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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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vis qu’un carreau d’arbalète s’était fiché dans le gras de son bras tandis qu’une tache de sang s’élargissait sur sa manche blanche. Il tituba et s’appuya contre le mur, contemplant son bras.
    Barak dégaina et se précipita vers la fenêtre, l’épée au clair. L’homme au visage grêlé s’y tenait debout. Il fixait sur Barak ses yeux bleus étincelants tout en ajustant un nouveau carreau à son arme. Déjà, Barak était presque sur lui. L’homme hésita, lâcha l’arbalète qui tomba avec fracas, et s’enfuit dans la cour. Malgré les éclats de verre brisé, Barak enjamba le rebord de la fenêtre. L’autre avait déjà atteint le mur de l’abbaye qu’il commençait à escalader. Barak attrapa un pied qui oscillait dans le vide, mais trop tard. L’assaillant disparut par-dessus le mur. Parvenu au sommet, Barak s’y accouda, regarda un moment dans la rue avant de se laisser retomber de notre côté. Blême de rage, il ramassa son épée, puis revint à la fenêtre qu’il enjamba à nouveau. Je m’étais penchépour réconforter Kytchyn, effondré sur le sol, une main crispée sur son bras. Il sanglotait de douleur tandis que le sang jaillissait entre ses doigts. « Je voudrais n’avoir jamais vu ces papiers, gémit-il. Je ne sais rien, messire, rien, je le jure. »
    Barak s’agenouilla et desserra la main de Kytchyn avec une douceur surprenante. « Allez, l’ami, laissez-moi voir. » Il examina la blessure. « Heureusement, la tête du carreau est ressortie de l’autre côté. On aura tôt fait de vous retirer ça. Montrez-moi comment vous levez le bras. » Kytchyn obéit en tremblant. Barak prit dans sa poche un mouchoir qu’il noua très serré au-dessus de la blessure.
    « Allez, l’ami, de l’autre côté de la rue, il y a un médecin qui soigne les marchands de bestiaux. Je vous y emmène. Gardez le bras levé. » Et il aida le malheureux à se remettre debout.
    « Qui a voulu me tuer ? demanda le blessé d’une voix aiguë. Je ne sais rien, moi, rien du tout.
    — Je crois que c’est moi qui étais visé, dis-je lentement. Le carreau m’aurait atteint si vous n’aviez pas bougé juste à ce moment-là. »
    Barak ne se souciait plus de me narguer. Il me répondit avec gravité : « Vous avez raison. Tudieu ! comment savait-il que nous étions là ?
    — Peut-être avons-nous été suivis depuis la maison ?
    — Non, je m’en serais aperçu. Mais quelqu’un va sans doute pouvoir nous éclairer, ajouta-t-il sombrement. N’avez-vous pas trouvé que le gros portier a fait une drôle de tête quand je lui ai montré le sceau de Cromwell ?
    — En effet.
    — Je vais accompagner Kytchyn chez le médecin, puis j’irai aux renseignements. Le grêlé ne reviendra pas, mais quand même, ne restez pas devant la fenêtre. Je n’en ai pas pour longtemps. »
    J’étais si bouleversé que je me bornai à hocher la tête. Je m’appuyai contre le mur pendant que Barak faisait sortir le blessé qui geignait. Mon cœur battait comme s’il voulait sortir par ma bouche et je ruisselais de sueur froide. Je poussai une plainte involontaire. Cromwell avait mis ma vie en danger une seconde fois. Je regardai l’arbalète qui gisait, massive et mortelle, là où l’homme l’avait lâchée. Un bruit soudain me fit sursauter, mais ce n’étaient que les corbeaux qui regagnaient leur perchoir.
    Quelques minutes plus tard, j’entendis des voix, celle de Barak et une autre. Le gros portier fut propulsé dans l’embrasure de la porte, malgré ses protestations vigoureuses. L’homme avait beauêtre énorme, Barak lui avait tordu un bras dans le dos et le serrait d’une poigne de fer. Brusquement, il lâcha prise et envoya son prisonnier tournoyer dans la salle, où il alla s’écraser au milieu des débris.
    « Vous n’avez pas le droit ! cria le portier. Quand on apprendra ça aux Augmentations…
    — La peste soit des Augmentations ! » glapit Barak. Empoignant la robe crasseuse de l’homme il le força à se remettre debout. Il avait rengainé son épée, mais sortit de sa ceinture un poignard peu engageant qu’il approcha du cou gras et flasque. « Écoute-moi, sale pendard. Je sers le comte d’Essex et j’ai le droit de prendre toutes les mesures à ma convenance. Comme par exemple couper ton méchant sifflet, tu vois ? » L’homme déglutit, les yeux écarquillés. Barak empoigna sa tête et la tourna sans ménagement pour qu’il me regarde. « Ce prêtre que je viens

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