Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Médecins Maudits

Les Médecins Maudits

Titel: Les Médecins Maudits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
Vom Netzwerk:
Trommel sortit et revint avec deux SS qui me jetèrent sur un lit et me mirent un morceau d’étoffe dans la bouche parce que je hurlais. Ils me cramponnaient les pieds et les mains. Pendant l’injection, j’entendis vaguement Trommel dire :
    —  Das ist fertig.
    Lorsque Vladislawa reprend connaissance sa jambe est ligotée sur une attelle métallique. Un nouveau mois d’attente, une nouvelle opération.
    —  Je m’aperçus après que mes pieds étaient pleins de boue et n’avaient pas été lavés avant l’opération.
    *
    **
    Visage lisse, cheveux noirs, mains longues et fines, Maria Broel-Plater était à Ravensbrück depuis près d’un an. Chef de messagers dans la résistance polonaise, elle avait été arrêtée et torturée par la Gestapo.
    —  Je suis un peu dure d’oreille. Les coups reçus sur la tête. Le 18 novembre 1942, le docteur Oberheuser nous fait déshabiller, nous examine, nous envoie à la radio puis on me met au lit.
    Maria s’endort et ne reprend connaissance qu’après l’opération :
    —  Oberheuser me giflait ; ma jambe droite était insensible. Pendant la nuit j’eus une fièvre élevée et ma jambe gonfla depuis les orteils jusqu’à la hanche. On m’amena à nouveau à la salle d’opération et quand je me réveillai ma jambe avait un pansement des orteils au genou. Elle était très douloureuse et du sang en sortait. Pendant la nuit nous étions seules, sans personne pour vous donner de l’eau ou passer le bassin.
    Au mois de janvier, bien que sa blessure ne soit pas guérie, elle doit reprendre le travail. Elle peut rencontrer ses camarades opérées :
    —  Je vis dans leurs blessures des morceaux de bois, de verre et même des fragments d’aiguille.
    Maria Kusmierczuck se souvient qu’au beau milieu de l’opération, sous anesthésie locale, elle vit, horrifiée, le professeur Gebhardt brandir un marteau et s’acharner sur les os de sa jambe mis à nu.
    *
    * *
    Ces récits auraient suffi à faire condamner à mort Gebhardt et ses assistants. Le tribunal de Nuremberg entendit longuement un témoin à charge que les expérimentateurs tassés dans le box, durent regretter de ne pas avoir fait disparaître.
    Sofia Magzka était polonaise comme les « petits lapins » de Ravensbrück ; mais docteur en médecine, elle pouvait être utile à l’hôpital. Elle devint infirmière et interprète. D’une voix sans haine elle déclara :
    —  Il y eut soixante-quatorze jeunes filles polonaises opérées, sans compter un témoin de Jéhovah, une Allemande et une Ukrainienne. Cinq moururent des expériences : Veronica Kraska du tétanos… On ne lui fit pas de sérum antitétanique mais on lui donna des sulfamides. C’était là l’expérience. Les quatre autres qui moururent étaient : Sofia Kiecol, Aniela Lefanowicz, Alfreda Pruss et Kazimiera Kurawsky. Cette dernière fut à mon avis infectée avec de la gangrène gazeuse. C’était une fille bien portante, de vingt-trois ans. La maladie progressa lentement. La jambe de l’opérée devint chaque jour plus noire et plus gonflée. Ils ne prirent soin d’elle que pendant les premiers jours. Par la suite, elle fut placée dans la chambre quatre où elle resta à souffrir d’une façon incroyable et où elle mourut sans aide médicale. J’ai pu l’observer personnellement. L’amputation de la jambe l’aurait sauvée, l’infection pouvait être contrôlée. Ils ne voulaient pas l’opérer pour ne pas la sauver.

Sofia Magzka espérait qu’un jour, peut-être, elle aurait à témoigner. Elle avait tenu un véritable cahier de ses observations.
    —  D’après mes clichés radiographiques, treize personnes subirent des opérations sur les os : fractures, greffes avec ablation d’os. Certaines des jeunes filles furent opérées plusieurs fois. Par négligence et manque d’asepsie, deux sujets présentèrent une ostéomyélite xxi .
    —  Krystyna Dabska m’avait été envoyée à la radiographie. Opérée aux deux jambes, des fragments du péroné de quatre à cinq centimètres de long avaient été prélevés. D’un côté le périoste xxii subsistait, de l’autre non. Je demandai à Oberheuser comment elle voulait obtenir une régénération de l’os sans périoste. Elle répondit :
    —  C’est justement ce que nous cherchons.
    Expérience inutile car n’importe quel étudiant apprend au début de ses études que l’os ne régénère pas sans périoste.
    Il y eut également des

Weitere Kostenlose Bücher