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Les Lavandières de Brocéliande

Les Lavandières de Brocéliande

Titel: Les Lavandières de Brocéliande Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edouard Brasey
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votre empereur, Napoléon Bonaparte. Relisez les commentaires de Jules César dans son splendide ouvrage sur La Guerre des Gaules  : il tenait les Celtes pour un peuple brave et courageux.
    – Major, puis-je vous resservir ? dit le baron en remplissant la coupe vide de son hôte afin de faire diversion. Nous n’allons pas tarder à passer à table…
    – Fort volontiers, accepta l’officier. Ce vin de champagne est aussi pétillant que les yeux de cette belle enfant, ajouta-t-il en souriant à Rozenn. Une parfaite illustrationde la beauté celte… Bien que je lui trouve le teint un peu pâle.
    – Rozenn est de constitution fragile, répondit Hubert. Elle ne sort jamais de l’enceinte du château et doit souvent garder la chambre. Ce dîner est d’ailleurs son premier divertissement depuis bien longtemps…
    – Laisser une aussi belle plante sous serre, quel dommage ! répliqua le major. Jeune homme, vous avez trouvé la perle rare. Prenez-en soin. La compagnie d’une aussi jolie femme risque de vous attirer bien des jalousies masculines…
    – Quel flatteur vous faites, minauda Françoise, tandis que Rozenn se sentait affreusement gênée.
    Elle ne savait plus où se mettre. Quant à Philippe, il se contenta de lancer au major un regard glacé, ce qui sembla beaucoup amuser ce dernier.
    – Madame est servie, annonça fort opportunément une domestique en tablier blanc.
    – La salle à manger est à côté, précisa le baron en désignant une porte à son invité.
    – Madame la baronne, si vous voulez bien me faire l’honneur ? dit le major en offrant son bras à Françoise.
    – Quel galant homme, répondit-elle, tout émoustillée par le champagne qui lui montait un peu à la tête.
    Le major l’entraîna vers la salle à manger, avançant d’un pas fier et conquérant.

    Comme l’avait prévu Hubert, les gendarmes étaient venus interroger Philippe un peu plus tôt dans l’après-midi. Comme ils en étaient convenus, les Montfort avaient fait corps pour le protéger, affirmant qu’il n’avait pas quitté le château la veille au soir. Les représentants de l’ordre avaient insisté, invoquant le témoignage du charbonnier qui avaitsurpris la rencontre entre le jeune noble et la lavandière près du lavoir. Hubert avait ouvertement mis en cause le bossu, être sauvage et peu sociable qui, mieux que Philippe, incarnait le profil d’un assassin de jeunes filles.
    Les gendarmes s’étaient inclinés devant l’alibi de Philippe, conforté par les membres de sa famille, et avaient quitté le château sans autres mesures de rétorsion. Hubert avait tout de même décelé une moue sceptique sur les lèvres du brigadier-chef qui menait l’interrogatoire. Il ne semblait pas homme à se laisser duper, et risquait de revenir à la charge dès qu’il aurait réuni de nouveaux éléments d’enquête. Pour couper court aux investigations de la maréchaussée, les Montfort avaient besoin d’un appui extérieur. Le dîner donné en l’honneur du major Alfred Ernst tombait à point nommé.
    Qui plus est, l’officier allemand se révélait un hôte parfait, lançant à tout propos des compliments sur la qualité des mets et le choix des vins, multipliant les sourires, alimentant à lui seul la conversation par des épisodes truculents de sa vie, alternant les hauts faits militaires et les anecdotes un peu lestes, décrivant avec lyrisme sa passion pour les plantes exotiques ou son goût pour les belles voitures. Le major savait briller en société et captiver son public.
    Au moment des digestifs et des cigares, Hubert sentit qu’il était temps d’orienter la discussion sur le sujet qui les préoccupait.
    – Commandant, avez-vous entendu parler de la tragédie qui s’est déroulée la nuit dernière au lavoir de Concoret ?
    Le major tendit son verre afin que le baron le remplisse d’un excellent cognac, puis répondit d’une voix doucereuse :
    – Oui, il paraît qu’une jeune lavandière s’est noyée, c’est bien cela ? Quel dommage. On m’a rapporté qu’elle était une très jolie fille.
    – Selon les gendarmes, elle ne se serait pas noyée, compléta Hubert. Il s’agirait d’un crime…
    Le major retroussa les lèvres, dévoilant une dentition impeccable. Il commençait à être intéressé.
    – Un crime ? Vu l’âge et la beauté de la victime, ce doit être un crime passionnel… Un amant jaloux ? Un prétendant rejeté ?
    – Les gendarmes semblent suivre

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