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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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elle est assez.. disons intense. Je le suis un peu aussi, à ma façon. Alors, il est heureux que dans le monde, certaines personnes voient la vie d’une façon un peu plus. . sereine.
    Quelques minutes plus tard, assis près d’une fenêtre, le couple discutait de l’ampleur de l’avance d’Ernest Lapointe.
    Personne dans le comté n’imaginait un autre scénario que celui d’une victoire retentissante.

    *****
L’hôtel Saint-Roch avait une réputation un peu sulfureuse dans la Basse-Ville. Propriété d’un colonel canadien-français, vétéran de la Grande Guerre, il se dressait { l’angle des rues Saint-Joseph et de la Couronne, près du site de l’ancien marché Jacques-Cartier. Une grande salle permettait à des troupes de théâtre, des chanteurs, des chanteuses ou des orchestres de se produire devant les notables du quartier ou les ouvriers capables de payer le prix d’entrée.
    Edouard prenait place devant le maître de la journée.
    Son visage tout rond, souligné d’une petite moustache, souriait d’aise.
    — Je suis heureux d’avoir pu compter sur vous, se réjouit Ernest Lapointe. Je suis majoritaire dans tous les bureaux de scrutin, sauf ceux de Limoilou.
    — C’est dommage, mais François-Xavier vient de ce coin-l{. Ses voisins l’ont appuyé.
    François-Xavier Galibois n’avait pas fait si mauvaise figure, grâce à ses relations de bon voisinage. Tout de même, il perdrait son dépôt.
    — Le printemps dernier, je me réjouissais que votre père ait accepté de travailler à ma campagne électorale. Vous l’avez remplacé haut la main.
    — Le plus délicat était d’écarter les personnes de la Basse-Ville désireuses de succéder au grand Laurier dans ce comté. Si un marchand ou un professionnel de bonne réputation s’était entiché de l’idée de se présenter, les choses auraient été différentes.
    Le jeune marchand tenait à ce que son candidat mesure toute l’étendue de sa dette à son égard. Un jour, cela lui vaudrait un renvoi d’ascenseur.
    —-Je vous suis reconnaissant de vos efforts. Vous avec été très. . efficace.
    L’homme lui adressa un sourire narquois.
    — Le travail très discret de Louis-Alexandre Taschereau a été remarquable.

    Edouard se sentait suffisamment fier de ses efforts personnels pour reconnaître généreusement ceux des autres. Le nouveau procureur général jouait gros : premier collaborateur de Lomer Gouin, dauphin de celui-ci, il soutenait, en coulisse,
    son
    principal
    rival.
    Assis
    entre
    deux
    chaises de cette façon, il risquait de choir.
    — Je sais. Taschereau a découragé les ambitieux de la Haute-Ville imbus d’eux-mêmes de faire campagne ici, et vous vous êtes occupé de ceux de la Basse-Ville. Vous faisiez une bonne équipe.
    Le jeune homme se gonfla d’orgueil. Sur la scène politique aussi, il arrivait à remplir les très grandes chaussures de Thomas. Bien sûr, son paternel se dévouait pour le plus grand Canadien français de l’histoire. Edouard se contentait de servir le nouveau chef du Parti libéral canadien, William Lyon Mackenzie King, et le prétendant au poste de lieutenant de langue française de celui-ci. Une plus grande dose de calcul devait compenser l’absence d’une admiration béate
    { l’égard d’un être exceptionnel.
    Les deux hommes se trouvaient dans la salle de spectacle de l’hôtel, une tasse { la main. Une cinquantaine de « travailleurs d’élection»
    se
    trouvaient
    l{
    aussi,
    des
    rubans
    rouges accrochés à leurs vêtements afin de souligner leur engagement. Cinq ou six femmes participaient aux festivités. Ces militantes
    s’étaient
    dévouées
    pour
    amener
    leurs
    consœurs { pencher «du bon bord». Seulement soixante pour cent des personnes inscrites sur les listes électorales s’étaient prévalues de leur droit de vote, les femmes en aussi grande proportion que les hommes. Cela seul représentait une victoire historique.
    — Borden a pris son temps pour déclencher cette partielle, remarqua
    Edouard.
    Wilfrid
    Laurier
    est
    mort
    en

    février, nous sommes le 27 octobre. Neuf longs mois.
    — Je ne lui en veux pas, bien au contraire. Cela nous a donné le temps de nous organiser. Il devra maintenant en tenir une autre dans Kamouraska, le comté que j’ai abandonné pour venir me présenter ici.
    — Vous croyez que ce sera difficile de faire passer un libéral là-bas?
    — Vous voulez rire. Le candidat sera élu par acclamation,

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