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Les Lavandières de Brocéliande

Les Lavandières de Brocéliande

Titel: Les Lavandières de Brocéliande Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edouard Brasey
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cette piste, en effet. Un charbonnier se trouvait sur les lieux, peu avant le drame.
    – Un charbonnier ? Tiens, tiens… Le charbonnier et la lavandière, cela ressemble presque à un conte de Grimm.
    – Un conte qui finit mal, fit remarquer le baron.
    – En effet… Le charbonnier en question a-t-il été arrêté ? Pardonnez mon ignorance, mais comme je vous l’ai dit, j’évite de m’immiscer dans les affaires du village qui nous accueille. Tant que la sécurité de mes troupes n’est pas en jeu, je n’ai pas à me mêler de ce qui se passe à l’extérieur du Point-Clos.
    – Justement, major. Le problème est que ce charbonnier est toujours en liberté. Les gendarmes n’ont pas jugé bon de l’arrêter. Pourtant, l’homme est connu pour ses comportements antisociaux. Il vit seul dans la forêt, comme une bête. Enfin, quand je dis seul…
    Le major perçut que la retenue du baron était feinte et qu’il s’apprêtait à divulguer quelque révélation.
    – Que voulez-vous dire ?
    – C’est-à-dire… À part les charbonniers, la forêt est devenue le refuge des jeunes gens réfractaires au S.T.O.
    Le visage du major devint subitement grave.
    – Ces jeunes terroristes ? Vous pensez que le charbonnier fait partie de leur bande ?
    Le baron sentit que le major était ferré. Il suffisait de tirer lentement la ligne, sans la casser. Il afficha une moue dubitative :
    – Je ne saurais l’affirmer sans preuve, major. Mais cela ne m’étonnerait pas. Je condamne comme vous les manœuvres menées par les terroristes en question, et déplore qu’ils refusent la politique de collaboration avec cette grande nation qu’est l’Allemagne. Et s’ils en viennent à massacrer nos filles…
    Le major absorba une gorgée de cognac, le front soucieux, et ralluma son cigare qui venait de s’éteindre.
    – Connaissez-vous l’identité de ce charbonnier, monsieur le baron ?
    – Il se nomme Loïc Le Masle.
    – Et, selon vous, les gendarmes…
    – Je ne veux pas remettre en question le travail des représentants de l’ordre, major. Mais j’ai entendu dire que dans leurs rangs, y compris au plus haut niveau, se trouvent des éléments habitués à fermer les yeux sur les actions terroristes dont vous parlez. Certains chercheraient même à les favoriser…
    L’officier allemand reposa brusquement son verre en cristal sur la table.
    – Je suis au courant, coupa-t-il d’un ton tranchant. Le Morbihan abrite un repaire de traîtres inféodés à Londres. Leur soi-disant Armée secrète nous pose quelques problèmes, je dois bien l’avouer. Mais cela ne durera pas. Nous sommes sur le point de découvrir l’identité de leur chef, Yodi. Leur réseau sera bientôt démantelé. Mais en attendant…
    Le major Alfred Ernst s’interrompit, l’air rêveur, tirant une longue bouffée de son cigare, puis il se tourna en direction de Philippe :
    – Et vous, jeune homme, que pensez-vous de ces soi-disant « résistants » qui se terrent dans la forêt ? Après tout, ils ont votre âge…
    – Le patriotisme n’est pas une question d’âge, major, répondit Philippe avec assurance. Ma seule patrie, c’est la Bretagne. Comme vous l’avez compris, je n’approuve pas aveuglément la présence des forces allemandes sur notre sol, car les Bretons sont capables de gérer seuls leur destin. Mais je tolérerais encore moins que notre terre soit envahie par des hordes de soldats anglais, américains ou russes.
    Le major eut un sourire ambigu.
    – Vous ne mâchez pas vos mots, mais vous avez au moins le mérite de la franchise, Philippe. Vous seriez une excellente recrue pour le parti nazi, si vous étiez un peu moins… Je cherche le mot exact… Chauvin ? Têtu ?
    – Breton, répliqua Philippe. C’est là le terme qui me qualifie le mieux.
    Le major éclata de rire.
    – Eh bien, va pour breton, dans ce cas ! Et ce… Loïc Le Masle, vous le connaissez ?
    – J’ai pris sa défense, pas plus tard qu’hier, alors qu’il se faisait lapider par les garnements du village pour je ne sais quelle raison. Je dois avouer qu’il me manifeste bien mal sa reconnaissance…
    – Comment cela ?
    Hubert se racla la gorge et reprit la parole :
    – Lorsqu’il a été interrogé par les gendarmes, Le Masle a prétendu qu’il avait vu mon fils près du lavoir, hier soir, en compagnie de la victime. C’est la raison pour laquelle les gendarmes sont venus lui poser quelques questions

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