Les Mystères de Jérusalem

sur ma droite. Tiré des méandres de mes pensées, je sursautai. Dans la pénombre, le costume clair de Calimani se mit en mouvement. Il s'avança, franchissant les murettes de séparation entre les chambres avec une aisance un peu forcée. Ce soir, il arborait une chemise jaune citron, une absence de cravate et de chapeau et, cependant, une splendide pochette de soie.
    Parvenu sur la terrasse de la chambre de Tom, il s'approcha sans vergogne de la baie vitrée pour regarder à l'intérieur. Puis il s'en écarta pour me rejoindre, secouant la tête avec précaution pour ne pas désordonner ses mèches plaquées. E enjamba, cette fois avec effort, l'ultime séparation et se laissa tomber dans un fauteuil proche du mien.
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    Ir-
    Calimani possédait au plus haut point ce mélange extraordinaire de sans-gêne et d'affectueuse convivialité qui fait que certaines personnes peuvent ainsi s'inviter à leur guise dans toutes les maisons d'un village, sans souci de l'intimité des habitants et sans subir aucun reproche, tant leur inconscience de la sphère privée d'autrui semble naturelle.je n'étais pas certain que notre malin Calimani f˚t aussi inconscient de ses intrusions qu'il voulait le paraître; cependant ses façons, même cavalières, n'allaient j arnais sans un certain charme. Finalement, mon premier mouvement, manière de grimace de retrait et de protection, n'était que de pure forme. Comme chaque fois, j'appréciais sa présence.
    - J'ai pensé que je vous trouverais sur votre terrasse, pensif comme un écrivain se doit de l'être! dit-il avec un petit soupir, entre tristesse et amusement. J'ai songé aussi que si je ne venais pas vous inviter à dîner vous ne mangeriez pas ce soir...
    Il soupira à nouveau, étendant les jambes.
    - Rude journée, n'est-ce pas?
    - Aussi éprouvante qu'étrange, confirmai-je. De ces journées o˘ l'on a l'impression d'être dans une poêle à frire, se carbonisant d'émotion d'un côté et grillant de l'autre comme un vulgaire bifteck... Et l'on aimerait bien connaître celui qui tient le manche de la poêle!
    Il eut un petit rire amusé et approuva de la tête avant de désigner la chambre de Tom.
    _ jolie image... Notre ami j9urnaliste, lui, semble avoir décidé de fuir cette incertitude! A moins qu'il ne soit parti au marché mesurer les dég‚ts de l'attentat... Voyeurisme de journaliste ?

    - je le pensais.
    La main droite de Calimani, perplexe, s'agita comme un oiseau incertain de la solidité de la branche sur laquelle il va se poser.
    - ¿ moins qu'il ne soit allé rejoindre votre belle Orit... Il m'a semblé
    que... Non?
    - Si. C'est possible aussi.
    - Ah... nous n'y échapperons jamais! Vous voyez ce que je veux dire?
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    - je crois.
    - Son agressivité envers ce pauvre Doron...
    - Le terme " pauvre Doron " ne me semble pas le plus approprié.
    Calimani eut un rire bref, mais son visage redevint vite sérieux.
    - Vous croyez qu'il va vraiment laisser tout tomber? Hopkins, je veux dire...
    - Franchement, je ne sais pas.
    - Mmm... Mais vous, vous n'avez pas changé d'avis, au moins? Vous m'accompagnez demain matin chez Doron?
    - Oui ... je voudrais savoir ce que ces deux savants ont tiré des manuscrits de Rab HaÔm. Nous aviserons ensuite. C'est ce que nous sommes convenus, non? E nous expose son plan et nous nous décidons, avec ou sans Tom...
    - En toute franchise, et sans vouloir vous offusquer, mon bon ami, je ne me vois pas courant le désert avec vous à la recherche d'une cache du trésor sous le feu croisé des hommes de Doron et des Irakiens... Si Irakiens il y a! Ce dont je ne doute pas, hélas! Nous avons, mon cher Marek, besoin des muscles de notre journaliste, à défaut de sa conviction.
    - je ne vous conseille pas de lui présenter les choses sous cet angle!
    répliquai-je en souriant.
    Encore une fois, Calimani gloussa, et, encore une fois, son rire s'étrangla. Il y eut un silence et je sus à quoi il pensait. Finalement, il murmura, conune un aveu trop longtemps contenu :
    - Plus de vingt morts et au moins une centaine de blessés. quelle boucherie! Le Hamas vient de publier un communiqué mi-chèvre, mi-chou, comme quoi il n'était pour rien dans cet attentat mais qu'il ne saurait toutefois le condamner, etc. Une fois n'est pas coutume, cependant c'est étrange. J'ai appelé Doron il y a un quart d'heure. Il semble lui aussi très perplexe. D'après les premiers éléments de l'enquête, le modus operandi n'est pas habituel. Il n'a pas voulu