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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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alors j’ai tout recraché sur la table. C’était l’hiver, il faisait nuit et il y avait des bougies allumées dessus. Le liquide a touché la bougie, qui s’est renversée et alors… Seigneur !
    — Quoi donc ?
    — La table a pris feu. Le liquide aurait dû éteindre la chandelle, mais toute la table s’est mise à flamber. Une étrange flamme bleue. Tout le monde paniquait dans la taverne. Les gens criaient et se signaient. Et puis le feu s’est éteint aussi vite qu’il avait pris, sans laisser de marque sur la table. C’était celle-ci, au reste. » Il posa la main sur la table toute rayée qui, cependant, ne portait aucune trace de brûlure.
    « On aurait cru à de la sorcellerie, dit Hal. Après ça, j’ai jeté le reste. »
    Je fronçai les sourcils. « Vous dites que c’était l’hiver ?
    — Janvier. Je me souviens que cela ne nous disait guère de remonter toute la côte jusqu’au nord par gros temps.
    — Quand le dénommé Toky s’est-il manifesté ? »
    Le regard de Miller se fit à nouveau méfiant. « Plus tard dans le mois, quand nous sommes redescendus de Newcastle. Vous savez, elle avait circulé, cette histoire d’une boisson étrangère qui prenait feu. Toky a débarqué ici un soir avec un autre homme, un grand gaillard. Il est entré comme s’il était chez lui et est venu à notretable. Le grand avait une hache, et la moitié des clients ont déguerpi en la voyant. Il a dit qu’on l’avait chargé de se procurer de ce liquide, et que son maître paierait bien.
    — Il n’a pas dit qui était son maître ?
    — Non, et nous ne le lui avons pas demandé. Au début, il ne m’a pas cru quand je lui ai dit que j’avais jeté la bouteille dans l’eau du bassin de Queenhithe, et il m’a menacé, mais je lui ai donné l’adresse du capitaine Fenchurch et il est parti. J’ai regretté ensuite de l’avoir fait, mais j’avais eu peur. Plus tard, quand je me suis renseigné auprès d’un des domestiques de Fenchurch, à qui son maître avait confié qu’il avait réussi à vendre le baril, j’ai appris qu’il avait fait un joli profit.
    — À qui l’a-t-il vendu ?
    — Le domestique ne savait rien de plus. J’ai supposé que c’était au grêlé.
    — Marchamount ? Bealknap ? Bryanston ? L’un de ces noms vous évoque-t-il quelque chose ? » Je m’abstins d’ajouter Norfolk ou Rich, car tout le monde à Londres les connaissait.
    « Non, messire, je suis au regret.
    — Où vit le capitaine Fenchurch ?
    — À Bishopsgate Road. Mais il est en mer à nouveau, dit l’homme en secouant la tête. Il s’est embarqué sur un navire en partance pour la Suède. Il m’a bien proposé de partir avec lui, mais j’en ai assez de ces maudits pays. Il ne reviendra pas avant l’automne. »
    Au moins, il n’avait pas été assassiné. « Je vous remercie quand même. » Sur un signe de tête de ma part, Barak sortit sa bourse et donna quelques pièces à Miller. « Si vous vous souvenez d’autre chose, dit-il, vous pouvez me faire mander par l’intermédiaire de l’aubergiste. »
    Je sortis le premier de la taverne et m’arrêtai à quelque distance. La grue de Vintry Wharf se détachait sur le ciel éclairé par la lune comme le cou d’un gigantesque cygne. Je regardai le fleuve obscur.
    « Nous voilà une fois de plus Gros-Jean comme devant, dit Barak. Si seulement ce gueux de capitaine n’était pas reparti !
    — Réfléchissez aux dates, Barak. Miller met tout le monde en émoi dans la taverne en janvier. Trois mois après la découverte du feu grégeois à St Bartholomew, mais deux mois avant que les Gristwood ne fassent une démarche auprès de Bealknap pour qu’il leur obtienne l’accès à Cromwell. Qu’ont-ils fait pendant ces mois-là ?
    — Ils ont construit l’appareil et l’ont essayé ?
    — Sans doute.
    — Et ils ont essayé de fabriquer du feu grégeois en utilisant la formule ? La boisson polonaise devait entrer dans sa composition, dit Barak, dont la curiosité sembla se réveiller.
    — Ou peut-être ont-ils entendu parler du liquide qui s’enflammait et ont-ils envoyé Toky pour essayer de s’en procurer afin de voir s’ils pouvaient l’utiliser.
    — Mais ils devaient connaître les composants dont ils avaient besoin. Ils avaient la formule.
    — C’est ce que l’on peut supposer. Ainsi le commanditaire de Toky, quelle que soit son identité, a été très tôt au courant de l’affaire. Il travaillait avec les Gristwood. Des mois avant

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