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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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ce n’est pas un endroit aussi agréable que celui-ci, mais il est commode pour moi qui suis obligé de circuler dans toute la Cité. » Assis à mon côté, il me jeta un regard perçant. « Vous devez révéler aussi peu de choses que possible à ce moricaud, vous ne l’avez pas oublié, au moins ?
    — Je lui demanderai d’élucider ces livres d’alchimie en lui disant qu’il faut que j’en étudie le contenu pour un client. Il ne m’en demandera pas davantage, car il sait que mon travail est confidentiel.
    — Guy Malton, c’est comme ça qu’il se nomme, cet apothicaire noir, dit Barak d’un ton songeur. Je parie que ce n’est pas son nom de naissance.
    — Non, il est né Mohammed el-Akbar. Ses parents se sont convertis au christianisme après la chute de Grenade. Somme toute, vous aussi vous avez un nom peu commun. Barak, cela ressemble à Baruch, l’un des noms de l’Ancien Testament que les gens commencent à donner à leurs enfants ces temps-ci. Mais vous êtes trop vieux pour ça. »
    Il rit et étendit ses longues jambes devant lui. « Il est vrai que vous êtes un homme instruit ! La famille de mon père descendait de Juifs convertis, puis tous expulsés d’Angleterre. J’y pense chaque fois que je vais voir mon maître au Domus. Oui, peut-être que je me serais appelé Baruch autrefois. J’ai une curieuse petite cartouche en or que mon père m’a laissée. Il disait qu’elle datait de cette époque ancienne. C’est tout ce qu’il avait à me léguer, le pauvre homme. » Une lueur sombre passa une fois de plus brièvement sur son visage. Il haussa les épaules. « Vous avez trouvé d’autres informations dans ces vieux papiers ?
    — Non. Mais je crois que les moines avaient caché la formule et le baril par peur de la destruction qu’aurait pu entraîner le feu grégeois. Et ils avaient raison, ajoutai-je en le regardant. Le pouvoir dévastateur d’une telle arme pourrait se révéler terrible. »
    Il me rendit mon regard. « Mais elle pourrait sauver l’Angleterre d’une invasion. Assurément, c’est une raison suffisante. »
    Au lieu de répondre, je demandai : « Dites-moi ce qui s’est passé à la démonstration.
    — Je vous raconterai ça demain, à l’embarcadère. Je suis venu vous dire que je sortais. Il faut que je retourne chez moi prendre des vêtements. Ensuite, j’irai dans quelques tavernes pour voir si une de mes accointances peut m’apprendre quelque chose sur ce drôle au visage grêlé. Après quoi, je verrai une fille, alors je ne rentrerai pas de bonne heure. Vous avez une clef à me donner ? »
    Je lui jetai un regard réprobateur. « Demandez à Joan qu’elle vous prête la sienne. Nous devons partir de bonne heure demain matin, rappelai-je.
    — Ne vous inquiétez pas. Vous ne pourrez me reprocher mon manque de diligence.
    — J’espère que non.
    — La donzelle non plus », ajouta-t-il en m’adressant un clin d’œil lubrique avant de se détourner.

10
    C ette nuit - là , j ’ eus du mal à dormir , à cause de la chaleur et des images qui se bousculaient dans mon esprit : Elizabeth dans son cachot, la mine tendue et inquiète de Cromwell, les deux cadavres terrifiants. Tard dans la nuit, j’entendis Barak rentrer et monter à pas de loup dans sa chambre. Je me levai et m’agenouillai près de mon lit dans le noir pour prier et demander à Dieu qu’il m’accorde du repos et me guide le lendemain. Ces derniers temps, je priais de moins en moins, car j’avais le sentiment que mes paroles, au lieu de monter vers Dieu, se dissipaient dans ma tête comme de la fumée. Toutefois, lorsque je me recouchai, je m’assoupis aussitôt pour ne m’éveiller qu’à la lumière du petit jour. Une brise tiède entrait par la fenêtre et Joan m’appelait pour me dire que le petit-déjeuner était prêt.
    Malgré sa nuit agitée, Barak était frais et dispos, impatient de commencer la journée. Il me dit qu’il n’avait pas réussi à retrouver la trace de l’homme qui nous avait suivis, mais qu’il avait demandé à ses accointances de le rechercher. Le petit-déjeuner fini, nous descendîmes à Temple Stairs pour y prendre un bateau. Il n’était pas encore sept heures. Étant rarement dehors si tôt un dimanche matin, le spectacle de la ville déserte me parut insolite. Le fleuve lui aussi était tranquille. Les passeurs attendaient à l’embarcadère, contents de voir arriver des clients. La marée étant basse, il nous fallut marcher

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