Les Mystères de Jérusalem

n'avez aucune chance, sinon d'entrer dans le grand registre des faits divers! Ce serait sans doute dommage pour vous, mais aussi pour nous, car cela ne nous servirait à rien!
    - C'est bien mon avis ... , acquiesçai-je doucement avec une pointe de sourire, comme si sa colère soudaine me soulageait. Si je vous avouais que je ne sais plus très bien moi-même ce que nous faisons au juste?
    L'effetjérusalem, je suppose. quand nous sommes partis de Paris, cela semblait à peu près clair. Osé, un peu fou, sans doute. Mais pas une si mauvaise manière d'entrer dans le coeur vivant de Jérusalem. Maintenant, hélas, il me semble que nous courons après des fils pour les dénouer, et, plus nous avançons, plus il y a de fils, plus il y a de noeuds et d'impasses!
    - Excellente image!
    Doron retrouva son sourire condescendant, et sa panse tressauta. Pourtant sa voix était froide lorsqu'il me demanda brusquement :
    - Si vous me racontiez tout depuis le début? je voudrais comprendre exactement o˘ vous en êtes, Hopkins et vous, et pourquoi.
    Cela me prit une vingtaine de minutes. Doron en profita pour achever sa Therinos de café. quand je me tus, le silence se prolongea. Finalement, Doron jeta un coup d'oeil à la pendule numérique de son bureau; il était midi passé.
    - «a vous ennuie si votre déjeuner d'aujourd'hui se réduit à un sandwich?
    me demanda-t-il.
    - E m'arrive souvent de ne pas déjeuner.
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    Il décrocha son téléphone et commanda des salades. Sitôt le combiné reposé, il déclara :
    - Nous connaissons bien ce Sokolov. Ici, il se fait passer depuis des années pour un juif anglais : David Wilberhaim. Astucieux: un nom emprunté
    à un agent anglais de la Seconde Guerre mondiale capturé par les Russes.
    Mort en 1954! Cela fait dix ans qu'il trafique des documents ou des pièces d'archéologie. Mais nous ne connaissons ses liens avec la mafia que depuis peu... Enfin, nous les supposions!
    Doron eut soudain l'air embarrassé, se frotta la joue en palpant sa cicatrice avec une certaine tendresse.
    - Pour vous dire toute la vérité, le Mossad s'est servi de lui à diverses reprises depuis 199 1, pendant et après la guerre du Golfe. Il possède de solides relations avec l'Irak et la nomenklatura russe de l'ancienne époque. Il va faire son marché en Irak comme bon lui semble, il peut se promener à Bagdad autant qu'il le veut... A priori, une bonne affaire pour nous, comme vous pouvez l'imaginer.
    - Avec vous, on ne cesse d'imaginer!
    - Personnellement, je ne le sais que depuis cinq ou six mois, quand nous l'avons réellement placé sous surveillance. quoi qu'il en soit, à la guerre comme à la guerre... Le plus important, je le crains, c'est que Sokolov est un...
    Un des hommes qui nous avaient accompagnés le matin entra brutalement dans le bureau. Doron s'interrompit.
    Vous pouvez venir, patron?
    Pourquoi?
    L'homme me lança un regard.
    - O.K.> fit Doron en se levant prestement de son fauteuil. Excusez-moi, ajouta-t-il en arrivant à la porte. Sarah va apporter les salades.
    Commencez sans moi si vous avez faim.
    Et il disparut dans le couloir. Après quelques secondes d'hésitation, je me levai à mon tour pour fouiner dans les livres et les dossiers de Rab HaÔm.
    J'eus à peine le temps de prendre un dossier tout écorné que la porte se rouvrit. je me retournai, comme pris en faute. Une jeune femme souriante apportait le plateau de notre repas. Elle faisait de la place sur le bureau lorsque, cette fois, Doron entra comme un buffle dans un champ clos, le regard plus brillant que jamais.
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    - Désolé, Sarah! Tu vas devoir trouver d'autres clients pour tes salades!
    - que se passe-t-il?
    - Les choses vont un peu plus vite que prévu. Votre lingot d'or a déjà fait sortir le loup de son trou, me répondit Doron avec un grand sourire. On file au King!
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    Le pouvoir des mots
    Cette fois, nous travers‚mes Jérusalem dans l'autre sens, plus rapidement encore que le matin et au son des sirènes. Durant la moitié du trajet, Doron resta agrippé à son téléphone. Entre les appels, il m'expliqua comment la salle des coffres du King David avait été attaquée, le coffre de Tom défoncé et le lingot volé.
    Un petit chef-d'oeuvre du genre. Tout a été préparé au millimètre. D'après le personnel de l'hôtel et les clients, le type n'a pas mis quatre minutes entre le moment o˘ il est descendu de moto et celui o˘ il y est remonté.
    - Sokolov? demandai-je.
    - C'est plus que probable...