Les Mystères de Jérusalem

fin de matinée avec un petit quart d'heure de retard. L'encombrement des pistes de l'aéroport Ben-Gourion était déjà tel que le pilote de FA 320 dut tourner en rond au-dessus de la mer pendant plus de dix minutes avant de pouvoir se poser. ¿ l'instant o˘ l'hôtesse, dans un anglais à peine compréhensible mais adorable à entendre, annonçait la prolongation de leur retard for onyl fiou minouts, Tom sentit l'appareil basculer sur l'aile droite.
    Souriant, il scruta le sol depuis le hublot. Au-delà du bleu laiteux de la mer s'étendait IsraÎl. Des milliers de maisons basses, pareilles à des morceaux de sucre lancés au hasard, parsemaient les plaines vertes et lisses du littoral. Au-delà, entre le gris et le blanc pur, s'élevaient les collines souples et entremêlées de la Cisjordanie.
    L'hiver s'achevait et basculait lentement dans un printemps tiède. Depuis quelques jours, une brume tenace pesait sur les plages, voilant à demi l'enfilade luxueuse des immeubles ultramodernes du front de mer de TelAviv. Sous le voile de vapeur maritime, ils apparaissaient comme autant de cartes maîtresses dressées en protection de la ville fourmillante. Dans le lointain, Tom chercha à distinguer la blancheur éternelle dejérusalem.
    Mais, soit qu'il se repér‚t mal, soit qu'elle ne f˚t pas visible, il n'entrevit que le ruban de l'autoroute qui se perdait entre les monts de Judée et qu'il emprunterait bientôt.
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    JA o˘ est votre trésoi; là aussi sera votre caÔW*-îônÔÎa-t-il, récitant presque machinalement saint Luc avant de se moquer de luimême. S'il se sentait très excité par ce qui l'attendait àjérusalem, cela n'avait rien à
    voir avec les émois de son coeur. Le souvenir de ses derniers moments avec Suzan demeurait encore bien trop cuisant pour que l'envie même d'être amoureux l'effleure. Mais, au moins, depuis trois semaines, il avait eu largement de quoi oublier son humiliation.
    La voix du pilote résonna enfin dans la cabine. Atterrissage imminent. Tom jeta un coup d'oeil aux visages qui l'entouraient. Une fois de plus il se demanda si, parmi ces passagers, l'un d'eux appartenait à l'Organizatsiya.
    Impossible à savoir, bien s˚r. Mais il en doutait. Il était plus probable que les Russes soient déjà à pied d'oeuvre à Jérusalem.
    Après sa première visite, Tom n'était jamais retourné chez l'écrivain.
    Marek avait lui-même organisé les recherches à la bibliothèque par l'intermédiaire de sa jeune assistante, Pauline. Durant les dixjours suivants, ils ne s'étaient retrouvés que deux fois, pour examiner cartes et documents. Tom avait fixé les deux rendez-vous dans un bar anglais près de la place des Ternes o˘ les tables étaient peu nombreuses et o˘ il était facile de repérer, à l'intérieur comme à l'extérieur, une filature. Si c'était le cas, ils étaient aussi convenus d'un signe pour ne pas s'aborder.
    - Vous savez, avait fini par dire Marek, entre l'agacement et l'ironie, j'ai l'impression de retomber en enfance avec vos simagrées de sécurité. Et ces jeux de piste me rappellent également des choses moins agréables.
    J'espère que vous ne m'obligez pas à Faire le clown pour rien!
    Tom avait répondu :
    - Ils ont tué Aaron sans hésiter. Pour ce que je sais d'eux, ‚s sont capables de trouver des tueurs aussi bien à Paris qu'à Brooklyn. Et plus facilement encore à Jérusalem, je suppose.
    - Charmant!
    - Pour l'instant, s'était repris Tom, préférant ne pas trop rayer son nouveau partenaire, vous ne risquez pas de vous ,aire tirer dessus! je crains plutôt une agression, un vol ou un x accident " banal qui leur permette de récupérer les cartes et
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    "WII "'
    nos notes... Vous voyez, ce 'genre de , chose... Soyez prudent jusqu'à
    notre départ. Il vaut mieux prévenir que guérir, n'est-ce pas?
    Marek avait ri en secouant la tête, incrédule.
    - C'est exactement ce que me répète mon médecin. Mais, dans la mesure du possible, restons-en au partage des rôles prévus : à vous Rambo, à moi la tête sage et historique!
    Ce qui était d'ailleurs le cas. En suivant les indications laissées par Aaron, Marek avait pu obtenir en un temps record des photocopies de cartes
    &Jérusalem et des alentours, vieilles de sept, huit à dix siècles. Il en avait expliqué la lecture à Tom, ahuri qu'un mot, un nom de village ou de la tombe d'un personnage mort depuis des siècles et des siècles puissent receler tant de subtiles variations et, hélas,