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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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ces
prisons avant d’être conduite à l’hôpital de Valence, écrit :
« Comme la basse-fosse était un mauvais séjour extrêmement
humide, je tirai du venin tellement que je tombai dans une grande
maladie, car j’étais détenue d’une fièvre chaude… Il me sortit
derechef un venin à la jambe droite, elle était si défigurée à
cause du venin que j’avais tiré de ces lieux humides qu’on croyait
qu’il faudrait la couper. »
    Mesuard dépeint ainsi sa prison de la
Rochelle : « Étant dans ce triste lieu au plus fort de
l’hiver, qu’il ne cesse de pleuvoir, du côté du soleil levant la
mer y montait, et comme ce cachot n’est qu’une voûte, l’eau y
entrait en chaque fente de pierre, dégouttant sans cesse. Enfin
nous étions entre deux eaux ; il pleuvait partout, jusque sur
notre lit qui était exposé sur le peu de paille par terre ;
ayant aussi les latrines au même lieu qui
empoisonnaient. »
    À Aigues-Mortes, le froid, l’humidité et le
mauvais air firent mourir seize prisonniers en six mois. À Saint-Maix ent, plusieurs
malheureux périrent ayant de la boue jusqu’aux genoux. À Nîmes,
raconte le huguenot Jean Nissolle, pour augmenter l’horreur du
cachot sale et puant où l’on enfermait les prisonniers, on y fit
couler l’ordure des lieux.
    Partout les prisonniers, dévorés par la
vermine, souffrant du froid et du mauvais air, étaient encore
exposés à mourir de faim, par suite de la rapacité de leurs
geôliers. Les prisons étaient affermées et faisaient partie des
domaines de l’État
productifs de revenus
, en sorte que
c’était sur le prix alloué aux geôliers à chaque entrée nouvelle,
que devait se prélever le montant de leur bail. Une pareille
obligation annulait en fait tous les règlements destinés à protéger
un détenu contre des spéculations
meurtrières ;
aussi,
en 1665, un geôlier avait-il été condamné à mort pour avoir laissé
mourir de faim un prisonnier.
    Les commandants des châteaux forts, de même
que les geôliers, économisaient le plus qu’ils pouvaient sur les
pensions qui leur étaient attribuées pour leurs prisonniers.
M. de Coursy, gouverneur du château de Ham, par exemple,
fut sévèrement admonesté par le ministre, pour ne donner à un
détenu que six sous par jour pour sa nourriture, alors que le roi
avait fixé à trente sous la pension journalière de ce détenu, et le
laisser
tout nu et manquant de toutes choses.
    Farie de Garlin, huguenot détenu à la
Bastille, passe onze ans dans une des chambres basses des tours du
château appelées
calottes
et, après avoir usé et pourri le
peu de vêtements et la seule chemise qu’il avait sur le corps, en
est réduit à se couvrir uniquement de la mauvaise courtepointe qui
était sur son lit.
    Le gouverneur de la Bastille économisait
terriblement, on le voit, sur les dépenses d’habillements de ses
prisonniers.
    En 1765, des prisonnières huguenotes détenues
depuis dix-huit ans dans les prisons de Bordeaux adressent une
requête à M. de la Vrillière pour obtenir leur mise en
liberté, elles font valoir que deux d’entre elles, âgées de
quatre-vingts à quatre-vingt-deux sont
imbéciles
depuis
plus de dix années. La Vrillière, ordonne d’attendre pour les plus
jeunes, mais de relâcher les plus âgées. Le geôlier refuse de
libérer ses prisonnières, sous prétexte
des droits de gîte et
de geôle
qui lui sont dus par elles ; il faut que
constatation soit faite que ces prisonnières
n’ont pas de
bien
pour que ce geôlier rapace consente enfin à leur ouvrir
les portes de la prison, en se contentant d’une très légère somme.
Il semblait si naturel de grappiller sur les sommes allouées pour
l’entretien et la subsistance des prisonniers, que, à l’occasion
d’une accusation de malversation dans la distribution du pain des
prisonniers, dirigée contre les officiers de la maréchaussée de
Toulon, l’intendant de la marine objecte
naïvement
qu’il a
toujours été d’usage, d’employer les économies faites sur les fonds
alloués pour le pain des prisonniers, aux réparations du Palais et
à diverses menues dépenses.
    On lit dans une relation sur la prison
d’Aigues-Mortes : « On demeura
quelques jours
sans rien donner à quatre d’entre nous. Les autres prisonniers nous
firent part de leur pain pendant ce temps. Il y avait quatre portes
à passer, d’eux à nous ; au milieu il y avait un appartement
où était un de nos frères

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