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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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l’époque —, etdites-moi si vous savez ce qui se trouve à l’intérieur. Je vous avertis que ça pue.” Il s’est mis à rire, mais j’ai vu son compagnon se signer avant d’ouvrir le couvercle.
    — Et qu’y avait-il ?
    — Du noir, répondit-il. Rien que du noir, un noir plus profond que l’obscurité de la crypte. Et une odeur abominable, telle que je n’en avais jamais senti avant. Piquante, avec une étrange composante sucrée, comme une matière en putréfaction. Cela m’a pris à la gorge et je me suis mis à tousser.
    — C’est ce que j’ai senti également. Vous décrivez cela très bien, l’ami.
    — J’ai levé ma chandelle et l’ai tenue au-dessus de la barrique, reprit-il. Le noir à l’intérieur réfléchissait la lumière. C’était tellement étrange que j’ai failli la laisser tomber dedans.
    — Eh bien, heureusement que vous ne l’avez pas fait, lança Barak en riant.
    — J’ai vu que c’était du liquide. J’ai approché un doigt. Épais et visqueux, le contact en était fort déplaisant. J’ai dit que je n’avais aucune idée de ce que cela pouvait être. C’est alors qu’ils m’ont montré la plaque au nom de Saint-John, prouvant que le baril se trouvait là depuis un siècle. J’ai dit qu’on retrouverait peut-être dans la bibliothèque trace du moment où elle avait été déposée. Je vous assure, monsieur, que je n’avais qu’une idée en tête : partir. » Il promena autour de lui un regard inquiet.
    « Je le conçois volontiers, dis-je. Ainsi, le liquide était noir et épais. Cela explique pourquoi l’un des noms que lui ont donné les Anciens était “le feu noir”.
    — Aussi noir que le fond de l’enfer. Messire Gristwood, trouvant mon idée bonne, a donné à son agent l’ordre de resceller le baril, puis il est remonté avec moi dans la bibliothèque.
    — Allons-y nous aussi, dis-je. Je vois bien que vous aimeriez sortir d’ici. »
    Nous retournâmes dans l’église, puis sortîmes au soleil. Kytchyn s’arrêta pour regarder les décombres, des larmes au coin des yeux. Autrefois, lorsqu’un moine entrait dans le cloître, il cessait d’avoir une personnalité distincte en droit, et il mourait au monde. Le Parlement venait de voter une loi rendant aux religieux leur statut de personnes légales. À Lincoln’s Inn, les plaisanteries allaient bon train sur ces moines « ressuscités » par Cromwell. Mais à quelle vie étaient-ils rendus ?
    « Eh bien ! messire Kytchyn, dis-je avec douceur, allons à la bibliothèque. »
    Il nous fit traverser la salle capitulaire, maintenant à l’air libre, et je me rendis compte que nous allions devoir passer par le jardin où les petites filles jouaient toujours. Une servante qui ramassait le linge nous jeta un regard intrigué.
    Nous étions à mi-chemin lorsqu’une porte s’ouvrit, découvrant un homme de petite taille en élégante chemise de soie. Je sursautai en reconnaissant sir Richard Rich, à qui j’avais été présenté au déjeuner de la veille.
    « Quelle guigne ! » grommela Barak à voix basse, avant de s’incliner bien bas lorsque Rich s’approcha. Je saluai moi aussi, comme Kytchyn, dont les yeux s’étaient écarquillés de peur.
    Rich s’arrêta devant nous. Son visage aux traits délicatement anguleux était plissé par la perplexité. Ses yeux gris nous examinaient.
    « Mais c’est notre cher Shardlake ! dit-il sur un ton de surprise amusée.
    — Vous vous souvenez de moi, Votre Grâce ?
    — Je n’oublie jamais un bossu. » Son sourire me rappela sa réputation de cruauté. On disait qu’il lui était parfois arrivé d’officier lui-même au chevalet à l’époque où il était chargé de traquer les hérétiques. Je fus surpris de voir les petites filles accourir vers lui, les bras grands ouverts. « Papa ! Papa ! criaient-elles.
    — Je suis occupé, mes chéries. Mary, faites-les rentrer. »
    Rich les suivit des yeux tandis qu’elles obéissaient. « Ma progéniture, dit-il d’un ton indulgent. Ma femme prétend que je ne les châtie pas assez. Bien, maintenant dites-moi ce que vous faites dans mon jardin tous les trois. Ah ! mais c’est l’ancien frère Bernard, si je ne m’abuse ? Cet habit vous va mieux que celui des dominicains.
    — Votre Grâce… Je… Votre Grâce… », bégaya le pauvre Kytchyn, figé.
    Je pris la parole, m’efforçant d’adopter un ton aussi léger que celui de sir Richard.
    « Messire Kytchyn se propose de nous montrer la

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