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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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Toutefois, il vint de très bonne heure, le lendemain matin, visiter les jeunes époux dans leur chambre et leur demander si tout s’était bien passé.
    Cette curiosité n’avait rien d’équivoque. Le Saint-Père, en effet, voulait simplement savoir si le mariage avait été vraiment consommé.
    Minutieux, il « vérifia » lui-même, nous dit-on… Puis, satisfait, il se retira dans ses appartements.
    On se doute bien qu’un pape ne se mêle pas de choses aussi étrangères à ses saintes occupations habituelles sans un motif sérieux. Seul un souci politique avait poussé Clément VII à pénétrer ex manu dans l’intimité d’une personne de sa famille. Il voulait, en effet, être certain que l’union était indissoluble et que François I er ne pouvait éventuellement invoquer la « non-consommation » pour lui retourner Catherine.
    Car le pape était fourbe. Malgré ses sourires, ses bonnes paroles et ses abondantes bénédictions, il entendait bien ne pas tenir les engagements qu’il avait contractés envers la France et demeurer ainsi l’ami de Charles Quint.
    Pourtant les signes du « déniaisement » de sa cousine ne lui suffisaient pas.
    — Il faut un enfant ! disait le Saint-Père.
    Et, pour plus de sûreté, il décida de ne quitter Marseille qu’après avoir eu la preuve que Catherine portait un héritier dans son sein.
    Dès lors, il multiplia ses avis. Et c’est avec un sourire que d’aucuns trouvaient un peu égrillard pour un pape qu’il souhaitait, chaque soir, « bonne nuit » à Henri et à Catherine…
     
    Pendant que le Saint-Père attendait ainsi que sa cousine fût fécondée, toute la Cour se montrait ravie de passer quelque temps au bord de la Méditerranée. Et l’on voyait à longueur de journée de beaux seigneurs et de belles dames s’embarquer sur des bateaux de pêcheurs que l’on avait pour l’occasion couverts de brocart d’or, et naviguer jusqu’au château d’If.
    Un jour, en longeant la côte, certains de ces gentilshommes toujours à l’affût « d’occasions pouvant permettre le déduit » remarquèrent de tranquilles calanques, au fond desquelles s’étendaient des plages de sable fin, et l’idée leur vint aussitôt de se rendre en ces endroits isolés pour y organiser des petites fêtes intimes et peu vêtues.
    Dès le lendemain, on vit tous ceux qui voulaient participer à ces « mouvements d’ensemble » quitter Marseille, par petits groupes, dans une de ces voitures légères qui venaient de faire leur apparition et que l’on nommait joliment des « chariots branlants pour dames ».
    Par la suite, il y eut des départs tous les jours, à l’aube…
    François I er , on s’en doute, ne se mêlait pas à ces jeux. Il restait en permanence à Marseille où, le matin, il touchait les écrouelles, en disant, selon la formule consacrée : « Sois gari, le roi te touche », et, l’après-midi, il allait généralement, en compagnie de la reine Éléonore, se pencher sur un grand vivier installé dans le port. Armé d’un trident en vermeil, il s’efforçait de piquer les thons qui passaient à sa portée. Lorsqu’il y parvenait, les Marseillais et la Cour poussaient des clameurs enthousiastes auxquelles répondaient les ouvriers qui filaient le chanvre sur les quais [111] .
    Quant à Catherine de Médicis et à Henri, ils demeuraient le plus souvent dans leurs appartements. Elle, souriante, amoureuse de ce prince qu’on venait de lui donner pour mari ; lui, morose, taciturne, penché sur des romans de chevalerie, cachant à peine l’ennui que lui causait un mariage imposé par la politique.
    Alors qu’elle chantonnait, véritablement éblouie par ce que le mariage lui avait révélé, il soupirait, en pensant aux objurgations du pape.
    — Allons, allons, disait le Saint-Père, le Seigneur a dit : « Croissez et multipliez. »
    Hélas ! Henri avait beau multiplier ses efforts, seules croissaient les craintes de Clément VII…
    Enfin, après trente-quatre jours d’attente vaine, le Souverain Pontife, la mort dans l’âme, décida de quitter la France.
    Avant de s’embarquer sur la galère qui devait le ramener à Civita Vecchia, il rendit visite à Catherine et lui donna ce dernier conseil :
    — A figlia d’inganno non mania mai la figli nolenza. (À fille d’esprit, jamais postérité ne manque.)
    Puis, ayant fait ses adieux à tout le monde, « il s’en alla sur la mer jolie »…
     
    Aussitôt,

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