Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
Vom Netzwerk:
épouse comme la Clèves. Mais, s’il épouse la nièce de Norfolk, les Howard auront ma tête et l’Angleterre retrouvera le joug de Rome.
    — Alors, tout ce qui se sera passé ces dix dernières années, toutes ces souffrances et ces morts auront été inutiles, dis-je lentement.
    — Pis encore. Pour éliminer les réformateurs, on organisera des purges au regard desquelles l’inquisition de Thomas More fera figure d’aimable plaisanterie. » Il serra les poings, puis se leva et alla se poster devant la fenêtre, regardant la pelouse. « Je m’efforce de les discréditer, de découvrir des intrigues papistes. J’ai fait arrêter lord Lisle ; l’évêque Sampson aussi, qui est enfermé dans la Tour. Il a subi le chevalet. Mais je ne découvre rien, rien. » Il se tourna et me fit face. « Sur ces entrefaites, j’ai parlé au roi du feu grégeois. Il est impatient d’en voir la démonstration, lui qui adore les armes de guerre, surtout les bateaux de guerre. Il aimerait que nous fassions de la flotte anglaise la plus puissante du monde, et que nous débarrassions les côtes du sud des Français. Il me regarde à nouveau avec faveur. » Cromwell serra les poings encore plus fort. « Une puissance étrangère paierait cher pour avoir cette formule. J’installe des espions chez les ambassadeurs, je fais surveiller tous les ports. Matthew, il faut que je remette la main sur cette formule avant la démonstration. Nous sommes le vingt-neuf mai. Nous n’avons que douze jours pleins. »
    À ma grande surprise, j’éprouvai une étrange émotion vis-à-vis de Thomas Cromwell : de la compassion. Mais je me souvins que c’est lorsqu’une créature est aux abois qu’elle est le plus redoutable.
    Il glissa la miniature dans la poche de sa robe. « Michael Gristwood a dû passer par trois intermédiaires pour parvenir jusqu’à moi. Ils sont les seuls à part nous à connaître l’existence du feu grégeois. Deux sont des avocats, des hommes que vous côtoyez à Lincoln’s Inn. Il s’est adressé d’abord à Stephen Bealknap…
    — Oh non ! Grand Dieu ! C’est la dernière personne en qui on peut avoir confiance. Par-dessus le marché, ils ont eu des mots.
    — Je l’ai entendu dire. Ils ont dû se raccommoder.
    — Je plaide contre Bealknap dans une affaire en cours. »
    Cromwell hocha la tête. « Remporterez-vous ce procès ?
    — Oui, s’il y a une justice. »
    Il grogna. « Prenez-le à part pour savoir s’il a parlé de cette affaire à quiconque. J’en doute, car j’avais dit à Gristwood de lui donner de ma part l’ordre de garder bouche cousue.
    — Bealknap se soucie fort de sa sécurité. Mais le coquin a les dents longues.
    — Vous êtes bien placé pour en juger. » Il marqua une pause. « Lorsque Gristwood a parlé du feu grégeois à Bealknap, celui-ci s’est demandé qui pourrait avoir accès à moi. Alors il est allé trouver Gabriel Marchamount.
    — Tiens. Ils ont travaillé ensemble autrefois, mais la probité de Bealknap était trop douteuse au goût de Marchamount.
    — Il évolue dans les cercles papistes. Cela m’inquiète. Questionnez-le, lui aussi. Menacez-le, flattez-le, offrez-lui de l’or, peu importe, pourvu que vous arriviez à lui délier la langue.
    — Je m’y emploierai, Votre Grâce. Et le troisième ?
    — Marchamount a raconté l’histoire à une de nos connaissances communes, lady Honor Bryanston. »
    Mes yeux s’écarquillèrent. « Je l’ai rencontrée il y a quelques jours seulement. Elle m’a invité à un dîner.
    — Oui, j’ai mentionné votre nom à sa table la semaine dernière, lorsque je songeais à utiliser vos services pour reprendre la formule à Gristwood. Tant mieux. Acceptez cette invitation. Parlez-lui aussi. »
    Je réfléchis quelques instants. « Je le ferai, Votre Grâce, mais si je dois trouver le fin mot de l’histoire…
    — Oui ?
    — Il me faut en savoir un peu plus sur le feu grégeois. Sur ce qui s’est passé entre sa découverte et les démonstrations auxquelles vous avez assisté.
    — Si vous jugez cela opportun. Mais souvenez-vous : le temps presse. Barak, ici présent, pourra vous décrire en détail les démonstrations. Il pourra même vous emmener à Deptford pour vous montrer où elles ont eu lieu.
    — Et je pourrai parler au bibliothécaire du monastère. Peut-être même visiter St Bartholomew, pour voir où a été trouvé le baril. »
    Il eut un sourire froid. « Vous ne croyez toujours pas au feu grégeois.

Weitere Kostenlose Bücher