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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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préambule, d’une voix froide et tendue, vous les avez trouvés assassinés.
    — Oui, Votre Grâce. Massacrés.
    — J’ai laissé des hommes, et ils sont chargés de retrouver la formule, dit Barak. Ils démoliront la maison s’il le faut.
    — Et les femmes ?
    — Elles ne quitteront pas les lieux. Elles sont mortes de peur et ne savent rien. J’ai demandé aux hommes d’interroger les voisins pour savoir si quelqu’un a vu les agresseurs. Mais Wolf’s Alley est de ces lieux où les gens ne s’occupent pas des affaires des autres.
    — Qui m’a trahi ? » souffla Cromwell, avec une intense concentration. Puis il me regarda fixement. « Alors, Matthew, quelles conclusions tirez-vous de ce que vous avez vu ?
    — Je crois qu’il y avait deux hommes, qui sont entrés en défonçant la porte à la hache. Ils ont tué les frères tout de suite, dans l’atelier où ils travaillaient, puis se sont attaqués à un coffre qui se trouvait là et l’ont fracassé. Dedans se trouvait un sac d’or auquel ils n’ont pas touché. » J’hésitai. « Je suppose que la formule se trouvait dans le coffre et qu’ils le savaient. »
    Le visage de Cromwell avait viré au gris et il serra ses lèvres minces.
    « Vous ne pouvez en être sûr, intervint Barak.
    — Je ne suis sûr de rien », répondis-je avec fougue. Je me forçai à poursuivre d’une voix plus calme. « Mais on n’a pas fouillé le reste de la pièce. Les livres sur les étagères sont restés en place. Orc’est là qu’on aurait tout naturellement cherché un papier caché, non ? Je pense aussi que certains flacons ont disparu des étagères. Ceux qui ont assassiné ces malheureux savaient exactement ce qu’ils cherchaient.
    — Ainsi, il ne restera aucune trace de leurs expériences, dit Cromwell.
    — Je gage que non, Votre Grâce. » Je le regardai, redoutant sa réaction, mais il se borna à hocher pensivement la tête.
    « Tu vois, Jack, dit-il soudain, me désignant du menton, prends modèle sur un maître de l’observation. » Il reposa sur moi son regard morose. « Il faut m’aider à résoudre cette affaire, Matthew.
    — Mais, Votre Grâce…
    — Je ne peux en parler à personne d’autre, coupa-t-il avec un emportement soudain. Je n’ose pas. Si j’en parle au roi… » Il soupira, frémissant. C’était la première fois que je voyais Thomas Cromwell avoir peur.
    « Il vous faut résoudre cela. Vous disposerez de toute l’autorité et de toutes les ressources dont vous aurez besoin, répéta-t-il. »
    Je sentis mon cœur cogner. Une fois déjà, il m’avait envoyé enquêter sur un assassinat et m’avait précipité dans des horreurs défiant l’imagination. Oh, non, pensai-je, cela ne va pas recommencer !
    Comme s’il lisait dans mes pensées, ses yeux lancèrent un éclair furieux : « Corbleu ! Shardlake, j’ai sauvé la vie de cette fille pour vous. Ou plus exactement, je la sauverai si vous m’aidez. On peut faire revenir Forbizer sur sa décision si besoin est. Il se trouve que ma vie est peut-être en jeu, ainsi que tout ce à quoi vous avez cru jadis. » J’eus une brève vision d’Elizabeth gisant dans sa cellule, l’œil vide. J’aspirais de toutes mes forces à la sauver, et je savais que, sur un mot de Cromwell, moi aussi je pouvais être jeté en prison.
    « Vous pouvez compter sur moi, Votre Grâce », répondis-je à mi-voix.
    Il me regarda longuement, puis fit un signe à Barak. « Jack, la Bible. Avant de vous en dire davantage, Matthew, je dois exiger de vous le serment que vous garderez le secret sur cette affaire. »
    Barak posa une édition de luxe de la nouvelle Grande Bible, dont on avait ordonné qu’un exemplaire fût placé sur le lutrin de chaque église. J’examinai la page de titre aux couleurs vives : le roi Henry, sur son trône, distribuait des exemplaires de la parole de Dieu à Cromwell d’un côté, de l’autre à l’archevêque Cranmer qui,à leur tour, les transmettaient aux fidèles. J’avalai ma salive et posai la main sur le livre.
    « Je jure de garder le secret sur tout ce qui touche au feu grégeois », dit Cromwell. Je répétai ses paroles, avec le sentiment de verrouiller des chaînes qui allaient à nouveau m’attacher à lui.
    « Et de m’aider dans toute la mesure de vos moyens.
    — Dans toute la mesure de mes moyens. »
    Satisfait, Cromwell hocha la tête tout en restant assis, penché sur son bureau, comme un grand animal aux abois. Il prit un objet qu’il

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