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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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ordres et tenir bénéfice ecclésiastique, coûte 21 tournois, 5 ducats, 6 carlins [130] .
    Cette fois, les braves gens furent scandalisés. On commença à dire du pape Jules II « qu’il s’était fait marchand », et les fidèles se divisèrent en papistes et en antipapistes…
     
    C’est alors qu’on commença à parler, en France, d’un moine allemand, nommé Martin Luther, qui prêchait la réforme de l’Église.
    Bon vivant, fort en gueule, véritable tribun populaire, Luther n’était pas du tout le personnage que les manuels d’histoire ont tendance à nous présenter. Il aimait les femmes, le bon vin, les chansons, et ses discours, pleins d’humour, étaient truffés d’expressions savoureuses, grossières parfois, voire scatologiques, qui réjouissaient le peuple.
    C’était une espèce de Rabelais allemand, ainsi que nous le prouve l’histoire suivante : un dominicain essayant de le réfuter dans un mémoire, et ne pouvant en venir à bout, lui avait proposé, finalement, la double épreuve du feu et de l’eau.
    Luther, d’une plume alerte et joyeuse, répondit au dominicain : Je me moque de tes cris comme des braiements de l’âne. Au lieu d’eau, je te conseille du jus de vigne ; au lieu de feu, hume la sauce appétissante d’une oie rôtie ; viens à Wittemberg si le cœur t’en dit. Moi, docteur Martin Luther, à tout inquisiteur de la foi, à tout mangeur de fer rouge, à tout pourfendeur de rochers, savoir faisons qu’on trouve ici bonne hospitalité, porte ouverte, table garnie, soins empressés, grâce à notre duc et prince l’électeur de Saxe.
    Il critiquait avec la même verve certains articles de foi, ironisait sur les Mystères et raillait les sacrements…
    Mais, pour le peuple, les questions théologiques semblaient secondaires. L’important était de savoir si le clergé allait continuer à manquer de chasteté avec les paroissiennes. Un partisan de la Réforme ramena d’ailleurs, et à la satisfaction générale, le débat à son origine. « Quant aux prêtres, dit-il, je leur donnerais des femmes pour les forcer à quitter leurs concubines ; je donnerais des concubines aux moines pour les empêcher d’être les maris de toutes les femmes et les femmes de tous les maris [131] . »
    Ainsi, de nouveau, le problème essentiel était posé, et, comme toujours, c’était un problème sexuel.
     
    En 1525, Luther, qui s’était défroqué, rencontra une petite nonne nommée Catherine de Bora. Elle était si jolie qu’il en tomba amoureux, l’enleva et l’épousa.
    Cette aventure étonna les antipapistes, et certains allèrent jusqu’à prétendre que, si le joyeux moine allemand prêchait tant en faveur du mariage des prêtres, c’était pour vivre en toute sécurité avec un joli tendron. Naturellement, les papistes en profitèrent pour essayer de discréditer Luther, qu’ils présentèrent comme un gros paillard.
    Une telle réputation n’était pas pour lui faire tort en France. Au contraire. Et de nombreux catholiques commencèrent à considérer avec sympathie la doctrine de ce moine qui vitupérait le concubinage des prêtres tout en aimant goûter les douceurs du déduit.
    À cette époque où le bon ton voulait qu’on fût un peu obscène dans sa façon de vivre, toute entreprise libertine suscitait l’enthousiasme ; aussi l’enlèvement de la jeune nonne avait-il rendu extrêmement populaire le moine d’Erfurt.
    De nombreux princes et familiers de la Cour furent séduits par ce gaillard dont la virilité, disait-on, dépassait celle de l’évêque de Blois… Et deux grandes dames qui touchaient de très près le roi, Marguerite de Valois, sa sœur, et la duchesse d’Étampes, sa maîtresse, n’hésitèrent pas à se déclarer folles de Luther, malgré les supplices que l’on commençait à faire subir aux partisans du « novateur ».
    Bientôt, avec le zèle des néophytes, elles tentèrent de convertir le roi à la religion luthérienne.
    Car il s’agissait, maintenant, d’une véritable religion. Les diatribes contre le concubinage des prêtres étaient dépassées, et les réformateurs s’attaquaient aux dogmes, aux symboles et même, dans leur frénésie, à des rites plus anciens que le christianisme…
     
    François I er fut donc conduit par M me  d’Étampes à Saint-Eustache pour y entendre un luthérien nommé Le Coq. La favorite avait soufflé à l’orateur quelques arguments propres à jeter le trouble dans

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