Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
Vom Netzwerk:
femme en train de se soulever sur les coudes. Elle hocha solennellement la tête.
    « Elle ne parlera pas, messieurs, dit-elle d’une voix éraillée. Je suis arrivée il y a trois jours et elle n’a pas desserré les dents.
    — Pourquoi êtes-vous ici ? demandai-je.
    — On est accusés d’avoir volé un cheval, mon fils et moi. On doit passer en jugement samedi aussi. » Elle soupira et passa sa langue sur ses lèvres craquelées. « Vous n’auriez pas quelque chose à boire, monsieur ? Ne serait-ce que de la bière allongée d’eau ?
    — Non, je suis désolé. »
    Elle jeta un regard en direction d’Elizabeth. « On dit qu’elle est possédée, celle-là, et qu’un démon la tient. » Elle eut un rire amer. « Mais démon ou pas, c’est pareil pour le bourreau. »
    Je me retournai vers Joseph. « Je crois que nous n’obtiendrons rien de plus. Allons-nous-en. » Je le conduisis à la porte et frappai. Elle s’ouvrit aussitôt. Le guichetier devait avoir gardé l’oreille collée à l’huis. Je jetai un coup d’œil dans le cachot : Elizabeth était toujours allongée, immobile.
    « La vieille a raison, dit le guichetier en refermant à clef derrière nous. Cette fille est possédée par le démon.
    — Alors méfiez-vous quand vous la montrez aux curieux par le guichet, lançai-je. Elle pourrait se changer en corbeau et les attaquer. »
    Une minute plus tard, Joseph et moi étions à l’air libre, clignant des yeux au soleil. Nous regagnâmes la taverne, où je posai une pinte de bière en face de lui.
    « Combien de fois êtes-vous allé la voir depuis qu’elle est emprisonnée ? demandai-je.
    — Aujourd’hui, c’est ma quatrième visite. Et chaque fois, elle reste là, inerte comme une pierre.
    — Ma foi, je ne peux pas lui faire entendre raison. J’avoue que je n’ai jamais rien vu de semblable.
    — Vous avez agi pour le mieux, messire, lança-t-il d’un ton déçu.
    — Même si elle était jugée coupable, ajoutai-je en tambourinant des doigts sur la table, on pourrait trouver un moyen de lui éviter la pendaison. On pourrait persuader le jury qu’elle est folle ; elle pourrait même dire qu’elle est enceinte, si bien qu’on ne pourrait l’exécuter avant la naissance de l’enfant. Cela permettrait de gagner du temps.
    — Du temps pour quoi, messire ?
    — Pour enquêter, pour découvrir ce qui s’est vraiment passé. »
    Il se pencha vers moi avec un empressement tel qu’il faillit renverser sa chope. « Vous la croyez innocente, alors ? »
    Je le regardai en face : « Vous-même êtes convaincu de son innocence, alors que la façon dont elle vous traite est bien cruelle en vérité.
    — Je la crois innocente parce que je la connais. Et parce que, quand je la vois ici, je me dis que la fille que j’ai devant moi est… » Il chercha ses mots.
    « La victime d’une odieuse injustice plutôt que l’auteur d’un crime odieux ? suggérai-je.
    — Oui ! s’exclama-t-il. C’est exactement cela. Vous avez le même sentiment ?
    — Assurément. » Je le regardai sans ciller. « Mais ni votre sentiment ni le mien n’ont valeur de preuve, Joseph. Et nous nous trompons peut-être. Il n’est pas bon qu’un avocat s’appuie sur l’instinct dans son travail. Seuls le détachement et la raison doivent le guider. Je parle d’expérience.
    — Que faire, messire ?
    — Il faut que vous alliez la voir tous les jours d’ici samedi. Je ne pense pas qu’on puisse la convaincre de parler, mais cela luimontrera qu’elle n’est pas oubliée, et je crois que c’est important, même si elle nous ignore. Si elle dit quoi que ce soit ou si elle change de comportement, prévenez-moi, et je reviendrai.
    — Comptez sur moi, messire.
    — Et si elle continue à se taire, je me présenterai devant la cour samedi. Je ne sais pas si Forbizer acceptera de m’entendre, mais je m’efforcerai de faire valoir que sa raison est ébranlée…
    — Dieu sait qu’elle doit l’être. Elle n’a aucune raison de me traiter comme elle le fait. À moins — il hésita —, à moins que la vieille n’ait vu juste.
    — Il ne faut pas penser ainsi, Joseph. J’essaierai de faire valoir que c’est à un jury de décider si elle est ou non saine d’esprit. Je suis certain qu’il existe des précédents, encore que Forbizer ne soit pas obligé d’en tenir compte. Mais là encore, cela nous permettrait de gagner du temps. » Je le regardai, la mine grave. « Je ne crois pas trop en nos chances

Weitere Kostenlose Bücher