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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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avoir annoncé que sa femme était souffrante, il avait enfermé la malheureuse dans une chambre tendue de noir comme un cercueil. Elle y était restée six mois entiers sans voir personne. Et, le 16 octobre, il avait fait entrer six hommes masqués et deux chirurgiens. Ceux-ci étaient armés de longs couteaux effilés. Sans prononcer une parole, ils avaient bondi sur Françoise qui hurlait de terreur et l’avaient saignée aux bras et aux jambes. Après quoi, la pauvre était morte aux pieds de son mari.
    Le comte de Châteaubriant, en effet, tandis que le sang de l’ex-favorite se répandait en nappe tiède dans la chambre, se tenait droit contre la tapisserie.
    — Et, ajoutaient les braves Bretons, il étoit fort pâle…
    On comprend cela.
    Cette lugubre histoire était-elle fondée sur des faits exacts ? Le roi, fort ému, chargea le Grand Maître Anne de Montmorency d’aller enquêter sur place.
    L’enquête ne donna aucun résultat et l’affaire fut classée.
    Mais, quelque temps après, on devait apprendre que M. de Châteaubriant déshéritait ses neveux et léguait tous ses biens « par don irrévocable entre vifs »… au Grand Maître Anne de Montmorency…
    Est-il besoin de conclure ?
     
    Toute cette affaire n’avait pas interrompu une seconde la « guerre des dames », et François I er , dans l’impossibilité d’intervenir lui-même, se plaisait à prouver que la duchesse d’Étampes conservait sa confiance et son estime en la couvrant de cadeaux somptueux.
    Mais, à ce jeu, le Trésor, déjà mal en point, fut rapidement à sec ; et le roi dut se séparer de 1 200 hommes de troupe qu’il ne pouvait plus payer. Acte regrettable qui lui valut une critique curieusement formulée des basochiens. Écoutons le chroniqueur François de Bonnivard nous conter la chose : « Luy mesme (François I er ), il était libéral, magnanime, humain, et bref en toutes vertus accompli hormis qu’il était subject à volupté, et en sa jeunesse fit maints excès à gents particuliers dommageables, car il alloit de jour et de nuit en masque riblant çà et là, frappant et battant cestuy et l’autre ; mais il se chastia en âge vieilli, hormis des femmes (car il y fut subject depuys le berceau jusques à la mort), auxquelles il donnoit tout ce qu’il avoit, en sorte que, par ses dons successifs du commencement de son règne, force luy fut de casser 1 200 hommes d’armes pour ce que l’on ne trouvoit de quoi les payer, ce dont la basoche de Paris fut émue de jouer une telle farce.
    « Ils firent tailler un gros membre d’homme qu’ils corouèrent, mirent sus une charette et alloient, luy donnant du fouet, par tous les carrefours, et avoient aposté des gens qui leur disoient : – Mes amis, à qui est ce pauvre v… que vous allez ainsi fouettant, et en quoi a-t-il mesfaict ? Ils répondirent : – C’est le v… du roy qui a bien mérité le fouet et pis. – Comment, disoient les autres, a-t-il chevauché sa cousine ? – Il a bien faict pis, répondoient-ils (les clercs de la basoche). — Comment, a-t-il chevauché sa sœur ? – Pis ! – Par aventure, sa mère ? – Encore pis ! – Est-il par hasard bougre ? – Encore pis ! – Quel crime a-t-il donc commis ? – Il a chevauché douze cents hommes d’armes, disoit-on par conclusion. »
    Cette procession déplut beaucoup au roi…

20
    Les femmes et la Réforme
    Sans M me  d’Étampes, il n’y aurait
    peut-être pas eu de guerres de religion.
     
    Grand-Carteret
     
    À plusieurs reprises, j’ai fait allusion, dans les chapitres précédents, à la lutte qui opposait depuis le début du XVI e  siècle catholiques et protestants. Je crois que le moment est venu de montrer le rôle que les femmes ont joué dans la naissance de la crise religieuse qui secoua la chrétienté pendant plus de cent ans. Car c’est à cause de quelques jolies filles trop séduisantes que l’Europe occidentale fut ensanglantée par les guerres de religion…
    De nombreux ecclésiastiques, en effet, ne vivaient pas dans l’état de chasteté désiré par les membres du Concile général de Latran. Ils partageaient leur couche avec de sémillantes demoiselles grâce auxquelles ils avaient bonne année, bonne santé et le paradis avant la fin de leurs jours…
    Ce comportement un peu osé pour des ministres du Seigneur commença par faire rire, car en France le lit amuse. Seules, quelques vieilles filles amères se

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