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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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sotte…
    Et il concluait à l’adresse de cette femme qui avait tout juste quarante ans :
    C’est la plus laide des dames de la Cour, la plus vieille des vieilles, la plus dégoûtante, plus usée que la croupe et les fesses d’une inepte guenon, plus sordide que ne le sont les loups ; elle n’a rien d’agréable, ni d’élégant… Des mamelles vides et pendantes, des rides innombrables peuvent-elles plaire ? Que la Poitevine m’écoute et qu’elle sache ceci : les femmes ne renaissent jamais, car celles que le temps fait choir dans l’usage, celles-là, avec le temps, deviennent hors d’usage ; une fois tombées, elles ne se relèvent plus…
    Naturellement, les catholiques furent outrés par ces insultes grossières, et, pour venger leur amie, tombèrent à bras raccourcis sur tous les protestants qu’ils rencontraient…
    Quant à Diane, elle riposta en accusant la favorite de pratiquer la sorcellerie et « d’épuiser la force des jeunes garçons ». Parmi les amants qu’elle lui attribuait, se trouvait, cette fois, un écrivain protestant, Théodore de Bèze.
    — Les luthériens accusent les catholiques de toutes les turpitudes, disait-elle, alors que leurs chefs se vautrent dans le vice. M. de Bèze, par exemple, est le plus grand débauché du siècle.
    Pour une fois, la grande sénéchale disait vrai. Le disciple de Calvin vivait, selon le mot de Grand-Carteret, « dans un concubinage universel » et passait son temps à séduire les jolies femmes qui venaient lui parler de la nouvelle religion.
    Certains l’accusaient même d’utiliser la Réforme pour se trouver des maîtresses…
    Cette véritable obsession sexuelle était naturellement tournée en ridicule, et le chef protestant devint bientôt le héros favori – et jamais fatigué – des poètes libertins. Jodelle, par exemple, composa le huitain suivant :
     
    DE THÉODORE DE BÈZE FAISANT L’AMOUR …
     
    Bèze voulant plaisanter un petit
    Disait un jour à une non satarde :
    « De vous baiser j’aurais grand appétit,
    Mais votre nez qui est si long m’en garde. »
    La dame alors vivement le regarde,
    En lui disant : « Pour si peu, ne tenez.
    Car si cela seulement vous engarde
    J’ai bien pour vous un visage sans nez… »
     
    Si la liste des maîtresses de Théodore de Bèze était longue, la duchesse d’Étampes, toutefois, n’y figurait pas. Cette calomnie avait été lancée par Diane de Poitiers qui voulait faire passer la favorite pour l’égérie du mouvement protestant…
    L’idéal eût été, bien sûr, de lui attribuer une aventure avec Calvin ; mais personne n’aurait été dupe, car il était alors de notoriété publique que le grand réformateur aimait plutôt les petits garçons…

21
    La France trahie par une favorite
    Ah ! combien perfides sont les femmes…
     
    la radio d’État
     
    Le roi, soucieux de prouver que les bruits lancés par Diane de Poitiers ne diminuaient aucunement l’estime qu’il portait à sa favorite, se montra de plus en plus affectueux avec elle et alla jusqu’à lui demander publiquement son avis sur les affaires de l’État. Bientôt, elle assista au Conseil privé…
    Maîtresse absolue d’un souverain affaibli avant l’âge par la luxure [136] , la jolie duchesse put se croire vraiment la maîtresse de la France.
    Tout le monde la craignait et s’abaissait devant elle. Marguerite d’Angoulême écrivait à son sujet :
    « Surtout, assurez-la bien de l’affection que vous sçavez et avez congneu que le roy de Navarre et moy luy portons, s’il estoit possible de luy dire autant qu’il y en a, elle en trouveroit autant que jamais créature fit à aultre. »
    Elle était reçue cérémonieusement par les chefs de l’Église, et on la vit, un soir, boire, en même temps que le cardinal de Ferrare et que le roi, à une aiguière à trois orifices…
    On s’adressait à elle pour obtenir les plus hauts postes dans l’armée, la magistrature et la finance. Tavannes, dans ses Mémoires , écrit, d’ailleurs, avec quelque humeur : « Dans cette Cour, les femmes faisaient tout, même les généraux et les capitaines. »
    Bayle n’est pas moins indigné. « C’est un grand désordre, il faut l’avouer, écrit-il, que la destinée des gens ; leurs faveurs, leur disgrâce dépendent de la fantaisie d’une coquette qui scandalise tout le royaume par le commerce qu’elle entretient tambour battant avec le prince ; mais, si l’on

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