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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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que nous serons assis à côté de Son Altesse, mais nous serons placés assez près pour voir si les poils de sa moustache sont bien taillés.
    — Il n’en porte pas. Mais { quoi dois-tu le privilège de fréquenter les grands de ce monde ?
    — Papa comptait parmi les premiers investisseurs de la Société du pont de Québec. Nous avons d’ailleurs bien failli tous les deux nous écraser dans le fleuve avec le premier ouvrage, en 1907.
    Edouard se renfrogna un instant en se remémorant la catastrophe. L’événement hantait encore ses nuits, parfois.
    — Papa avait reçu une invitation avant sa mort. J’ai hérité de ses deux places.
    — Et madame Picard. .
    — Ne montre aucun intérêt pour les créations du génie.
    Evelyne aurait peut-être apprécié apercevoir de près les plus illustres personnages du Canada et de l’Empire, mais elle avait tout de même présenté une mine renfrognée à l’idée de l’accompagner { cette cérémonie.
    — Cela aura bien lieu samedi ? demanda le visiteur.
    — Le 21 août.
    — D’accord. Cela me reposera un peu de mes lectures austères.
    Le marchand posa les yeux sur la surface encombrée de son bureau. Le visiteur saisit tout de suite le message.
    — Alors, je ne te fais pas perdre plus de temps, dit-il en se levant.
    — Nous reparlerons de cela dans cinq jours.
    Il voulait dire de la transaction.
    —Je passerai te prendre chez maman en fin d’après-midi, continua-t-il en tendant la main à son cousin.
    Mathieu quitta le bureau sur un dernier salut. Dans l’antichambre, la secrétaire abandonnait sa machine { écrire.

    L’horloge placée contre le mur indiquait midi.
    — Mademoiselle.
    Il inclina la tête en guise de salut.
    — Monsieur.
    L’homme se dirigea vers l’escalier, s’arrêta et, après un moment de réflexion, revint sur ses pas.
    — Mademoiselle, je ne sais si je peux. .
    Elle fixait sur lui des yeux interrogateurs. •
    — Vous devez vous apprêter à aller dîner. Me permettez-vous de vous inviter ?
    — La question contient la réponse, n’est-ce pas ?
    Elle affichait un petit sourire amusé.
    — Alors ?
    — Le restaurant du sixième vous convient-il ?
    Mathieu contempla les lieux autour d’eux, puis répond il dans un sourire :
    — Vous devez être lasse de cette grande bâtisse. Je préférerais vous emmener dans un restaurant du quartier.
    — . . Dans ce cas, attendez-moi un instant.
    Elle frappa à la porte de son employeur, allongea la tête dans la pièce.
    — Monsieur Picard, je prendrai un peu plus de temps pour dîner. Vous savez, je reste souvent le soir.
    Le visiteur perçut un : « Bien sûr, bien sûr. Je vous prendrai quand vous reviendrez. » Flavie alla chercher son chapeau sur la patère, le posa sur ses boucles brunes en s’aidant de son reflet dans les grandes fenêtres.
    En la regardant enfiler ses gants, il commenta :
    — Vous avez un patron bien conciliant.
    — N’allez pas croire cela. Quand il faut faire des heures supplémentaires, je n’ai pas voix au chapitre. Et avec tous les chômeurs et toutes les chômeuses dans la Basse-Ville, mieux vaut ne pas protester.

    *****
    Ils marchèrent côte { côte vers l’escalier, descendirent d’un pas vif au milieu de la foule. En mettant le pied sur le trottoir, elle demanda :
    — Où allons-nous ?
    — En venant, j’ai aperçu un petit restaurant, le Cartier, rue de la Couronne. Si cela vous convient, bien sûr.
    — Je connais. Nous y mangerons bien, et le service est rapide.
    Etrangers l’un { l’autre, ils gardaient une attitude gênée, progressant du même pas, mais sans oser se toucher.
    L’établissement se trouvait tout près. Un serveur leur désigna une table près du mur. Les commentaires sur la température clémente les occupèrent un moment. Quand vint le temps de passer la commande, Mathieu remarqua les yeux de sa compagne sur sa main droite. Il fit le geste de chercher dans sa poche.
    — Si vous préférez, dit-il, je peux mettre mon gant.
    — Pourquoi feriez-vous cela ?
    — Certaines personnes n’aiment pas. .
    — Vous n’avez jamais entendu une remarque en ce sens, j’en suis certaine.
    Le jeune homme rougit un peu. Excepté la petite escarmouche survenue
    plusieurs
    semaines
    plus
    tôt
    dans
    un
    débit de boisson clandestin situé { moins d’un demi-mille de l{, personne n’avait formulé la moindre remarque désobligeante.
    — Vous avez raison, admit-il.
    Elle ne détournait pas son regard de la main

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