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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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était la cousine [110] , avait toutes les qualités nécessaires pour faire une charmante princesse française…
    Rassuré, le roi avait fait rédiger sur-le-champ une demande en mariage et un contrat que le cardinal de Gramont s’était empressé d’aller porter au pape.
    Clément VII, flatté d’unir sa cousine au fils du roi de France, avait accepté.
    — Je donnerai en dot à la duchessina cent mille écus d’or, plus trois perles d’une valeur inestimable : Gênes, Milan et Naples.
    Le cardinal de Gramont était revenu enchanté.
    — Sire, considérez le mariage comme fait.
    Mais le pape, qui, bien que bâtard, était un pur Médicis, négociait en secret avec Charles Quint – lequel, bien entendu, faisait tout pour empêcher le mariage projeté par François I er .
    Aussi les pourparlers avaient-ils traîné en longueur. Un an après la remise du contrat, en septembre 1532, c’est-à-dire au moment où François I er était revenu de Bretagne, les choses se trouvaient au même point. Ce n’est qu’en août 1533, et sur l’intervention de John Stuart, duc d’Albany, tuteur de Jacques V d’Écosse, futur gendre du roi de France, que les négociations purent enfin aboutir.
    Le 1 er  septembre, Catherine quitta Florence et s’embarqua à la Spezzia. Elle quittait son pays pour toujours.
    Le 23 octobre, après un voyage mouvementé et un long arrêt à Villefranche, où elle attendit que le pape la rejoignît, la petite Florentine retrouva à Marseille celui qui devait être son mari. Il lui parut beau, bien qu’il fût, d’après Brantôme, « un peu moricaud ». Quant à Henri, il considéra avec mélancolie cette fillette « petite de stature, maigre, aux traits grossiers et aux yeux saillants », et ne put s’empêcher de faire la grimace. C’était donc là cette cousine du pape, qu’on lui promettait depuis trois ans ?…
    Il lui sembla que les exigences de la politique étaient bien cruelles, qui le forçaient à épouser une petite fille laide et sans saveur, alors qu’il aimait la plus belle femme du royaume, cette grande sénéchale dont, justement, le mari venait de mourir…
     
    Le mariage eut lieu le 28 octobre, en présence de toute la Cour. Clément VII lui-même bénit les jeunes époux.
    — Ayez beaucoup d’enfants ! leur dit-il aimablement.
    Hélas ! pendant la cérémonie, le prince Henri s’aperçut que Catherine ressemblait au pape, et cette constatation acheva de le rendre morose…
    Puis il y eut un grand dîner, suivi d’un bal travesti, où seigneurs français et seigneurs florentins se tinrent on ne peut plus mal. Profitant du désordre, une des plus grandes courtisanes de l’époque, une femme que l’on avait surnommée la belle Romaine, se déshabilla complètement et s’amusa à faire boire « tous ceux qui le demandaient, en un verre où elle avait trempé la pointe de ses seins… »
    La fête, qui était devenue une extraordinaire bacchanale, atteignit alors le comble de l’indécence. On vit des jeunes gens, animés par une grande exaltation intime, se ruer sur des dames, les allonger par terre et blesser leur pudeur avant qu’elles n’aient eu le temps de trouver à redire. Un grand laisser-aller s’ensuivit…
    Les nouveaux mariés en profitèrent pour quitter cette fête indécente dont ils avaient été – contre leur gré – les spectateurs rougissants, et ils se rendirent dans une chambre toute tapissée de brocart, où l’on avait préparé pour eux un lit « si riche qu’il était estimé à soixante mille écus ».
    Si Catherine était amoureuse de son époux, Henri, lui, n’avait qu’un seul désir : dormir. Déjà, il savourait en pensée le moment où il se laisserait couler dans le sommeil, lorsque quelqu’un entra dans la chambre.
    — Allons, mon fils. Faites votre devoir. Et montrez-vous vrai galant de France !
    C’était le roi qui, poussé par une étrange curiosité, venait assister à la nuit de noces des deux jouvenceaux. Le fait est attesté par un témoin : « Quand on eut fini de danser, lit-on dans une dépêche de don Antonio Sacco, ambassadeur de Milan, et que chacun fut retourné dans ses appartements, le roi voulut lui-même mettre au lit les époux, et quelques-uns disent qu’il les voulut voir jouter et que chacun d’eux fut vaillant à la joute… »
     
    Le pape, pour des raisons que l’on comprendra, n’avait pas voulu assister à la nuit de noces de sa cousine.

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