Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
Vom Netzwerk:
et refusa tout aliment « avec de si bruyantes larmes que d’aucuns, à la Cour, disoient qu’elle faisoit peut-être voir de son chagrin un peu plus qu’il n’y en avoit ».
    Bien entendu, François I er fut, dès son arrivée, mis au courant de l’état « fort affligeant dans lequel se trouvait pour lors Mademoiselle de Pisseleu ».
    Affolé, il se précipita à son chevet.
    On ignore ce qu’ils se dirent. On sait seulement que le roi, qui était entré à dix heures du matin dans la chambre d’Anne, n’en sortit que le lendemain vers quatre heures de l’après-midi, « paraissant aussi fatigué que s’il était allé courre le cerf »…
    Les esprits dits « mal tournés » imagineront ce qu’ils voudront…
    Quoi qu’il en soit, un fait est certain : le souverain et sa favorite étaient réconciliés. Le soir, en effet, Anne de Pisseleu, souriante et épanouie, parut dans une robe magnifique et présida le dîner aux côtés du roi de France…
    Françoise de Châteaubriant était-elle déjà oubliée ? Non. Lorsque, après le repas, il fut seul dans son appartement, François I er se trouva fort embarrassé en pensant aux trois femmes auxquelles il était lié désormais : Éléonore, par la reconnaissance, Françoise par l’habitude, Anne par l’amour. Et, prenant sa plume, il s’amusa à résumer en vers cette ennuyeuse situation :
     
    D’en aimer trois, ce m’est force et contrainte.
    L’une est à moi trop pour ne l’aimer point
    Et l’autre m’a donné si vive atteinte
    Que plus la fuis, plus sa grâce me point.
    La tierce tient son cœur uni et joint
    Voire attaché de si très près au mien,
    Que je ne puis, ne veux n’être point sien.
    Ainsi amour me tient en ses détroits.
    Et me soumet à toutes vouloir bien,
    Mais je sais bien à qui le plus des trois.
     
    « À qui le plus », c’était tout de même Anne de Pisseleu…
     
    Ces complications amoureuses n’empêchaient pas François I er de continuer sa lutte contre Charles Quint, dont la puissance croissante constituait un péril permanent pour la France.
    Depuis la mort de Louise de Savoie, il avait appris à tout mener de front et à sortir d’un lit de Justice pour entrer dans celui d’Anne de Pisseleu – et vice versa – sans que les affaires de l’État en souffrissent.
    À ce moment, son but était de former une coalition contre l’empereur. Il s’était bien allié avec le sultan Soliman et le roi Henry VIII d’Angleterre ; mais il craignait que cette union ne parût pas, si j’ose dire, très catholique au reste de l’Europe. En effet, si l’un était Infidèle, l’autre était schismatique depuis son divorce. Il fallait donc, au plus vite, rétablir l’équilibre par un rapprochement avec une puissance bien pensante.
    Or, dans ce domaine, il était apparu à François I er que rien ne pouvait être supérieur au pape… Et il avait décidé immédiatement de marier son second fils, Henri, âgé de treize ans, avec une parente du Souverain Pontife.
    Justement, Clément VII, né bâtard de Médicis, avait une cousine [108] dont il était très fier et qui avait tout juste trois mois de moins que le prince Henri. Elle se prénommait Catherine et on la disait fine, adroite, intelligente.
    De l’avis de François I er , qui n’en demandait pas tant, c’était plus qu’il n’en fallait.
    En réalité, c’était trop !…
    Car il eût certes mieux valu, pour la tranquillité et l’honneur de notre pays, que cette petite Catherine de Médicis fût un peu moins douée intellectuellement.
    Mais François I er n’avait pas le don de double vue [109] , et il était persuadé que cette union était des plus souhaitables pour la France. Sans tarder, il avait fait part de ses intentions aux membres du Conseil qui avaient tous approuvé, sauf Montmorency.
    — Peut-on envisager d’unir un Valois à une héritière de banquiers florentins ? s’était écrié, scandalisé, le Grand Maître.
    — Oui, quand la politique l’exige, avait répondu sèchement le roi.
    — C’est une mésalliance, Sire, songez-y !
    Alors, agacé, François I er était allé demander son avis au grand sénéchal Louis de Brézé… et à son épouse Diane de Poitiers, qu’il savait de bon conseil.
    Malicieux destin.
    Car Diane, qui ne pouvait se douter qu’elle serait un jour la dure et terrible rivale de Catherine de Médicis, avait déclaré en souriant que la petite Florentine, dont elle

Weitere Kostenlose Bücher