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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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par apprécier sa compagnie.
    — Alors il faudra arriver un peu plus tôt afin de voir le temps des semailles. Là, tu ne connais que celui des récoltes.
    — Oui, nous allons faire cela, n’est-ce pas, papa ?

    Le notaire lui répondit d’un sourire. Il échangea une poignée de main avec l’agriculteur, puis offrit son bras { sa mère afin de l’aider { se lever. Il commencerait d’abord par un passage à la gare. Quand la vieille dame fut enfin assise sur la banquette avant, Jeanne vint prendre place { l’arrière avec Antoine.
    — J’aurais pu aussi rentrer en voiture, commenta la veuve.
    — Tu trouveras sans doute le voyage plus confortable dans le train. Sur une si longue distance, les cahots de la route deviennent rapidement lassants.
    Elle n’insista pas, d’autant que peu après, un nid-de-poule lui valut une douleur sourde au bas des reins. Un peu plus tard, le petit groupe se retrouvait dans la salle d’attente minuscule de la gare. Fernand alla acheter les billets de première classe, pour les remettre à Jeanne.
    — J’irai vous chercher tout { l’heure { Québec.
    — Nous vous attendrons dans le petit restaurant.
    Environ un an plus tôt, ils y avaient attendu le train en partance pour Charlevoix, alors que la jeune domestique accompagnait son frère vers son dernier repos, l'homme hocha la tête.
    — Antoine, tu devras bien prendre soin de ta grand-mère et de Jeanne.
    — Oui, papa.
    La responsabilité l’amena { adopter un air sérieux.

    *****
En repassant à la maison de campagne, Fernand put mettre les plus petites valises dans le coffre et la malle sur le toit de la voiture. Un moment plus tard, la vieille gouvernante, le petit
    Charles
    dans
    les
    bras,
    poussait
    Béatrice
    à
    monter { l’arrière, puis s’installait près d’elle. Eugénie montait { l’avant, préparée { un long trajet silencieux.
    Plus de deux heures plus tard, la voiture s’arrêtait près de la grande maison de la rue Scott.
    — Us n’ont pas encore terminé, pesta l’épouse d’un ton plein de reproches.
    Des pièces en bois, des briques, et même des sacs de ciment et du sable tramaient encore sur la pelouse, à peu de distance du trottoir.
    — Les ouvriers devaient terminer les travaux hier. Ils viendront tout nettoyer au début de la semaine.
    Elle descendit sans prononcer un mot, attendit qu’il ouvre le coffre pour récupérer un minuscule sac de voyage et se diriger vers la maison.
    En descendant à son tour, la vieille gouvernante déclara :
    — Je dois rentrer tout de suite. Charles. .
    Le plus jeune réclamait ses soins. Depuis l’arrivée à la traverse de Lévis, il répandait une odeur ne laissant pas de doute sur l’état de son système digestif. Béatrice leur emboîta le pas en se pinçant le nez avec deux doigts.
    — Bon, grommela Fernand en contemplant le lourd bagage attaché sur le toit, me voilà condamné à rentrer cela tout seul.
    A l’intérieur, Eugénie avait ouvert successivement les portes du petit bureau, occupé depuis quelques semaines par un clerc, et du plus grand, le territoire de son mari depuis la mort de son père. Les deux pièces avaient été à peine rafraîchies. De toute façon, les boiseries sombres, les vieux meubles et les étagères débordant de livres convenaient bien à leur profession.
    Le salon et la salle à manger avaient été conservés intacts.

    Toutefois, la cuisine se trouvait moins grande qu’autrefois.
    Une première porte permettait d’accéder { une grande terrasse rectangulaire. Une seconde ouverture conduisait à l’ajout { la maison. La jeune femme la poussa pour parvenir dans une pièce vaste et bien éclairée, sentant la peinture fraîche et le papier peint posé depuis trois jours tout au plus.
    Le lit, la commode, le prie-Dieu avaient été descendus du premier étage. Deux fauteuils placés de part et d’autre d’une petite table procureraient à la vieille dame un refuge douillet, juste assez éloigné du corps du logis principal pour la préserver d’une progéniture parfois turbulente. Une petite pièce découpée dans la plus grande abritait une salle de bain complète.
    — La belle-mère a maintenant un petit logis bien à elle, à deux pas de son fils bien-aimé.
    La bru ne s’en réjouissait pas. Cela signifiait que l’aïeule ne quitterait les lieux qu’{ son décès.
    Eugénie revint vers la cuisine, pour se rendre compte d’un changement important. L’espace avait été réduit pour

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