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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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un hennissement désespéré, Chancery fit un écart qui faillit me désarçonner. Toky lança un rapide coup d’œil à la ronde. Dans la rue, les volets s’ouvraient en claquant ; un groupe d’hommes était apparu devant la porte d’une auberge en haut de la rue. Je tirai sur les rênes et Chancery se dirigea vers eux en titubant, perdant son sang. Wright avait rejoint Toky, mais il y avait maintenant la moitié de la rue entre nous. Le soleil étincelait sur le poignard de Toky.
    « Qu’est-ce qui se passe ? Holà, constable ! » cria une voix. Les clients de l’auberge sortirent dans la rue et des têtes craintives commencèrent à apparaître aux fenêtres. Voyant cela, Toky m’adressa un autre regard meurtrier, puis tourna le dos et détala vers l’autre bout de la rue, Wright sur les talons. Les clients de l’auberge s’approchèrent de Chancery, qui tremblait de la tête aux pieds.
    L’aubergiste s’approcha de moi. « Vous n’êtes pas blessé, l’ami ?
    — Non, je vous remercie.
    — Morbleu ! que s’est-il passé ? Votre cheval a une belle plaie.
    — Il faut que je le ramène à la maison », dis-je. Or, au même moment, Chancery frissonna et s’affaissa sur les genoux. J’eus à peine le temps de sauter à terre avant qu’il ne s’effondre sur le flanc. Je regardai le sang qui coulait sur les pavés ronds et poussiéreux, et pensai qu’il avait tenu à peu de chose que ce fût le mien. Je regardai les yeux de mon cheval, mais ils étaient déjà vitreux. Mon vieux compagnon était mort.

25
    Q uelques heures plus tard , alors que la chaleur commençait à décroître, j’étais assis à l’ombre d’une treille dans mon jardin. Après ma rencontre avec Toky et Wright, j’étais rentré chez moi, non sans avoir au préalable pris les dispositions nécessaires pour faire enlever le corps de Chancery. J’avais dit à la foule que j’avais été attaqué, ce qui avait provoqué des murmures hostiles contre les habitants de l’ancien monastère. L’aubergiste avait insisté pour qu’on envoie chercher une charrette afin d’enlever le corps du cheval qui bloquait la rue, et que je paie le déplacement. Lorsque la charrette était arrivée, j’avais dû résister à la tentation ridicule de dire au conducteur de ramener le corps de Chancery chez moi. Mais qu’en aurais-je fait ? Lorsqu’on le chargea sur l’attelage à destination des abattoirs, je ravalai mes larmes et descendis vers la Tamise pour prendre un bateau. Inutile pour l’heure de me rendre chez lady Honor. J’étais trop sale pour me présenter à la Maison de verre, et j’avais toujours les jambes flageolantes.
    Je fermai les yeux en me rappelant le regard soudain figé de Chancery. C’était la stupeur autant que la perte de sang qui l’avait tué, et je m’en voulais. Pendant des jours, je lui avais fait sillonner Londres en pleine chaleur et le pauvre animal, toujours calme et docile, s’était dépensé au-delà de ses forces. Le jeune Simon se mit à pleurer quand je lui appris la mort de Chancery. Je ne me doutais pas qu’il lui était si attaché, lui qui semblait n’avoir d’yeux que pour la jument de Barak.
    Je me rappelai le jour où j’avais fait l’acquisition de Chancery. Je venais d’arriver à Londres, et c’était le premier cheval que j’achetais de mes deniers. Je me souvenais de la fierté que j’avaiséprouvée en sortant de l’écurie avec le bel animal blanc aux larges paturons, qui s’était montré très doux depuis le début. Je m’étais promis de le mettre au pré, mais jamais il ne jouirait de ces dernières années dans le verger situé derrière mon jardin. Les larmes me montèrent à nouveau aux yeux.
    J’entendis tousser à côté de moi et, me retournant, vis Barak. Couvert de poussière, il paraissait avoir chaud.
    « Que s’est-il passé ? Le petit me dit que votre cheval est mort. »
    Je lui racontai l’agression. Les sourcils froncés, il s’assit près de moi. « Diable ! Encore une mauvaise nouvelle à annoncer au comte demain. Comment ont-ils su que vous deviez aller là-bas ? » Il réfléchit quelques instants. « St Michael appartient à Bealknap. Ce qui laisse supposer qu’il n’est pas étranger à l’affaire. »
    Je secouai la tête. « Bealknap ne pouvait savoir que j’avais l’intention d’y aller aujourd’hui. Non, je pense que Toky m’a suivi à nouveau. Je n’ai pas surveillé mes arrières comme j’aurais dû. J’ai été

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