Les Mystères de Jérusalem
balcon-terrasse. ]Les murettes qui séparaient les chambres, comme l'avait précisé Marek, étaient effectivement assez basses pour qu'on p˚t les enjamber.
Marek lui avait raconté, Tom s'en souvenait, que le King David, construit dans le plus vieux quartier de la ville " hors les murs ", avait été
détruit partiellement en 1946, pendant la guerre d'indépendance, lors d'un attentat antibritannique perpétré par le groupe Stern. Cependant, Tom n'imaginait pas qu'il posséd‚t une si belle et si vaste vue. Il jeta un coup d'oeil rapide aux murailles de la Vieille Ville et aux pentes vertes qui montaient jusqu'aux abords de l'hôtel, jusqu'à la grande piscine précisément. H faudrait qu'il demande à Marek pourquoi cette sorte de vallée entre la Vieille Ville et l'hôtel restait vide de constructions alors que l'on en voyait partout ailleurs. Un cri attira son regard vers la piscine. Beaucoup de monde se pressait autour du bassin. Des jeunes femmes en maillot papotaient et s'enduisaient de crème solaire; des hommes, torse nu, fumaient le cigare en lisant des journaux les pieds dans l'eau et des enfants criaient de ravissement. Jérusalem l'insouciante...
Sa valise rapidement vidée, Tom feuilleta son carnet d'adresses et décrocha le téléphone. Ia standardiste du bureau du New lôrk Times répondit en anglais à sa question.
- Non, monsieur. M. Zylberstein n'est pas àjérusalem en ce moment.
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Tom donna son nom et demanda slà'pôuv-allt-"joindre la personne collectant les courriers électroniques.
- Ne quittez pas...
Une demi-minute s'écoula, puis une nouvelle voix de femme, enjouée et au timbre un peu voilé, lui déclara tout de go :
- Bonjour, monsieur Hopkins! quel honneur pour nous d'avoir la visite d'un confrère de New York! Vous voulez récupérer le courrier que vous vous êtes envoyé vous-même, je suppose?
- Oui, mais je...
- Ne craignez rien, j'ai tout de suite compris le jeu de code que vous avez employé! Ne faites pas la tête, c'est mon truc, l'ordinateur. C'est pour ça qu'on me paie, ici. Enfin, presque...
- je ne fais pas la tête, je...
- Tant mieux! Vous pouvez venir quand vous voulez...
- Bon, je... Maintenant?
- Paiiàit, je vous attends. Au fait, je m'appelle Orit... Orit Carmel!
Et elle raccrocha. Agacé, Tom reposa le combiné. qu'est-ce que c'était que cette femme qui ne lui laissait même pas placer un mot? Une voix pas désagréable, mais, apparemment, avec une ‚me de cheftaine derrière!
Une den-à-heure plus tard, une jeune femme dans les vingtcinq, vingt-huit ans, vêtue d'une tunique kaki et d'un pantalon de l'armée, lui tendait la main. Ses cheveux, très noirs et brillants, noués dans un chignon approximatif que retenait une grosse barrette de plastique vert et rouge, encadraient un front haut o˘ s'esquissaient déjà, très fmement, trois ombres de rides. Elle n'était pas très grande et devait lever son visage pour regarder Tom dans les yeux, son regard, très clair, un peu humide, brillant de curiosité. ¿ moins que ce ne f˚t d'ironie. Tom remarqua encore sa bouche, un peu grande, au dessin paifàit, la taille fine et tenue serrée par la ceinture qui tendait sa tunique sur des seins généreux que l'on devinait chauds et vivants comme la main qu'il serrait.
En un tout autre moment, il l'aurait contemplée avec un plaisir plus gourmand. Il se serait peut-être même aperçu qu'elle était tout simplement belle. Mais à l'accueil abrupt du
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téléphone et au regard inquisiteur qui le jaugea des pieds à la tête succéda une attaque narquoise à laquelle Tom ne s'attendait nullement.
- Ah, fit-elle en baissant à demi les paupières conune une chatte devant sa proie, vous savez, je vous imaginais tout à fait comme vous êtes!
Physiquement, je veux dire. Le look grand pro new-yorkais... Vous savez, j'ai suivi votre histoire avec les Russes de Brooklyn, la mafia et tout ça.
je veux dire, la mort de ce pauvre garçon, votre informateur! Super-boulot, mais le genre d'histoire qui doit vous laisser un drôle de go˚t dans la bouche, non?
Tom en avait le souffle coupé. De quel droit cette fille osaitelle l'agresser ainsi? S'il n'avait pas eu besoin d'elle pour récupérer les notes d'Aaron et de Marek, il l'aurait volontiers plantée là. Il pria le ciel de n'avoir pas besoin d'elle dans les jours à venir. Bon sang! les femmes n'étaient pas de son côté, depuis quelque temps. Avec la grimace la plus fielleuse dont il était
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