Les Mystères de Jérusalem

Elle ne criait pas. Mais peut-être cherchait-elle un couteau à lui planter dans le coeur. quand elle le vit se redresser, elle recula, le visage terrifié, comme si elle s'attendait qu'il lui saute à la gorge telle une bête sauvage.
    - Tu es complètement fou, murmura-t-elle d'une voix cassée. Pourquoi as-tu fait ça?
    Tom comprit que la vérité serait impossible à expliquer. Il aurait de la chance si Suzan ne courait pas chez un avocat en sortant de l'appartement.
    Une bonne raison de plus pour quitter New York! Tout nu, pour ainsi dire.
    Il fouilla dans ses poches et en sortit les clefs du Windstar.
    - Il n'y a que la voiture qui soit intacte. Enfin, pour l'instant. Tu peux la prendre si tu veux. Elle est à toi...
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    J'étais rentré chez moi depuis trois semaines. je songeais toujours à
    Jérusalem et à mon roman, mais sans grande énergie à nouveau. En fait, plus ma convalescence se poursuivait, plus je replongeais dans la vie qui avait précédé mon accident cardiaque. Le temps une fois de plus s'enfuyait en mille activités et avec lui le courage d'affronter une t‚che que je savais d'avance devoir être rude. C'est alors que je reçus un coup de fil d'un journaliste américain. Il parlait à peine le français, et nous pass‚mes à
    l'anglais dès les premiers mots :
    - Monsieur Halter? Tom Hopkins, du ivew lôrk 7m'ies. je voudrais vous rencontrer...
    - Oui? ¿ quel sujet?
    - Euh... Eh bien, disons un reportage... Un entretien...
    - Une interview...
    - Oui... Enfin, pas exactement...
    Son hésitation me parut curieuse et peu engageante. Mais quel écrivain ne serait pas flatté qu'unjournal comme le iVew lôrk 7˚nes veuille l'interviewer? Entre la prudence et la vanité, ma raison balançait dans une oiseuse indécision. En fin de compte, ma fatigue postopératoire décida pour moi: je refusai poliment. Cependant, le lendemain, alors que je m'apprêtais à sortir pour ma promenade quotidienne d˚ment prescrite par mon médecin comme une thérapeutique d'excellence, lAméricain m'appela à nouveau, 79

    - Monsieur Halter, je vous en prie, iffaut absolument que nous nous rencontrions. C'est très important...
    Le ton avait changé. E n'essayait plus de m'en imposer; il me sembla même percevoir dans sa voix quelque chose qui ressemblait à un souffle de détresse.
    - En fait, reprit-il, c'est très important pour moi... Excusezmoi pour hier, c'est vrai qu'il ne s'agit pas de faire un papier sur vous... Enfin, pas encore. Maisje vous assure queje ne vous ferai pas perdre votre temps.
    Vous pouvez m'aider... je... Un jeune Juif russe de Brooklyn a été
    assassiné. je suis un peu responsable de sa mort, en tout cas... Enfin, c'est compliqué, précisément, et je ne peux vous en parler au téléphone comme ça ... Je dois aller à Jérusalem etj'ai besoin d'aide, il y a des choses queje ne parviens pas à comprendre et on m'a dit que...
    Son balbutiement cessa brusquement, suspendu comme audessus d'un vide, et comme si je pouvais combler ce vide. Lorsque l'oiseau est près de mourir, son chant devient triste; quand l'homme est confronté à la mort, il devient plus attentif. le crois bien que ma main s'est cnispée sur le téléphone en l'entendant prononcer "Jérusalem ". Décidément... Pourtant trop de choses en moi, craintes ou défenses, n'étaient pas prêtes à céder.
    - je ne doute pas de votre sérieux, monsieur Hopkins, ni même que vous soyez dans une situation difficile. Cependant, très franchement, je ne vois pas en quoi je pourrais vous aider... le ne sais pas ce qu'on vous a dit sur moi, mais je ne suis qu'un écrivain.
    Il y eut un silence à l'autre bout du fil, un de ces vides électriques insondables qui parfois vous font douter d'être en communication avec quiconque! Puis, soudain, il dit :
    - que devons-nous donc faire? que celui qui a &ux tuniques partage avec celui qui n'en a point...
    - De qui est-ce? demandai-je avec un vague embarras.
    - Saint Luc.
    - Ah! et, à votre avis, qu'aurais-je donc à partager?
    - Votre savoir, monsieur Halter...
    je m'esclaffai, soulagé de tant de naÔveté et même un peu condescendant.
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    - Mais, mon pauvre
    , je n ai pas plus de savoir que vous! - Précisément, non. Sur Jérusalem, sur l'histoire juive, vous en savez infiniment plus que moi. Et c'est de cela que j'ai besoin ... je sais qui vous êtes et ce que vous avez écrit.
    Tout ce que je vous demande, pour l'instant, c'est de me recevoir une heure et de