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Les Médecins Maudits

Les Médecins Maudits

Titel: Les Médecins Maudits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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opérations d’un genre assez particulier. L’assistant de Gebhardt amputa dix débiles mentaux.
    —  Je connais personnellement deux cas, affirma Sofia Magzka devant les juges du Procès des Médecins ; amputation d’une jambe : les infirmières amenèrent la femme à la salle d’opération puis à la pièce spéciale où on mettait les morts. Je me rendis dans cette salle avec une autre camarade qui travaillait à l’hôpital. Il y avait un cadavre recouvert d’un drap et il lui manquait une jambe. Un peu plus tard, les infirmières vinrent et sans l’aide des prisonniers, mirent le cadavre dans un cercueil, pour garder le secret xxiii .
    —  Le deuxième cas était celui d’une femme anormale. Ce jour-là le docteur Fischer se rendit dans la salle d’opération, puis il remonta en voiture. Une infirmière portait un paquet entouré de linges, de la dimension d’un bras. Fischer le prit lui-même et partit. La prisonnière Quernheim vint me trouver et me dit :
    « Savez-vous ce qui est arrivé aujourd’hui ? Eh bien, on a enlevé le bras tout entier avec l’omoplate, à une déportée.
    Pourquoi cette mutilation ? Quoi de plus facile en vérité que de puiser dans ce gigantesque réservoir de pièces détachées que constituait un camp d’extermination. Si le mystère de la jambe amputée et emportée discrètement reste entier, le tribunal a reconstitué « l’affaire de l’omoplate ».
    Au cours de l’hiver 1942, Himmler visita pour Noël l’hôpital de son ami Gebhardt ; sans flonflons ni guirlandes. Évidemment comme le dit Gebhardt :
    —  Il ne fut pas satisfait des résultats des sulfamides.
    Himmler reconnut une infirmière Luisa dont le coude avait été complètement emporté.
    —  Nous devons lui greffer une articulation minauda Stumpfegger, un des médecins qui accompagnait Himmler.
    Écoutons Gebhardt :
    —  J’avais été incapable de remplacer cette articulation. Mais Himmler et Stumpfegger souhaitaient que l’opération fût tentée. À Hohenlychen, j’avais un malade civil nommé Ladisch dont l’omoplate était rongée par le cancer.
    Gebhardt alors marchande. Il persuade Stumpfegger désireux à tout prix de tenter une greffe, d’abandonner la charmante Luisa qui malgré la protection d’Himmler n’a aucune chance de plier à nouveau le coude et de s’attaquer à l’épaule de son client payant, l’étudiant Ladisch.
    Le docteur Fritz Fischer est chargé « d’aller » chercher l’omoplate…
    —  Je montai en voiture et me rendis à Ravensbrück où les médecins du camp avaient déjà préparé l’opération. J’enlevai l’omoplate avec mes propres instruments.
    Fischer arrête l’hémorragie, abandonne le champ opératoire aux médecins du camp, place l’omoplate dans un récipient stérile maintenu à 38° et retourne à l’hôpital de Gebhardt.
    Gebhardt devait affirmer au procès de Nuremberg :
    —  Le bras fut sauvé, l’omoplate greffée cicatrisa et jusqu’en 1945 le cancer ne réapparut point.

Et comme pour s’excuser…
    —  L’omoplate n’est pas une articulation indispensable ; c’est pour cela que j’ai choisi cette opération plutôt que de laisser Stumpfegger enlever une articulation plus grande.
    Le Président lui demanda s’il avait connaissance d’autres amputations, Gebhardt répondit :
    —  Monsieur le Président, croyez-moi, je ne me suis jamais inquiété des conditions des camps de concentration et Fischer non plus xxiv .
    Le Président :
    —  Je comprends.
    Dans son inconscience Gebhardt disait vrai. Fischer, comme lui, ne se souciait guère de ce qui arrivait « après ».
    Peut-être Gebhardt et Stumpfegger auraient-ils recommencé une greffe en 1945 s’ils avaient été appelés au chevet de leur ami Fischer. Fischer, blessé en Normandie, fut amputé à son tour du membre supérieur droit.
    En le voyant ainsi, manche vide dans le box des accusés, une des témoins ne put s’empêcher de murmurer :
    —  Un début de justice. Un début seulement.
    *
    * *
    Pour Gebhardt, le seul fautif ne pouvait être qu’Himmler.
    —  Je n’étais pas assis auprès d’Himmler comme un gros bourdon. Je ne lui ai pas suggéré la façon de tuer des milliers de gens au cours d’expériences inutiles. Himmler avait une méthode de travail très simple, sans considération pour son caractère honnête ou cruel. Dans tous les domaines où la littérature existante montrait qu’une certaine

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