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Les mannequins nus

Les mannequins nus

Titel: Les mannequins nus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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cocktails explosifs et les bouteilles d’essence.
     
    TÉMOIGNAGE ISRAËL GUTMANN (143)
     
    Après s’être rendu à Birkenau, Noé nous fit savoir que le Sonderkommando préparait une révolte, sans attendre l’insurrection générale du camp. La grande action d’extermination des Juifs hongrois venait d’être terminée et, en conséquence, le Sonderkommando s’attendait à être liquidé. Les membres de ce kommando n’avaient pas d’illusions. Ils savaient que leur destin était scellé. Ils étaient organisés et décidés à agir.
    Nous mîmes aussitôt au courant les dirigeants du groupe de combat à Auschwitz I. Celui-ci fut d’avis qu’une action prématurée ne ferait que compromettre l’insurrection générale, et mettrait en danger notre organisation clandestine. Nous fûmes chargés de convaincre les gens du Sonderkommando de remettre leur action à plus tard.
    Après la fin de l’« action Hoess », ainsi qu’on désignait l’extermination des Juifs hongrois, on apprit que 160 membres du Sonderkommando allaient être transférés ailleurs. C’était la première fois que des membres de ce kommando, au lieu d’être exécutés sur place, étaient désignés pour être transférés dans un autre camp, tout comme les détenus ordinaires. C’était aussi une lueur d’espoir pour le Sonderkommando tout entier qui, à cette époque, comptait près de mille hommes. Mais il apparut rapidement qu’il ne s’agissait que d’une nouvelle duperie de la part des S.S. Les hommes choisis pour le transfert furent séparés de leurs co-détenus, pour être assassinés par la suite. L’organisation ne manqua pas de faire connaître au Sonderkommando le sort de leurs camarades. Cela renforça ces hommes dans leur décision de ne plus attendre et de se soulever sur-le-champ.
     
    TÉMOIGNAGE DOW PAISIKOVIC (144)
     
    Au Sonderkommando de chaque crématoire, il y avait un groupe qui tâchait de se préparer à une résistance. Ces groupes étaient en contact entre eux et avec des groupes de résistants à Birkenau et même au camp principal d’Auschwitz. J’appartenais à ce mouvement. Nous passions de l’or et des devises en fraude à nos camarades dans le camp ; ils employaient ces objets de valeur afin de pouvoir mieux organiser la résistance. Je me souviens de trois frères de Bialystok qui déployaient une activité toute spéciale dans ce sens. Même les Russes de notre kommando – il s’agissait d’officiers supérieurs – étaient très actifs. De tous les détenus de notre convoi en provenance de Hongrie, seuls mon père et moi étions au courant de cette organisation de résistance. Quelque temps après, mon père se vit attribuer la tâche de concierge du crématoire II.
    Notre convoi était le troisième de la longue série de convois de Juifs en provenance de Hongrie. (L’Ukraine subcarpathique, d’où je suis originaire, avait été à l’époque attribuée à la Hongrie.)
    Une fois achevée ce qu’on nommait l’action de Hongrie, les Juifs hongrois qui avaient été affectés à l’époque au Sonderkommando furent liquidés. Mon père et moi-même n’avions échappé à cette action d’extermination que parce que nous avions été affectés au Sonderkommando du crématoire II ; les autres détenus de notre convoi étaient au bunker V et aux crématoires III et IV. Ces détenus furent conduits au camp principal d’Auschwitz et y furent gazés. Les cadavres furent amenés de nuit au crématoire II et brûlés par les S.S. eux-mêmes, cependant que tout notre kommando était consigné à la chambre. Nous avons été au courant parce qu’on nous fit emporter les vêtements des détenus. Nous reconnaissions les vêtements et les numéros des détenus. Après l’action d’extermination de Lodz, d’autres détenus du Sonderkommando furent encore liquidés ; la plupart d’entre eux étaient affectés au bunker V, un petit groupe faisait partie du Sonderkommando des crématoires III et IV. La procédure de liquidation était identique. Il s’agissait d’environ deux cents détenus au total. Pendant tout le temps que je passai au Sonderkommando (de mai 1944 jusqu’à l’évacuation, en janvier 1945) aucun détenu nouveau n’y fut affecté…
    Depuis un certain temps déjà, nous projetions une révolte. Le noyau de cette organisation se trouvait dans notre crématoire II. Les Russes étaient les meneurs, de même que les Kapos Kaminski et Lemke (…).

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