Les Médecins Maudits
deux séries ; sur quarante sujets la première fois, sur quatorze la seconde.La première fois il n’y eut pas de décès ; un seul individu fut malade. Au cours de la deuxième expérience quatre sont morts. J’attribue la cause de ces décès à leur état physiologique déficient…
… Je reconnais que les expérimentations sur du matériel humain sont contraires à l’éthique du médecin. J’y ai procédé malgré tout et surtout parce que, en conscience, connaissant les horreurs de la guerre des gaz, et sachant que la population allemande n’était pas protégée, j’estimais de mon devoir de tout faire pour assurer cette protection et sauvegarder le cas échéant la vie de milliers d’Allemands, surtout les enfants et les femmes ; en plus, il y avait l’ordre d’Himmler.
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Otto Bickenbach développa cette « thèse » devant les jurés des Assises de Metz au mois de décembre 1952. Il chargea les absents, Hirt et surtout Himmler :
— …J’étais officier… Le bien de l’Allemagne l’exigeait… Je ne me suis occupé que de la partie technique… Les sujets témoins, non protégés contre le gaz recevaient tout de même une injection de sel de cuisine ; ainsi ils ne s’effrayaient pas… À l’issue de l’expérience ; il durent monter, ceux du moins qui étaient encore en état de le faire, à pied au camp. Ceci avait été exigé formellement par Himmler. Il avait demandé qu’après l’absorption des gaz, les sujets courent, sautent afin de connaître l’incidence de l’épreuve sur leurs qualités physiques et sur leur aptitude au combat immédiat….
Le 23 décembre, il était condamné aux travaux forcés à perpétuité. La chambre criminelle de la Cour de Cassation rejetait le jugement de Metz, des témoins cités à sa requête n’avaient pas été entendus. Au mois de mai suivant, un nouveau procès s’ouvrait à Lyon. Le commandant Brun, commissaire du Gouvernement réclama pour Bickenbach et Haagen lxx qui étaient jugés en même temps, la peine de mort :
« Haagen et Bickenbach pour les détenus de Struthof n’ont jamais eu le visage de médecins, mais celui de bourreaux. On a dit que les Français avaient la mémoire courte. C’est vrai parfois, mais il y a des faits que nous ne devons pas oublier. C’est pourquoi, au nom de toutes les souffrances que ces individus ont accumulées, je requiers contre Haagen et Bickenbach la peine de mort. »
Après les plaidoiries des avocats, le tribunal rend sa sentence : vingt ans de travaux forcés à chacun des accusés…
Plusieurs journaux français titrèrent « Scandaleuse décision » puis les hommes oublièrent, Bickenbach également. À sa libération il s’embarqua pour une destination inconnue.
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l'action « paratonnerre »
— Puisque je vous dis que je ne veux pas. C’est impensable. Une arme à double tranchant. Un boomerang qui peut vous revenir plus vite que vous l’avez lancé.
Hitler condamnait sans appel la « guerre bactérienne », non par souci d’humanité mais parce qu’il était persuadé que les ennemis du Reich n’oseraient jamais employer les premiers cette arme terrifiante, mais incontrôlable. Il accepta qu’une association se constitue pour préparer des mesures défensives.
— Nous devons agir comme un paratonnerre. Hitler venait lxxi de trouver le nom du Comité chargé de prévenir les attaques bactériennes.
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Le jour de la libération de Paris, des soldats américains arrêtèrent dans un cimetière un groupe de combattants allemands qui surveillaient une tombe. Des officiers du service de renseignements médical américain découvrirent :
— Un lxxii véritable central de guerre bactérienne. Il y avait la de quoi répandre des maladies dans tout Paris. Les Allemands furent capturés alors qu’ils attendaient près de leur appareil de radio à ondes courtes, l’ordre de déclencher l’action. Ils voulaient utiliser le taboun lxxiii qui rend les hommes fous et des bactéries de la peste.
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Cette guerre spéciale ressemble fort au monstre du Loch Ness. Quel est le gouvernement, le stratège, qui n’a jamais envisagé, perfectionné, l’utilisation des microbes… en laboratoire ? Depuis le jour où l’homme de la préhistoire découvrit les propriétés mortelles de certaines plantes et empoisonna l’eau des puits de son adversaire, chaque tribu, chaque état-major prépara la « guerre des maladies ».
Jamais
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