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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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sait si, sans Madeleine Lartessuti, les choses n’eussent point tourné autrement et si la lamentable description que vient de nous faire Martin du Bellay ne se fût point appliquée aux armées de François I er  ?
     
    Dès que Charles Quint eut quitté la Provence, le roi alla rejoindre la Cour à Lyon et annonça son désir de remonter bientôt vers Paris.
    Si la guerre était terminée dans le Midi, elle continuait, en effet, dans le Nord, où les armées de l’empereur attaquaient les Flandres et la Picardie.
    Marguerite d’Angoulême, à la tête de ses Gascons, se transporta rapidement à Péronne et à Saint-Riquier.
    — Il serait temps, dit-elle, que les femmes devinssent hommes, afin de rabaisser l’orgueil de ces téméraires ennemis.
    Il semble, d’ailleurs, qu’elle communiqua son courage aux Flamandes, puisque, au siège de Saint-Riquier, les femmes jetèrent de la poix et de l’eau bouillante du haut des murs sur l’assaillant, et que plusieurs, déguisées en hommes, allèrent jusqu’à ceinturer des soldats impériaux pour leur prendre leurs enseignes.
    Tandis que Marguerite se battait ainsi avec le courage et l’adresse d’un grand capitaine, la Cour, qui n’avait pas quitté Lyon, oubliait avec quelque légèreté ses craintes récentes et organisait des fêtes, des bals et des parties de campagne…
    Catherine de Médicis, devenue dauphine, était, bien entendu, le point de mire de toute la « petite bande ». Souriante, douce, habile, elle avait su se faire de nombreuses amies et se gagner la sympathie du roi. François I er admirait beaucoup cette jeune personne de dix-sept ans qui apprenait le grec et le latin, s’intéressait à l’astronomie, étudiait les mathématiques, le suivait à la chasse et ne rougissait point en écoutant les lestes histoires qu’il aimait à raconter.
    Bien sûr, Catherine n’était pas aussi jolie que les autres demoiselles de la petite bande, mais la finaude avait trouvé le moyen de faire oublier son visage lunaire et ses grosses lèvres en montrant ce qu’elle avait de mieux : ses jambes.
    Pour cela, elle inventa une façon audacieuse de monter à cheval. Alors que, à cette époque, les femmes s’asseyaient sur leurs haquenées, de côté, les pieds appuyés sur une planchette, la dauphine monta « le pied gauche à l’étrier et la jambe droite fixée sur la corne de l’arçon ». C’est-à-dire « en amazone ».
    Aussi, pendant les parties de chasse, les princes n’avaient-ils d’yeux que pour les mollets de Catherine… Bien entendu, toutes les dames de la Cour, même celles qui eussent dû faire au public la charité de lui cacher leurs jambes, imitèrent la dauphine.
    Cet engouement allait avoir une singulière conséquence.
    En effet, la nouvelle façon de monter à cheval, qui faisait parfois flotter haut la jupe, obligea les grandes dames françaises à ajouter à leur trousseau une pièce qu’elles ne possédaient point jusqu’alors et dont elles n’avaient pas encore éprouvé le besoin : une culotte.
    Ce sous-vêtement nouveau, que l’on nomma tout d’abord calçon, fit jaser bien des moralistes. À les entendre, il s’agissait là d’un attribut du diable. « Il est bon, disaient-ils, que les femmes aient la fesse nue sous la jupe. Elles n’ont point à s’approprier un vêtement viril, dérivé des hauts-de-chausses réservés à l’homme. Qu’elles renoncent donc aux vertugales [122] ouvertes, ainsi qu’à certaines façons de monter à cheval, et se laissent les fesses libres comme il convient à leur sexe. »
    D’autres, au contraire, comme Henri Estienne, prenaient la défense de l’objet : « Ces calçons sont utiles aux femmes pour ce qu’elles ont l’honnesteté en grande recommandation. Car, outre que ces calçons les tiennent plus nettes, les gardant de la poudre et du froid, ils empeschent qu’en tombant de cheval ou autrement, elles ne montrent plus qu’il ne convient. »
    Plus loin, il précisait :
    « Ces calçons les assurent aussi contre les quelques jeunes gens dissolus, car, venant mettre la main sous la cotte, ils ne peuvent toucher aucunement leur chair. »
    Tout ceci était fort bien, pourtant Henri Estienne, qui connaissait les femmes, ajoutait : « Mais comme l’abus vient en toute chose encore que l’invention ne soit pas abusive, quelques-unes de celles qui au lieu de faire lesdits calçons de toile simple, les font de quelque estoffe bien riche, pourroient

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