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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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aménager un nouvel escalier en forme de vrille étroite. Elle l’emprunta. Sur le palier, elle découvrit { sa gauche une porte ouvrant sur l’étage de l’ajout { la maison, Fernand s’était aménagé une retraite identique { celle de sa mère quant à la taille, meublée de neuf, avec elle aussi ses fauteuils, un bon lit et de larges étagères pour les livres. Le tout affichait un air masculin à la fois simple et élégant.
    En sortant, Eugénie franchit une autre porte pour rejoindre le corridor. Les pièces lui servant de refuge, toutes du côté droit du couloir, n’avaient pas été touchées. Les trois autres, à gauche, présentaient une allure tout à fait nouvelle, gaie et pimpante, idéale pour des chambres d’enfants.

    La curiosité amena la jeune femme sous les combles. Les chambres des domestiques demeuraient inchangées. Celle qui servait de nursery serait bientôt vide, dès que Charles viendrait se joindre { son frère et sa sœur. Le nouvel escalier se trouvait au fond. Cet aménagement se voyait dans plusieurs grandes maisons bourgeoises: les domestiques pouvaient passer d’un étage { l’autre sans s’imposer { la vue des patrons.
    Elle lui trouva toutefois une fonction bien suspecte.
    Eugénie descendit par là. Au premier, elle s’arrêta brièvement entre deux portes, celle donnant sur le couloir..
    dotée d’une serrure, et celle s’ouvrant sur la nouvelle chambre de son époux.
    « La garce pourra le rejoindre sans que personne ne le sache », ragea la femme trompée.
    Bien sûr, dans une maison où habitaient de jeunes enfants, verrouiller l’accès { un petit escalier en vrille semblait bien raisonnable. Cela permettrait aussi aux domestiques de se déplacer en toute discrétion.

    *****
    Après avoir porté les valises et la malle dans les chambres, Fernand rangea quelques vêtements dans sa garde-robe. Son regard revenait souvent vers les fauteuils couverts de cuir fauve, la petite table, le papier peint d’un brun léger souligné d’un liséré or. Le lit était placé un peu en retrait, dans une alcôve. Le tout donnait à la pièce une allure de garçonnière élégante, confortable. Tous les célibataires de Québec se seraient réjouis d’un aménagement de ce genre.
    Pour un homme marié, cela paraissait étrange.
    Un regard sur la montre à son poignet le sortit de sa rêverie. Le reste de sa famille devait arriver sous peu à la gare, dans la Basse-Ville de Québec. Quand il sortit de sa chambre, il croisa Eugénie à la porte de la sienne.
    — Je suppose que tu es satisfait des nouveaux aménagements, déclara-t-elle d’un ton chargé d’ironie.
    — Oui, je le suis, puisque j’ai expliqué moi-même à l’entrepreneur comment organiser le tout. Les enfants seront en face de tes appartements. Ce sera une bonne occasion de te rapprocher d’eux.
    — Je parlais plutôt de ton refuge, { l’abri des regards.
    Tu te coupes du reste de la famille.
    Elle n’osa pas compléter sa pensée : « Pour te rapprocher de ta maîtresse. » Le notaire la devina sans mal, mais rétorqua plutôt :
    — Tu as raison, cela me donne une retraite discrète.
    Tiens, nous pourrions nous y cacher pour revivre notre lune de miel. Tu me feras savoir quand tu voudras me faire le plaisir d’un
    rapprochement
    intime.
    Pour
    l’instant,
    je
    dois
    récupérer ma mère et mon fils.
    — Et elle aussi.
    — C’est vrai. Je ramènerai aussi la bonne venue avec toi dans cette maison, au moment de notre mariage.
    Sur ces mots, l’homme continua vers le rez-de-chaussée.
    Une demi-heure plus tard, il retrouvait les membres de sa famille assis à une table du restaurant de la gare, une théière et des tasses devant eux.
    — Papa, papa, cria Antoine en se précipitant vers lui, nous sommes passés au-dessus du fleuve.
    — Maintenant, la moitié de la ville est au courant.
    Les badauds jetaient un regard compréhensif au bambin.
    Eux aussi demeuraient toujours très impressionnés par la prouesse technique que constituait l’assemblage de poutres en fer jeté au-dessus du cours d’eau, { une hauteur un peu étourdissante.
    — Tu ne m’avais pas dit que nous aurions { passer sur ce pont, le gronda doucement sa mère. J’ai préféré le chemin emprunté { l’aller.
    Pour se rendre à Saint-Michel, la vieille dame avait traversé le fleuve afin de prendre le train à Lévis.
    — Cela vous a évité une perte de temps.
    — Nous aurions pu tomber.
    — C’est impossible.
    —

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