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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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du prisonnier, et quel que fût Son désir d’entendre la suite du récit, le captif devrait être mis à mort pour insolence à l’égard de la Royale Personne. En vérité, le capitaine craignait aussi pour sa propre tête et celles de ses officiers si Sa Majesté se trouvait contrariée par l’intransigeance du Grec dans Son désir d’informations sur l’ennemi Spartiate.
    À divers moments de l’interrogatoire, Oronte était devenu une sorte de confident de ce Xéon et l’on pourrait même dire un ami, en abusant un peu de ce mot. Il s’efforça donc, de son propre chef, d’adoucir l’attitude du Grec et, à cet effet, lui représenta les faits suivants.
    Sa Majesté, lui expliqua-t-il, avait regretté le sacrilège accompli sur le corps de Léonidas presque aussitôt qu’elle en avait donné l’ordre. La décision avait été prise dans la colère qui avait suivi la bataille, alors que Sa Majesté avait vu tomber tant de ses propres hommes sous ses yeux et qu’elle déplorait des milliers de morts, vingt mille disait-on, de l’élite du pays. L’outrage de Léonidas au dieu Ahoura Mazda ne pouvait être considéré, aux yeux d’un Perse, que comme une offense au ciel. Pis, deux des frères de Sa Majesté elle-même, Habrocome et Hyperanthe, et plus de trente membres de la famille royale avaient été dépêchés à la mort par le Sparte et ses alliés.
    De plus, ajouta le capitaine, la mutilation du cadavre de Léonidas revêtait une autre signification quand on la considérait d’un autre regard : elle témoignait du respect de Sa Majesté à l’égard du roi Spartiate, car aucun autre commandant ennemi n’avait été puni de façon aussi extrême, voire barbare aux yeux des Hellènes.
    Ce Xéon demeura indifférent à ces arguments et renouvela son vœu d’être mis à mort immédiatement. Il refusa toute alimentation et toute boisson. Il sembla donc que son récit dût s’interrompre pour de bon à ce point-ci.
    Oronte craignit qu’on ne pût plus cacher la situation à Sa Majesté. Ce fut alors qu’il requit l’aide de Démarate, le roi de Sparte déposé et prisonnier à la cour, en qualité de conseiller. Démarate en personne se rendit à la tente du chirurgien royal et s’entretint seul avec le prisonnier Xéon pendant plus d’une heure. À la fin de l’entretien, il informa Oronte que le prisonnier avait changé d’avis et consentait à ce qu’on poursuivît l’interrogation.
    La crise était donc passée.
    — Dis-moi, demanda Oronte soulagé, quels arguments as-tu invoqués pour obtenir cette volte-face ?
    Démarate répondit que, de tous les Hellènes, les Spartiates étaient connus comme les plus pieux et ceux qui portaient aux dieux le plus de révérence ; et que, selon son expérience, ceux des classes inférieures et ceux qui portaient les armes, particulièrement les étrangers tels que Xéon, étaient encore « plus spartiates que les Spartiates ». Démarate avait donc fait appel au respect de Xéon pour les dieux et surtout Phébus Apollon, auquel le captif vouait le plus de respect. Il lui avait suggéré de prier pour savoir quelle était la volonté de ce dieu. Ce dernier l’avait secondé jusqu’alors dans son récit ; Xéon s’estimait-il donc supérieur aux dieux immortels et prétendait-il décider à son gré des mots qu’ils lui dictaient ?
    Quelle que fût la réponse des dieux, elle correspondit apparemment aux conseils de Démarate. Et, au quatorzième jour du mois de Tashritou, Xéon reprit donc son récit.
    *
    Polynice reçut un prix de courage pour ses exploits à Antirhion. C’était le deuxième qu’il remportait, à l’âge de vingt-quatre ans, et c’était sans précédent. Aucun autre pair n’avait été décoré deux fois, à l’exception de Dienekès, et encore ce dernier n’avait-il reçu son second prix que peu avant sa quarantaine. En raison de son héroïsme, Polynice fut nommé capitaine des chevaliers ; il lui reviendrait de présider la nomination des Trois Cents compagnons du roi pendant l’année suivante. Cette distinction fort convoitée, associée à la couronne reçue à Olympie pour ses exploits de coureur, l’éleva au statut de modèle ; sa réputation brilla bien au-delà de Lacédémone ; on vit en lui le héros de toute l’Hellade, un second Achille, au seuil d’une renommée immense et éternelle.
    Il faut dire à son honneur qu’il ne se laissa pas griser par cela. Et, si sa gloire le changea,

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