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Les Lavandières de Brocéliande

Les Lavandières de Brocéliande

Titel: Les Lavandières de Brocéliande Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edouard Brasey
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Loïc.
    – Et qui donc avez-vous rencontré ?
    – Gwenn, dit Loïc sans hésiter.
    Bouchard avait sorti un calepin de sa poche et prenait des notes.
    – Et avant elle, avez-vous vu quelqu’un au lavoir ?
    Loïc hésita une seconde.
    – Euh… Oui.
    – Qui donc ?
    – Annaïg… Annaïg Le Borgne.
    – Vous lui avez parlé ?
    – Non.
    – Elle était seule ?
    – Non. Elle a parlé un moment avec Gwenn.
    – Et avant cela ?
    Loïc marqua une pause.
    – Elle a reçu une visite… Un homme…
    – Quel homme ? insista le brigadier-chef. Vous le connaissiez ?
    – Oui, je le connais, répondit Loïc de mauvais gré. Mais il n’est pas resté longtemps. Il est parti presque tout de suite.
    – Son nom ! reprit Bouchard en haussant le ton.
    Loïc baissa la tête et lâcha, comme à contrecœur :
    – Philippe de Montfort.
    Le brigadier-chef nota scrupuleusement les paroles du charbonnier, sans cesser de l’observer du coin de l’œil. Il avait clairement perçu l’hésitation du jeune homme lorsqu’ils’était agi de signaler la présence d’Annaïg et de Philippe au lavoir, alors qu’il avait avoué sans arrière-pensée sa rencontre avec Gwenn. Pourquoi cette réserve ? Et pourquoi avait-il parlé à cette dernière alors qu’il ne s’était pas manifesté aux deux autres ?
    – Vous les observiez ? reprit le gendarme d’un air suspicieux. Pour quelle raison ? Vous étiez jaloux ?
    Loïc dressa la tête, piqué au vif.
    – Jaloux, moi ? Et de qui j’aurais pu être jaloux ? Vous m’avez vu ? Vous pensez que les filles s’intéressent à un bossu ? Une erreur de la nature…
    – Justement, insista Bouchard sans le quitter des yeux. Vous auriez pu vouloir vous débarrasser d’un rival ?
    Le charbonnier afficha une mine si étonnée que le gendarme n’eut plus aucun doute sur la sincérité du jeune homme.
    – Philippe de Montfort, un rival ? Vous vous moquez de moi, c’est ça ? C’est bien cruel… Il a tout, alors que moi… Je ne suis rien. Et de toute façon, c’est lui qu’Annaïg aime. Moi, elle me traite de haricoté, de bouille mal lavée, d’homme des bois…
    Bouchard sentit que le charbonnier exprimait ses états d’âme et sa colère, sans chercher à dissimuler la méchanceté qu’avait manifestée à son égard Annaïg Le Borgne. S’il avait été coupable, il aurait été moins vindicatif, pour ne pas livrer aux autorités un mobile pouvant justifier son désir de se venger de la lavandière. Et surtout, Loïc avait parlé d’Annaïg au présent. Il ignorait qu’elle était morte. Dans l’état émotionnel dans lequel il se trouvait, il se serait certainement trahi s’il avait eu quoi que ce soit sur la conscience. Pour le gendarme, les choses étaient désormais claires au sujet du charbonnier : il n’était pas le meurtrier de la jeune Le Borgne.
    Pour autant, il n’avait sans doute pas tout dit au sujet des circonstances qui avaient précédé le drame.
    – Calmez-vous, reprit le gendarme d’un ton plus doux. Je ne cherche pas à me moquer de vous, simplement à reconstituer la chronologie des faits. Lorsque vous avez été… témoin de la rencontre entre Annaïg Le Borgne et Philippe de Montfort, avez-vous noté quelque chose de spécial ? Avez-vous entendu ce qu’ils se disaient ?
    Loïc se renfrogna. Il se demandait bien pourquoi les gendarmes s’intéressaient aux faits et gestes d’Annaïg et de Philippe. Il ne se sentait pourtant pas le droit de révéler le secret que la jeune fille avait confié à son amant. Lui-même n’aurait pas dû l’entendre. Il ne devait rien dire. C’était trop grave. Il n’aimait guère Annaïg, qui le traitait mal et cherchait à l’humilier de mille façons, mais ce n’était pas une raison pour salir son honneur et sa réputation.
    – Non, répondit-il en baissant les yeux. Je n’ai rien entendu, rien du tout. J’étais trop loin. Et puis, comme je vous l’ai dit, il est resté très peu de temps. Il a laissé boire son cheval dans le doué , puis il est reparti au galop. Voilà tout…
    Bouchard comprit que le charbonnier lui cachait quelque chose. Mais il n’avait pas le cœur d’insister. Il savait ce qu’il voulait savoir : Le Masle était innocent. Restait Montfort. En fonction de sa déposition, il serait toujours temps d’interroger de nouveau le charbonnier.
    Le brigadier-chef s’apprêtait à prendre congé du bossu lorsqu’il réalisa qu’il ne

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