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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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Picard.
    — . . Je vous connais ?
    — Non. Mais je sais que vous avez rendez-vous avec le patron. Surtout, vous ressemblez tellement à monsieur Thomas.
    Mathieu tourna la tête pour voir son reflet dans une fenêtre donnant sur le clocher de l’église Saint-Roch.
    Depuis son retour, il présentait un visage amaigri, des yeux un peu plus enfoncés dans leurs orbites.
    — Cela doit être un héritage de grand-papa Théodule.
    Mon cousin est-il là ?
    Flavie Poitras se leva pour aller frapper à la porte de son patron. Le visiteur apprécia la silhouette fine, la robe découvrant la presque totalité des mollets. Le privilège d’acheter au prix du gros venait avec son emploi, elle en profitait visiblement pour se vêtir avec une élégance simple.
    Elle passa la tête dans l’embrasure pour annoncer :
    — Votre visiteur est arrivé.
    — Faites-le entrer.
    La secrétaire se plaça de côté afin de laisser passer le nouveau venu, son meilleur sourire sur les lèvres. Dans le grand bureau, Edouard s’approchait, la main tendue.
    — Je te remercie de t’être déplacé.
    — Ce n’est rien. Je ne suis pas très occupé, ces temps-ci.
    — Tu ne travailles plus dans le commerce maternel, je crois.

    Le jeune homme présenta un visage amusé.
    — . . La nouvelle est-elle parue dans Le Soleil?
    — Si quelqu’un a le malheur de péter dans la Haute-Ville, la chose est discutée dans tous les foyers.
    Le commerçant fit une pause, puis il reprit:
    — C’est donc vrai ?
    — Si je veux devenir avocat, il me faut abandonner la vente de jupons et me consacrer à mes études. Comme je n’ai pas ouvert un livre de droit depuis deux ans. .
    Il fit un geste de la main pour signifier que le sujet lui paraissait clos. Edouard ne l’entendait pas ainsi.
    — Tu n’occupes pas un emploi dans une étude.
    Mathieu ne croyait guère que son sort faisait l’objet de discussions dans la ville. Plus probablement, son interlocuteur devait avoir tiré ses informations de sa belle-mère, Elisabeth.
    — Jusqu’en septembre, j’étudierai seul. Ensuite, je serai stagiaire. Mais tu ne m’as pas fait venir ici pour t’enquérir de mes progrès scolaires.
    L’autre regagna son fauteuil, posa ses coudes sur son bureau. Le visiteur prit place sur la chaise devant lui.
    — Tu as raison, reconnut Edouard. Je suppose que pour concrétiser tes aspirations professionnelles, tu as besoin d’argent.
    — Les prix ont augmenté pendant la guerre, mais les choses rentrent lentement dans l’ordre. Je devrais m’en tirer.
    Mathieu arborait maintenant un sourire narquois. Peu désireux de faciliter les choses à son interlocuteur, il livrerait les informations au compte-goutte. Celui-ci cessa de tourner autour du pot :
    — Si tu désires vendre, je suis disposé { t’acheter la part du commerce reçue de ton père à sa mort.
    — Grands dieux ! Pourquoi ferais-je une chose pareille ?
    Grâce { la bonne administration de Thomas, j’ai reçu un joli chèque tous les ans. Comme je ne doute pas de tes talents, cette belle habitude se poursuivra. Je me garderai bien de me départir de ces actions. C’est une bourse d’études fort convenable, vu mes besoins modestes.
    — Mais si tu veux ouvrir ton propre cabinet un jour, tu auras besoin d’argent comptant.
    — Je n’en suis pas l{. Avec la cléricature et l’examen du barreau, il me reste trois bonnes années d’études au moins.
    Edouard afficha son sourire mercantile afin de dissimuler sa déception.
    — Tu devrais tout de même y penser un peu. Je te donnerais un bon prix, assez pour te permettre de terminer tes études et préparer ta carrière.
    — Je veux bien y penser un peu. Cela n’engage à rien.
    Le commerçant hocha la tête, puis continua :
    — Cela te dirait d’assister { un grand événement? La célébration de la plus belle réalisation de ce siècle.
    — Il reste encore quatre-vingt-un ans au siècle. C’est long.
    — Tu as raison : disons des vingt premières années, et dans la seule région de la Vieille Capitale. Veux-tu m’accompagner
    { la cérémonie d’inauguration du pont de Québec ?
    Des trains roulaient depuis deux ans sur le grand ouvrage d’ingénierie. Toutefois, le conflit avait empêché la tenue de réjouissances officielles.
    — Avec le prince de Galles ?
    Les journaux du matin soulignaient à coup de grands titres en première page l’arrivée de l’héritier de la couronne royale et impériale, Edward.
    — Je ne dis pas

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