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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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François I er donna l’ordre du départ et la Cour interrompit ses ébats agrestes pour remonter vers le val de Loire.
    Le roi était fort satisfait du mariage de son fils. Croyant en la bonne foi du pape, il espérait que l’appui de Rome l’aiderait à réaliser ce fameux « rêve italien » que formaient les rois de France depuis plus de soixante ans.
    En effet, des articles secrets, qui avaient été ajoutés au contrat signé en 1531, stipulaient que Clément VII aiderait le dauphin à recouvrer l’État et le duché de Milan, ainsi que le duché d’Urbin.
    C’est donc avec le sourire aux lèvres que François I er considérait les deux jouvenceaux en quittant Marseille.
    Hélas ! quelques mois plus tard, Clément VII mourait, et sa disparition rendait inutile le mariage de Henri et de Catherine. Celle-ci, en effet, n’étant plus « cousine de Rome », ne pouvait plus jouer – du moins le croyait-on – de rôle politique.
    En apprenant la fin de ses espérances, François I er , qui n’avait touché qu’une partie infime de la dot promise, soupira :
    — J’ai eu la fille comme toute nue.
    Quant à Henri, désolé de voir que son mariage avec la Florentine à la peau flasque ne servait même pas les desseins de son père, il se détourna d’elle, au dire de Michelet, « comme d’un ver né du tombeau de l’Italie ».
    Ce qui n’était guère poli.

18
    Le roi donne un mari à sa maîtresse
    Le travail que l’on fait en équipe
    est généralement plus « fini ».
     
    Charles Bedaux
     
    Après un voyage lent et fatigant, sur les routes boueuses de l’automne, la Cour arriva à Blois pour Noël.
    C’était l’époque où François I er faisait des cadeaux à ses amis, à ses maîtresses et même à la reine. Il commanda des robes pour toutes les dames de la « petite bande », prépara une liste de dons (seigneuries, terres, châteaux) pour ses compagnons préférés et fit dessiner, par un artiste italien, des bijoux pour Éléonore.
    Restait Anne de Pisseleu. Longtemps, le roi chercha ce qui pourrait faire plaisir à celle dont il avait déjà comblé tous les vœux.
    Enfin, il trouva, et son choix peut paraître surprenant : à sa maîtresse, en effet, il décida d’offrir un mari…
    Cet étrange cadeau ne signifiait point que le roi eût l’intention de se séparer d’Anne. Au contraire. Il voulait « l’agrandir ». C’est-à-dire lui donner un rang et un titre susceptibles de l’établir honorablement à la Cour.
    Il choisit donc un homme de haute naissance, effacé et point trop jaloux, capable de tenir, avec autant de grâce que M. de Châteaubriant, l’office délicat de « mari complaisant » ; et le soir de Noël, regardant sa favorite dans les yeux, il lui dit :
    — Madame, je songe à de grandes choses pour vous… Je vais vous marier.
    Anne était ambitieuse et jalouse d’acquérir un nom. Elle rougit, mais fit mine de protester :
    — Je ne veux point d’autre homme que vous, Sire !
    — Ceci, madame, est pour votre bien.
    Alors, elle murmura :
    — Avec qui ?
    — Avec Jean de Brosse, que je vais faire duc d’Étampes. Et vous serez ainsi, ma mie, duchesse d’Étampes…
    Sans même montrer de fausse honte, Anne de Pisseleu, ravie, se jeta dans les bras du roi.
    Jean de Brosse n’avait pas encore été pressenti, mais François I er était sûr de son acceptation et de sa « complaisance » future. En effet, ce gentilhomme était le fils du duc de Penthièvre, qui avait suivi le parti du duc de Bourbon et était mort, dépouillé de tous ses biens. Le pauvre Jean, qui se voyait exposé à languir dans la misère, avait donc tout intérêt à faire plaisir au roi.
    François I er le fit mander dans sa chambre :
    — Monsieur, voulez-vous épouser la plus belle femme du royaume ?
    L’autre, interloqué, ne sut que dire.
    — Répondez !
    — Oui, sans doute.
    — Parfait. Elle est à vous… Je pense que vous avez compris qu’il s’agissait de M lle  de Heilly [112] .
    Jean de Brosse, de plus en plus étonné, bredouilla des paroles confuses.
    — Toutes mes félicitations, mon ami, et tous mes vœux, ajouta le roi. Ce mariage me cause tant de plaisir que je me fais un devoir de vous témoigner mon amitié en cette occasion. Tout d’abord, je vous fais rendre tous les biens qui avaient été confisqués au duc de Penthièvre ; ensuite, je vous fais don du duché de Chevreuse et du duché

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