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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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était, lui, le protégé de Diane de Poitiers.
    Ainsi, dans les coulisses de la guerre, les deux dames de beauté continuaient de se battre, à coups de généraux…
     
    Montmorency, sachant que Charles Quint se préparait à attaquer la France par Nice et le Var, avec une armée de 50 000 hommes, se porta rapidement en Provence, détruisit tout ce qui pouvait servir à ravitailler les troupes de l’empereur, rasa des villes et des villages, brûla les moulins, empoisonna les puits et donna l’ordre aux paysans de fuir vers Avignon, où il s’installa avec le roi dans un camp admirablement défendu.
    L’empereur s’avançait déjà sur cette « terre brûlée », quand François I er apprit que le dauphin, qui, quelques jours plus tôt, à Lyon, avait bu un verre d’eau glacée après une partie de paume, venait de mourir subitement à Tournon.
    Aussitôt, il accusa Charles Quint d’avoir fait empoisonner son fils. Le valet qui avait tendu le verre d’eau fut arrêté, jugé, condamné à avoir les membres disloqués comme régicide et exécuté. En réalité, il semble bien prouvé maintenant que le dauphin ait succombé à une pleuro-pneumonie. À moins que le chroniqueur Beaucaire ait raison quand il nous dit, à l’abri du latin, que l’héritier du trône est mort des suites d’une trop fatigante nuit d’amour avec M lle  de l’Estrange [119] …

19
    Diane avait quarante ans, le dauphin dix-neuf…
    On a souvent besoin d’un plus petit que soi…
     
    La Fontaine
     
    Tandis que la France pleurait son dauphin, la guerre continuait. Charles Quint, au prix d’efforts fantastiques, était parvenu jusqu’aux portes de Marseille, laissant sur les routes de Provence plus de vingt mille cadavres.
    La tactique de Montmorency avait réussi. Décimées par la faim et la dysenterie, les armées impériales se trouvaient hors d’état de se battre avant même d’avoir eu un combat à livrer…
    Après les obsèques de son fils, François I er revint au camp d’Avignon avec Henri, nouveau dauphin de France, et retrouva sa sœur, Marguerite d’Angoulême, venue à la tête du contingent de la Gascogne et du Béarn [120] .
    Le roi la remercia.
    — Je ne suis qu’une femme, et je le regrette, dit-elle, mais je promets de rassembler une si grande bataille de priants devant Dieu, que Celui entre les mains duquel est la victoire devra la donner à mon frère.
    Les semaines passèrent.
    Cette curieuse guerre, qui consistait à attendre dans un camp que l’ennemi mourût de faim ou s’empoisonnât en buvant l’eau polluée des puits, coûtait fort cher, car les troupes ne pouvaient se livrer aux pillages sur lesquels comptait habituellement l’Intendance pour assurer l’ordinaire.
    Or il arriva qu’un jour le Trésor fût à sec, et les soldats, dont les repas devenaient de plus en plus minces, commencèrent à maugréer ; certains parlèrent même clairement de laisser le roi se débrouiller seul et de rentrer chez eux…
    Le manque d’argent risquait fort de compromettre la victoire.
    François I er allait-il perdre ses hommes au moment où l’armée de Charles Quint, lasse d’errer à la recherche de nourriture, commençait à songer à la retraite ? Montmorency se le demandait avec angoisse, quand une riche dame d’Avignon, Madeleine Lartessuti, mise au courant de ces difficultés, fit porter au roi une somme considérable qui permit d’attendre l’épuisement complet de l’empereur.
    Quinze jours plus tard, le 14 septembre, Charles Quint se repliait sur le Var et s’embarquait pour l’Espagne. Il avait perdu la moitié de son armée dans cette désastreuse campagne, et « laissait son honneur enterré en France »…
    « Depuis Aix jusqu’à Fréjus, dit Martin du Bellay, tous les chemins étaient jonchés de morts et de malades, de harnois, lances, piques, arquebuses et autres armes, et de chevaux abandonnés qui ne pouvaient se soutenir. Là vous eussiez vu des hommes et chevaux, tous amassés en un tas, les uns parmi les autres, et tant de côté que de travers, les mourants pêle-mêle parmi les morts, rendant un spectacle si horrible et piteux qu’il était misérable [121] jusqu’aux obstinés et pertinax ennemis ; et quiconque a vu la désolation ne la peut estimer moindre que celle que décrivent Josèphe en la destruction de Jérusalem, et Thucydide en la guerre du Péloponnèse. »
    François I er respira. Le royaume des lys était sauvé.
    Mais qui

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