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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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samedi matin, Fernand stationnait sa voiture près de la grande maison de campagne. Ses enfants les plus âgés et sa mère venaient l’accueillir sur la grande galerie couverte. Jeanne les rejoignait bientôt, le dernier-né dans les bras.
    La dynamique de la maisonnée demeurait étrange. Pour tout observateur, la domestique incarnait l’épouse timide et Eugénie, une cousine maussade invitée par la famille.
    Le cérémonial se répéta le matin du 4 octobre. En acceptant son étreinte, sa vieille mère murmura :
    — Si tu ne me ramènes pas cette fois, je vais devenir une véritable paysanne.
    — Ce ne serait pas une mauvaise idée. Tu parais resplendissante, comme si tu désirais devenir centenaire.
    — Voyons, ne dis pas de sottise.
    Tout de même, son sourire amusé témoignait de l’effet bénéfique de plusieurs semaines au grand air. Antoine, de son côté, une salopette de coton bleu et une chemise à carreaux sur le dos, ses cheveux blonds un peu trop longs, adoptait des allures de cultivateur. Toute la durée des récoltes l’avait tenu sur le qui-vive.
    — De toute façon, continua le notaire, nous allons rentrer demain. Les travaux sont terminés. Même si la maison empeste la peinture et la colle à tapisserie, elle est tout à fait habitable.
    Au fil de la conversation, tout le monde était rentré dans la maison. La fraîcheur automnale les empêchait de rester longtemps { l’extérieur. Eugénie se tenait dans le salon, comme { son habitude. Son mari vint dans l’embrasure de la porte.
    — Je te souhaite le bonjour, ma chère.
    — . . Bonjour.

    — Tu seras sans doute heureuse d’apprendre que nous rentrons à Québec demain. Une demeure plus grande et plus confortable nous attend.
    — J’espère que tu ne me feras pas faux bond, comme il y a deux semaines.
    Fernand se frottait aux dures réalités de la construction.
    La facture se révélait plus salée que ce qui avait été convenu et les délais plus longs. La fin des travaux avait été annoncée
    { plus d’une reprise et, quinze jours plus tôt, il avait planifié une première migration.
    — De nous tous, le propriétaire de cette maison est le seul { mériter de se plaindre. Il n’avait pas prévu faire coucher ses enfants dans le foin jusqu’aux premiers froids.
    Nous partirons demain au début de l’après-midi.
    — Ma valise est prête depuis longtemps.
    — Nous ne partirons pas plus tôt pour autant.
    L’homme revint dans la cuisine. Le temps de cette brève conversation, sa mère avait retrouvé sa place près de la fenêtre, dans une grande chaise berçante.
    — Nous irons faire une longue promenade cet après midi, afin de nous remplir la tête de souvenirs de cette belle campagne.
    — Tu as raison, ces deux mois ont été très agréables, admit la vieille femme. Cela m’a donné le temps de faire la paix avec. . les derniers événements.
    Elle voulait dire avec la mort de son Léon. Elle poursuivit :
    — Je serai très heureuse de retrouver la maison.
    — Tu verras, tu auras une chambre magnifique au rez-de-chaussée, à deux pas du jardin. Puis nous pourrons peut-être revenir l’été prochain. Ce garçon semble déterminé à se muer en un parfait agriculteur.

    Antoine cherchait une veste de toile bleue achetée un peu plus tôt au magasin général. Il vint ensuite se planter devant lui pour déclarer :
    — Papa, tu viens avec moi voir les animaux ?
    — Bien sûr, même s’ils ne doivent pas être très différents de ce qu’ils étaient, la semaine dernière.
    Main dans la main, ils parcoururent le pâturage voisin.

    *****
Même si trois d’entre eux étaient des enfants, la grande Buick ne pouvait accueillir huit passagers. Le retour serait un peu compliqué. Un peu après le dîner, alors que les valises et les malles se trouvaient déjà sur la galerie, un cultivateur de forte stature frappa à la porte, puis entra sans façon.
    — Ah ! Monsieur Fortin, nous vous attendions pour nous mettre en route. Votre dû se trouve sur la table.
    Le propriétaire regarda l’enveloppe contenant le prix de la location, et un petit supplément pour compenser le départ tardif.
    — J’ai été heureux de vous avoir avec nous.
    — Et nous de nous reposer dans votre belle maison.
    — Nous reviendrons l’an prochain, affirma Antoine avec l’assurance que son père ne lui refuserait pas cela.
    Le paysan le toisa avec des yeux amusés. Après l’avoir eu sur les talons si souvent, il avait fini

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