrier ; titre que l’Histoire oubliera peu à peu pour ne lui garder que son nom de jeune fille : Diane de Poitiers.
    Elle avait alors trente et un ans, et sa beauté rayonnait. Henri, qui en avait onze, fut ébloui et tomba amoureux incontinent de cette femme qui resplendissait comme un soleil aux portes de sa prison.
    Le futur Henri II venait de rencontrer celle qui devait rester, pendant vingt-neuf ans, sa savoureuse et fidèle maîtresse [99] …
     
    Le 7 juillet, enfin, après quatre ans d’attente, Éléonore, énervée par la longueur des offices religieux qui venaient de faire d’elle l’épouse du roi de France, revêtit un élégant déshabillé et entra, tremblante d’émotion, dans le lit de son bien-aimé.
    Au bout d’un instant, nous dit un historien du temps, « François I er vint la retrouver et se montra plaisant et gentil compagnon ».
    Éléonore, qui avait fait tant de démarches, tant d’intrigues pour connaître ce moment, oublia bientôt le monde pour sombrer dans l’extase.
    Le roi, lui, conservait la tête froide. Il œuvrait consciencieusement, animé par un tendre sentiment de reconnaissance à l’égard de cette charmante femme qui avait tant fait pour lui. Profondément pénétré de son importance, il pensait avec satisfaction qu’en apaisant ainsi les sens de la sœur de Charles Quint il apportait du même coup la paix à la France.
    D’ailleurs, le lendemain, à Mont-de-Marsan, le peuple, dont l’intuition touchant ce genre de choses est souvent extraordinaire, manifesta sa joie en voyant que la reine avait « les yeux battus et heureux ».
    — Notre reine était fort désireuse de se faire ramoner la cheminée par le roi, disait-on avec une saine verdeur qui n’excluait pas le respect. La voilà satisfaite !
    Et l’on attribuait avec raison à cette femme détendue et comblée « l’honneur de la paix et celui d’être médiatrice de la conservation d’icelle » [100] .
     
    De Mont-de-Marsan à Fontainebleau, en passant par Bordeaux, Angoulême, Cognac, où le roi était né, Blois et Saint-Germain-en-Laye, ce ne furent que fêtes et réjouissances en l’honneur des souverains. Éléonore croyait rêver. François I er continuait à se montrer empressé et galant, elle passait des nuits qui l’obligeaient à rester le lendemain couchée dans sa litière, et c’est à peine si elle apercevait, de loin en loin, le visage inquiétant de M lle  de Pisseleu. Pourtant, la favorite n’était pas en disgrâce. Habile, elle faisait mine de s’effacer devant la reine ; mais son pouvoir sur le roi était de plus en plus grand, ainsi qu’on allait bientôt en avoir publiquement la preuve.
    Le 15 mars 1531, Éléonore fut couronnée à Saint-Denis. Dix jours plus tard, elle faisait son entrée solennelle dans « sa bonne ville de Paris ».
    Cette cérémonie aurait dû avoir lieu le 8 ; mais on avait dû y renoncer à cause de giboulées fantastiques qui balayaient la capitale. Le 9, le vent et la pluie n’ayant pas cessé, d’ardentes oraisons avaient été adressées en toute hâte par le clergé à sainte Geneviève, patronne de Paris.
    Or, sainte Geneviève s’était, si j’ose dire, fait prier, et le mauvais temps avait continué pendant une semaine. Enfin, le 15, le soleil s’était montré, et le peuple avait pu s’amasser le long des rues.
    La reine, précédée des archers, des hautbois, des trompettes, des cent Suisses de la garde du roi, des ambassadeurs et du légat du pape, était portée dans une litière parée d’un drap d’or frisé et à découvert. « Elle était vêtue d’un corsage couvert de

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