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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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taire et accroupi sur le lit observait sa plongée. Adalbert avait vu juste : au bout d’un instant on traversait toute la hauteur du salon qu’il avait décrit et dont le tapis avait été repoussé. Il était à peine éclairé par la lumière passant par la double porte ouverte mais suffisamment pour voir l’ouverture rectangulaire et noire découpée dans le parquet. La tentation fut grande de sauter à terre. On était au rez-de-chaussée et, de là, il était facile de filer en ouvrant une fenêtre. Les bruits intérieurs se calmaient, allaient en décroissant. Ricci et ses fidèles étaient peut-être déjà en route pour rejoindre le Médicis . À la crispation du visage d’Adalbert, Aldo comprit que leurs pensées étaient à l’unisson : la liberté, le retour à la vie étaient à portée de main… mais alors monta du sous-sol une longue plainte plus déchirante qu’un cri et les deux hommes se secouèrent d’un même mouvement comme pour chasser un mauvais rêve. L’étrange ascenseur poursuivit sa descente…
    Elle s’acheva au niveau d’un couloir faiblement éclairé par une applique en bronze fixée au mur menant à une porte entrouverte derrière laquelle il y avait de la lumière. À pas de loup, Aldo et Adalbert s’en approchèrent. On n’entendait plus que des sanglots mêlés de gémissements. Aldo poussa le battant avec d’infinies précautions dévoilant peu à peu la salle qu’il avait pu entrevoir au moyen d’une étroite glace sans tain depuis une cave située à l’autre extrémité de la maison. En fait le grand caveau aux voûtes arrondies devait, à longueur égale, se trouver sous la terrasse d’où les invités avaient contemplé le feu d’artifice.
    C’était une salle splendide, rythmée autour de quatre portraits en pied, trois femmes et un homme, alternant avec des tapisseries précieuses et de hautes bibliothèques. Les trois femmes se ressemblaient par le visage et le costume. Bianca Capello, d’après le Bronzino, était la première, les deux autres devaient être Maddalena Brandini et Anna Langdon habillées et coiffées à peu près comme elle. L’homme dont l’effigie surmontait une espèce d’autel bas éclairé par quatre candélabres chargés de cierges flambants avait fière mine sous un manteau ducal du XVI e siècle mais aucun des deux arrivants n’y prêta attention, horrifiés qu’ils étaient par le spectacle hallucinant qu’ils découvraient : écartelée plus qu’étendue sur l’autel, ses bras et ses jambes attachées aux quatre chimères de bronze placées autour, Hilary subissait l’assaut brutal d’un être monstrueux dont la figure était, à elle seule, un cauchemar vivant et dont le corps blême avait quelque chose de sépulcral. Pour étouffer ses cris on avait bâillonné la malheureuse qui gémissait autant des coups de reins de son bourreau que des blessures causées par les gants terminés par des griffes de fer dont il meurtrissait les épaules où il s’accrochait. Le sang coulait qu’une petite femme drapée de noir agenouillée auprès d’elle essuyait au fur et à mesure en chantonnant bouche fermée une obsédante mélopée…
    Sans penser un seul instant qu’il allait attirer les valets du démon Aldo leva son arme, fit feu au moment précis où le violeur se redressait avec un râle de triomphe. La balle l’atteignit en pleine tête et il s’écroula sur le corps de sa victime.
    Le cri de la femme agenouillée fit écho au sien. Relevée à la vitesse d’un serpent, elle tira de sa robe un coutelas, bondit à la gorge d’Hilary dont elle empoigna les cheveux la lame tendue vers la gorge de la jeune femme. La seconde balle d’Aldo la cueillit au vol et elle s’affaissa sur le sol.
    — T’en reste plus que deux ! constata Adalbert. Et on ne sait pas combien d’ennemis on va voir surgir…
    — Avec ce que tu as on devrait pouvoir faire face ! Et pour ce qui est des reproches, tu repasseras ! Aide-moi plutôt !
    — Mais je ne te reproche rien ! J’admire au contraire ! Quel coup d’œil ! Je ne sais pas si j’aurais osé. Tu tires mieux que moi…
    Le misérable Cesare était grand et lourd. À eux deux ils l’arrachèrent du corps, inerte à présent, d’Hilary pour le rejeter à terre au pied d’un candélabre où les ravages de sa face apparurent en pleine lumière. C’était tellement hideux qu’Aldo ne put s’empêcher de remarquer :
    — Il y a de quoi rendre fou

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