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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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l’âme de son amant. Hélas ! Le Coq eut un trou de mémoire, chercha en vain les phrases qu’il avait apprises et, furieux contre lui-même, s’emporta, frappa la chaire à coups de poing en criant : «  Sursum corda. Sursum corda. »
    Le roi, très fâché, demanda pourquoi on l’avait fait se déranger pour entendre un énergumène, et rentra chez lui.
    C’était raté.
    Marguerite et M me  d’Étampes, avec l’ardeur qui anime toujours les prosélytes, ne se tinrent pas pour battues. Quelques semaines plus tard, elles amenèrent dans la chambre du roi un de leurs amis, Landri, qui passait pour un grand théologien. Par amour pour sa maîtresse, François I er consentit à le recevoir. Tout en caressant les cheveux de M me  d’Étampes, il écouta Landri parler du purgatoire, du culte des saints et de la messe en sept points. Au bout d’un moment, il voulut entamer une discussion. Mais le pauvre protestant, qui avait tout juste assez de théologie pour briller devant la maîtresse du roi et quelques dames, « bafouilla et dit de si pitoyables choses qu’on dut l’éconduire poliment ».
    Quelques jours plus tard, troublé peut-être par la conversation qu’il avait eue avec François I er , il revenait d’ailleurs au catholicisme…
    C’était raté encore une fois, et la favorite en fut navrée. Désespérant de convertir le roi, elle décida d’user simplement de son influence pour protéger les luthériens et aider de toutes ses forces à la propagation de leur doctrine.
    Mais elle allait se trouver face à face avec son ennemie Diane de Poitiers qui, elle, se dévouait pour le parti catholique.
    C’est ainsi que la lutte entre papistes et antipapistes allait s’envenimer à cause d’une bataille de femmes…
     
    Lorsqu’elle avait appris que la duchesse d’Étampes était favorable aux protestants [132] , Diane de Poitiers, en effet, s’était sentie fortifiée dans ses convictions catholiques…
    Sans perdre un instant, elle avait convoqué chez elle le Grand Maître Montmorency pour lui faire admettre la nécessité de démontrer au roi les dangers d’un schisme qui pouvait rapidement diviser la France et rendre périlleuse la situation du trône…
    Ces nobles sentiments, bien insolites chez la grande sénéchale, « qui n’était pas portée sur la religion », cachaient une habile manœuvre. Son but, en poussant François I er à considérer les luthériens comme des trublions dangereux et des ennemis de la couronne, était de provoquer la disgrâce de M me  d’Étampes…
    Montmorency se rendit chez le roi, qui écouta attentivement et promit de réfléchir à ce grave problème.
    Alors le Grand Maître insista :
    — Il faut faire brûler ces hérétiques, dit-il.
    — Jamais, répliqua simplement François I er .
    C’était raté aussi de ce côté-là !
     
    Naturellement, la favorite fut mise au courant de cette démarche. Elle devina aisément qu’elle pouvait en être l’instigatrice et comprit que tout était dirigé contre elle. Furieuse, elle décida de se venger encore une fois en faisant circuler des pamphlets sur son ennemie, et elle s’adressa à Clément Marot, qui se fit un plaisir d’attaquer la grande sénéchale « pour ce qu’elle lui rappelait une cuisante défaite amoureuse [133]  ».
    Il avait, en effet, quelques années auparavant, fait la cour à Diane, lui envoyant des vers enflammés et des invites à partir dans les étoiles. La veuve du comte de Brézé ne s’était pas fâchée, flattée sans doute de ces hommages poétiques. Mais, un jour, Marot, redescendant sur terre, avait fait comprendre qu’entre deux voyages sur un rayon de lune il n’était pas contre une petite halte dans un lit confortable… Alors, elle l’avait éconduit.
    Depuis, il la haïssait.
    La duchesse d’Étampes avait donc parfaitement choisi son homme.
    Il commença par insulter grossièrement Diane en la comparant à une déesse libertine, et, nous dit Lénient : « L’univers dut apprendre les perfidies de l’altière Luna et les désordres de l’impudique Isabeau, pseudonymes offensants qui n’étaient un secret pour personne [134] . »
    Alors la maîtresse du dauphin eut une idée de génie : elle affecta de croire que ces injures s’adressaient à Dieu.
    — Ce poète est un hérétique et un blasphémateur, dit-elle.
    Double accusation très grave pour l’époque. Et, un matin, Marot reçut la visite de trois personnages qui

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