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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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où deux énormes bouquets de roses rouges, à peu près identiques, se faisaient face sur des consoles jumelles, Pauline alluma une cigarette qu’elle fixa au bout d’un mince tube d’or avant d’en désigner les deux buissons pourpres et embaumés :
    — Elles sont magnifiques, dit-elle, et je ne vous ai pas encore remerciés. Comment avez-vous deviné, chacun de votre côté, que les roses rouges ont ma préférence ?
    — Aucune autre ne me semblait digne de vous, dit Vauxbrun avec un regard appuyé cependant que Morosini se contentait d’assurer qu’elles allaient parfaitement avec leur hôtesse avant de demander :
    — Votre maison tout entière vous ressemble. Nous ferez-vous la grâce de nous montrer votre atelier ?
    — Non. N’y voyez pas offense mais je n’ai encore accordé à personne le droit d’y entrer et j’en fais moi-même le ménage… quand j’y pense !
    — Il vous arrive pourtant d’exposer vos œuvres, dit l’antiquaire en désignant une étrange statue de grès évoquant une femme agenouillée au visage aveugle où se retrouvait la manière cycladique. Je sais que celle-ci est de vous.
    — Je ne pensais pas que vous me connaissiez si bien ! J’expose, il est vrai, très rarement et toujours pour une œuvre charitable. Quant à mon atelier il est l’endroit où je m’abandonne à tous mes instincts, à tous mes élans, tous les tourments de la création. Et cela n’appartient qu’à moi seule ! Laissez-moi le droit de conserver un certain mystère ! Ces roses sont le signe que vous en avez peut-être découvert une bribe. Souffrez que je garde le reste mais leur compagnie me permettra de penser à vous quand vous serez partis…
    Gilles Vauxbrun brûlait d’envie de lui demander à qui elle penserait le plus mais n’osa pas. C’était déjà assez désagréable d’avoir découvert qu’Aldo et lui avaient envoyé les mêmes fleurs. Il craignait une réponse peu conforme à ses vœux mais se rasséréna, quand au moment du départ et tandis qu’il baisait sa main avec dévotion, Pauline murmura :
    — Ne permettez pas à Diana Lowell de vous accaparer trop longtemps et surtout ne lui dites pas que nous sommes amis. Elle ne vous lâcherait plus… et j’en serais désolée !
    Pour Aldo, elle se contenta d’un « Prenez soin de vous ! » plutôt bref qui acheva d’enchanter son amoureux. Aussi déborda-t-il de sollicitude quand, de retour au Plaza, Aldo trouva une lettre éplorée de Marie-Angéline du Plan-Crépin : Madame de Sommières était au lit avec une grosse bronchite et le voyage outre-Atlantique était à l’eau. Sans grand espoir d’être réactualisé « Nous avons pris froid au cours des trois jours que nous venons de passer à Maintenon chez les Noailles où nous avons tenu à faire une longue promenade sans parapluie en dépit des prévisions du jardinier en chef. Nous avons été trempée et nous avons refusé de nous aliter au château. Vous savez, mon cher Aldo, comme nous sommes ! Nous avons donc enjoint à Lucien de nous ramener à Paris où nous avons tout de même consenti à nous coucher avec une forte fièvre. Si forte que le Professeur Dieulafoy redoute une broncho-pneumonie qui à notre âge pourrait être fatale. Je ne saurais vous dire à quel point je suis inquiète. D’habitude nous ne supportons guère de devoir rester au lit mais cette fois nous n’opposons aucune résistance… »
    À travers le style si personnel de Marie-Angéline, une véritable angoisse se faisait sentir effaçant le regret du beau voyage qu’elle se promettait joint au plaisir de retrouver Aldo et de se mêler un peu d’une de ses passionnantes affaires. Une peur douloureuse de voir partir la vieille dame que tout son entourage s’était habitué à considérer comme indestructible. Une peur qu’Aldo ressentit avec une acuité qui le fit pâlir. Il devinait un appel au secours même si celui-ci n’était pas formulé.
    — Elle est peut-être déjà… pensa-t-il tout haut sans se résoudre à prononcer le mot fatal. Cette lettre date de près d’une semaine…
    — Si c’était le cas Marie-Angéline t’aurait envoyé un télégramme relayé par radio ou par le câble anglais qui fonctionne. Réfléchis : avant de t’appeler au secours elle aurait alerté Lisa…
    — Tu as sans doute raison mais je me demande quand même si je ne devrais pas repartir avec l’ Île-de-France . Si le pire se produisait et que je me trouve

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