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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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d’Étampes…
    Jean de Brosse se jeta aux pieds du roi.
    — Duc d’Étampes, relevez-vous, je vous prie, et courez auprès de votre fiancée.
    Le gentilhomme se releva et le roi lui mit la main sur l’épaule.
    — Bien entendu, dès après votre mariage, vous irez, seul, habiter au château d’Étampes.
    Alors seulement Jean de Brosse comprit le rôle ingrat que François I er voulait lui faire jouer. On lui demandait d’être le cocu officiel, appointé, fonctionnaire… Il réfléchit, pensa qu’en échange on lui rendait tous ses biens, qu’on lui donnait même la possibilité de serrer d’un peu près la plus belle femme de France… et il accepta.
    Un mois plus tard, l’union d’Anne de Pisseleu et de Jean était célébrée à Nantes, en grande magnificence.
    Ce mariage curieux ne pouvait donner lieu qu’à des fêtes étranges. C’est ainsi qu’un historien du temps nous dit « qu’après les noces on vit de saints prêtres s’offrir en spectacle et lutter à mains plates devant les dames ».
    Ce qui, d’ailleurs, ne choqua personne…
     
    Lorsque les fêtes furent terminées, Jean de Brosse, qui n’avait réussi à faire valoir ses droits de mari qu’une seule fois, au soir de ses noces, s’en alla tristement à Étampes, et la nouvelle duchesse rentra au Louvre pour « tenir auprès du roi le premier poste qu’elle y occupait [113]  ».
    La Cour avait été fortement impressionnée par ce mariage. Elle accueillit la favorite avec beaucoup d’égards, et Clément Marot composa ce dizain, dans lequel il s’amusait à jouer de façon un peu maniérée sur le nouveau titre de la dame et sur la fameuse vallée antique de Tempé, en Thessalie, célébrée par Virgile :
     
    Ce plaisant val que l’on nomme Tempé,
    Dont mainte histoire est encore embellie,
    Arrosé d’eau, si doux, si attrempé,
    Sachez que plus il n’est en Thessalie.
    Jupiter, roi qui les cœurs gagne et lie
     
    L’a de Thessale en France remué
    Et quelque peu, son nom propre mué ;
    Car pour Tempé, veut qu’Étampes s’appelle.
    Ainsi lui plaît ; ainsi l’a situé,
    Pour y loger de France la plus belle.
     
    François I er , soucieux de sauvegarder les apparences, offrit à la duchesse d’Étampes un hôtel, rue de l’Hirondelle ; mais il en fit bâtir un autre tout à côté « avec portes secrètes qui permettaient de faire communiquer les deux logis ».
    Ce second hôtel fut décoré de devises et de symboles galants qui témoignaient de l’amour du roi pour sa favorite. L’un d’eux représentait un cœur enflammé placé entre un alpha et un oméga , ce qui voulait dire que « pour ce cœur qui brûlerait toujours, l’amour était le principe et la fin ».
    Mais M me  d’Étampes n’était pas une amoureuse du genre de M me  de Châteaubriant. La bagatelle ne lui suffisait point. Elle rêvait, avant tout, d’obtenir des faveurs pour elle et sa famille. Or elle avait trente frères et sœurs…
    Courageusement, elle se mit au travail [114] .
    Habile, elle sut profiter de tous les moments de répit que le besoin de reprendre haleine lui laissait entre deux étreintes, pour arracher au roi, comblé et essoufflé, les nominations ou les avancements qu’elle désirait.
    Finalement, tous les Pisseleu furent pourvus de charges importantes, et généralement ecclésiastiques, car la maîtresse du roi « avait de la religion… [115]  »
    Antoine Seguin, son oncle maternel, devint abbé de Fleury-sur-Loire, évêque d’Orléans, cardinal, et enfin archevêque de Toulouse. Charles de Pisseleu, son second frère, eut l’abbaye de Bourgueil et l’évêché de Condom. François, son troisième frère, fut fait abbé de Saint-Corneille de Compiègne, et évêque d’Amiens ; et le quatrième, appelé Guillaume, fut nommé évêque de Pamiers. Elle eut soin également de ses sœurs : deux furent nommées abbesses, et les autres furent mariées dans les meilleures et les plus riches maisons du royaume…
     
    Tandis que François I er faisait la navette entre le Louvre et la rue de l’Hirondelle, la pauvre reine Éléonore, qui était au courant de toutes les frasques du roi, cachait son chagrin avec courage.
    Pourtant, lorsqu’elle se trouvait avec ses dames de compagnie, elle ne pouvait s’empêcher d’évoquer les jours merveilleux où François, captif à Madrid, venait lui faire la cour. Des larmes, alors, lui brûlaient les yeux…
    Pensant retrouver l’amour du roi en le

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