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Les mannequins nus

Les mannequins nus

Titel: Les mannequins nus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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formuler une hypothèse : dans un premier temps, l’organisation clandestine de résistance procure aux responsables du Sonderkommando armes et explosifs. Les déportés qui servent les chambres à gaz et les crématoires déclenchent l’action. La garnison S.S. dans sa presque totalité intervient dans le périmètre des fours ; c’est alors que les groupes de combat d’Auschwitz et de Birkenau ouvrent des brèches dans les barbelés.

25

LA RÉVOLTE
    Le groupe juif de l’organisation clandestine de résistance procurera armes et explosifs aux 874 déportés du Sonderkommando. Une chaîne de complicités se tresse jour après jour, entre les trois camps principaux d’Auschwitz et le Sonder. Des dizaines, peut-être même plus de cent kilos d’or et de pierres précieuses quittent le block de récupération situé dans le périmètre même des fours. L’or, coulé dans un moule en graphite, se présente en rouleaux de 140 grammes facilement dissimulables dans le fond des bouteillons de soupe. Parfois même la « sortie » s’effectue de la main à la main, à la porte de l’enceinte interdite, grâce à la complicité de gardiens achetés. Les échanges entre privilégiés riches du Sonder et déportés ordinaires sont une tradition. Les S.S. de faction prélèvent une dîme et ferment les yeux : nourriture, vêtements, médicaments « passent » ainsi la barrière « infranchissable » . Le docteur Nyiszli par exemple reçoit de l’extérieur, chaque jour, son journal… un abonnement payé évidemment en rouleaux d’or. Pour le Sonder, qui dort dans des draps de soie, marche sur des tapis précieux, s’arrose de parfums français et dispose des meilleures cigarettes et des alcools les plus rares, rien n’a de valeur. Le Sonderkommando est en sursis. Le Sonder « porteur du secret » – est voué à l’extermination. Ce sont les déportées de l’Effektenlager qui réceptionnent l’or destiné au mouvement de Résistance. Leur block est le plus proche du crématoire IV. Roza Robota, antenne de l’organisation clandestine à l’Effektenlager ignore le contenu des paquets qu’elle reçoit ou expédie. Les cinq ou six agents de liaison qui se présentent à elle, affectés aux kommandos d’entretien des bâtiments, affichent un signe de reconnaissance et récitent le mot de passe qui change chaque semaine.
    Burger, Friemel et Vesely, les « Autrichiens », ont réussi à incorporer dans leur groupe un jeune S.S. autrichien. On sait peu de choses de lui : vingt-huit ans, caporal, catholique, né à Linz, son nom Frank.
    S’est-il laissé acheter par les rouleaux que récupèrent les « Autrichiens » ? A-t-il voulu, prévoyant la défaite du Reich, se blanchir ou tout simplement était-il sincèrement antinazi ? Nous ne le saurons jamais. Frank sera exécuté avec ses amis après leur tentative ratée d’évasion.
    Pour le moment, en cet été 1944, Frank dote le mouvement de résistance de cinq mitraillettes et de vingt et une grenades à main.
    Le groupe juif de résistance n’a pas réussi à récupérer d’armes traditionnelles mais, depuis le 1 er  août, il emmagasine essence et explosifs. Les responsables de cette opération Jehuda Laufer, Israël Gutmann et Isaïe Eiger se sont adressés à trois déportées de l’usine Union-Werke. Ela, Toszka et Regina ont tout de suite accepté de dérober dans les réserves de leur atelier, qui fabrique des grenades, de l’écrasite, poudre à grand pouvoir explosif. Les trois jeunes Polonaises « sortiront » en moins de deux mois près de cent kilos d’explosifs. Et à chaque fin de poste, à chaque entrée au camp, les kommandos étaient fouillés. Isaïe Eiger centralise la poudre et un technicien russe, Borodine, confectionne de savants cocktails explosifs – écrasite, essence, allumeur chimique – dans de vieilles boîtes de conserve ou des bouteilles. L’essence provient des garages S.S.
    Les dirigeants autrichiens et polonais du Mouvement de Résistance désirent déclencher l’opération décisive – révolte du Sonder et évasion massive – dans la semaine qui précédera Noël. À cette époque, pensent-ils, une partie de la garnison S.S. sera en permission et surtout les partisans et les maquis polonais en liaison avec l’armée soviétique pourront assurer l’accueil des évadés.
    Le 1 er  septembre, Roza Robota commence à recevoir et à transmettre au Sonder les mitraillettes, les grenades, les

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